La lettre mèm fait partie, on le sait, des lettres hébraïques dont la forme est différente selon qu’elle est initiale ou médiane (מ : « mèm ouvert ») ou finale (ם : « mèm fermé »).
Le dernier verset de la haftara, du moins de la partie qui est lue selon le rite achkenaze, contient une anomalie scripturale : Le mot למרבה est écrit, selon la Massora, לםרבה, avec un mèm final au milieu du mot.
Ce verset peut se traduire par : « À l’accroissement (למרבה) de l’empire, et à la paix, il n’y aura pas de fin, sur le trône de David et dans son royaume, pour l’établir et le soutenir en droit et en justice, dès maintenant et à toujours, le zèle de Hachem des armées fera cela. »
Ce verset constitue une allusion à l’ère messianique, soit qu’il s’agisse du Messie que nous attendons, soit qu’il s’agisse du roi Ezéchias, à la naissance duquel il est fait allusion (Voir Rachi ad Isaïe 9, 6) et que la tradition tient pour un Messie « manqué ».
Radaq fait remarquer que le livre de Néhémie présente une anomalie inverse : Le mot הם y est écrit המ (Néhémie 2, 13). La double anomalie contenue dans le livre d’Isaïe et celui de Néhémie, explique-t-il, signifie que les murailles de Jérusalem, qui étaient « ouvertes » pendant l’exil, seront « fermées » quand viendra le Messie, et c’est alors que triompheront l’empire et la paix évoqués par le prophète Isaïe, qui seront restés « fermés » jusqu’à sa venue.