Là je me demande qui est ce David que je connais, j'hésite entre quelques connaissances…
Mais venons en au fait.
Pour ce qui est des a'haronim, cela ne m'étonne pas qu'il y en ait qui pensent comme le Mekor 'Haim (élève de r. haim vital) et les kabbalistes que j'avais cité dans mon message.
Et je n'en doute même pas pour le Ben Ish 'Hai, le shaar akavanot (puisque R.'Haim Vital le maître du Mekor 'Haim, était l'élève par excellence du Arizal), et le rashash –car je suppose qu'il s'agît du rashash Shaarabi et non Shtrashun.
Par contre pour ce qui concerne le Shoul'han Arou'h Arav rabbi Zalman, cela m'étonnait un peu, et en vérifiant j'ai vu ( IV, 7) que c'est -à priori- faux!
Il dit que le nigouv n'est pas obligatoire et qu'on a donc
LE DROIT de faire la bra'ha sans s'essuyer, mais il ne dit pas qu'il faille
impérativement faire la bra'ha avant le nigouv pour gagner le "over leassiyatan".
D'ailleurs si le nigouv n'est pas obligatoire, on ne gagne même pas le "over leassiyatan" car ça n'est "gagné" que si le nigouv FAIT PARTIE de la mitsva, ce qui n'est pas le cas selon Rabbi Zalman.
Ce qui est un 'hidoush intéressant c'est ce grand nombre de rishonim qui penseraient comme le Arizal, et ce,
"sans rapport avec les raisons de mauvais esprit" , ce qui me pousse à vérifier puisque même si je suis l'ami de David , nous avons un ami commun que nous préférons.
Et en vérifiant, je dois avouer que je me suis demandé si c'est bien le Rav Yossef l'auteur de ces références, car on n'y trouve pas du tout ce din (=de faire la bra'ha avant le nigouv)!
Mais c'est peut-être David qui a seulement cité les références inscrites au bas de la page sans s'assurer de ce qui y était dit.
Et si les références sont vraiment indiquées dans le livre aux endroits qui signifient que ceux sont des références sur ce point (=la bra'ha AVANT le nigouv) (ce qui est faux, comme on va le voir), il n'y aurait donc pas d'erreur de la part de David, mais seulement de la part du Rav Yossef qui aurait indiqué des références à un endroit trompeur qui laisserait entendre que ces rishonim préconisent eux aussi la bra'ha avant le nigouv.
Alors il faudrait ajouter cet exemple aux autres exemples que j'ai cité dans un autre message sur ce site dans lequel je déconseille la lecture "rapide" des sfarim des rabanim Yossef, car sans vérifier les références on peut souvent s'égarer, voici le lien pour y arriver:
http://www.techouvot.com/liste_douvrages_pour_debuter_dans_letude_de_la_thora-vt13145.html?highlight
=
Voici donc les références -citées par David- qui sont supposées indiquer des rishonim qui disent de faire la bra'ha AVANT le nigouv pour la netila du matin:
-
Rabeinou Haï Gaon dans Shaarei Tshouva (§196): il parle explicitement de netila pour MANGER, pas pour le matin !!! (comme il ressort de plusieurs passages de cette tshouva, dont:"bikesh lir'hots yadav VELEE'HOL…")
(et dans la netila pour manger, nous avions bien convenu qu'il convient de faire la bra'ha avant le nigouv, toute la discussion est sur la netila du matin)
-Dans les
tshouvot Lik (§91) il tranche de faire la bra'ha avant la NETILA !!!
Donc encore une fois: aucun rapport.
-
Rabeinou 'Hananel cité par le Or Zaroua (I,79) (hormis le fait qu'il parle vraisemblablement aussi de la netila pour manger et pas de celle du matin, et donc une fois de plus c'est un H/S) écrit clairement de faire la bra'ha AVANT la netila!!!
(dans les mots: ilka'h mevare'h kodem al netilat yadayim vea'har ka'h hou notel ve'hen piresh rabeinou 'hananel…)
(et le
Or Zaroua lui-même opte pour dire la bra'ha APRES le nigouv).
Donc encore un hors sujet.
-
Rambam (brahot 6,2) dit aussi de faire la braha AVANT la netila (comme l'explique le Rabeinou Manoa'h ad loc et le maté yehouda (§158,20). voir encore Rambam plus loin 11,3) et pas avant le nigouv!!!
(Aussi, il ne parle pas de la "netila du matin"!)
-le
Péèr Ador 104 , est simplement contre le fait de faire la braha à la synagogue longtemps après la netila. Mais ne parle pas du tout de faire la braha avant le nigouv!!!
-le shout
Rabeinou Avraham ben Arambam, je ne l'ai pas, je n'ai pas pu vérifier, mais bon, vu le reste…
-et pour le
Rabeinou Perets, il n'y a pas de référence, mais j'imagine qu'il s'agît de la remarque de Rabeinou Perets sur le psak du Tashbats (§217) qui cite le Maaram de Rottenbourg qui parlait de faire la bra'ha à la synagogue.
N'ayant pas le livre sous les yeux, j'imagine qu'il s'agît là-bas aussi seulement de contrer cette idée, mais que personne ne parle de faire la bra'ha "davka" AVANT le nigouv.
Donc il semble que c'est un H/S supplémentaire.
Donc en fait les
"grosses omissions" sont un peu maigres.
Le seul élément digne d'intérêt que j'en ressort, c'est que le Yalkout Yossef tranche comme ces a'haronim dans la lignée du Arizal et préconise de faire la bra'ha avant le nigouv.
Et c'est certainement l'origine de ce que Frank a entendu dans un cours, ce cours devait être basé sur le Yalkout Yossef.
Bien sûr, pour celui qui se sent kabbaliste dans l'âme et veut absolument faire la bra'ha avant le nigouv, il n'y a pas d'inconvénient
[si il n'y a pas certains problèmes, comme dire la bra'ha dans sa salle de bains, ou dire la bra'ha alors qu'il a besoin d'aller aux WC –cf mishna broura IV, sk.4 et VI, sk.9 (et même si on peut se retenir le temps de marche d'une Parsa, on ne fera pas de bénédiction avant de se rendre aux WC)- ce qui me semble pourtant assez classique, non?
Dès lors , si on veut suivre le Yalkout Yossef on est confronté à un problème pratiquement tous les jours: comment faire la bra'ha tout de suite –avant le nigouv- si on a besoin de se rendre aux WC ?
Tandis qu'attendre jusqu'après le passage aux WC pour procéder à la (première) netila, semble exclu, voir Mishna Broura I, sk.2 au nom du Zohar de ne pas marcher 4 amot sans faire netilat yadayim ! –(même si il est évident que si l'on est pressé de se rendre aux WC, il ne conviendra pas de se retenir pour faire netilat yadayim)…],
mais je disais juste, et je le répète, que la coutume la plus répandue, et c'est aussi l'opinion des poskim en général, c'est de faire la bra'ha APRES le nigouv.
(selon certains: à la synagogue, mais l'avis majoritaire est de faire la bra'ha juste après la netila et le nigouv , et pas d'attendre d'arriver à la synagogue).
Et il faut savoir que même celui qui se sent kabbaliste ne devra pas forcément faire la bra'ha avant le nigouv, d'abord parce que selon beaucoup de poskim, lorsque les notions kabbalistiques s'opposent à la ala'ha, on doit suivre la ala'ha, et ensuite parce que même l'opinion de la kabbale n'est pas très claire sur ce sujet!
Nous trouvons certains poskim qui pensent que selon la kabbale il ne faut PAS faire la bra'ha
AVANT le nigouv mais
APRES!!!
Par exemple le 'Hida dans son Ma'hzik Bra'ha (o"h IV,1) cite plusieurs rabanim qui pensent que le roua'h raa (le "mauvais esprit") quitte les mains uniquement après le nigouv, et le 'Hida conclu donc qu'il ne faut pas dire la bra'ha avant de s'être essuyé! (et ce, "al pi kabala" !).
Donc l'inverse du Yalkout Yossef.
Nous retrouvons ce même din dans le Zi'hron Moshé IV,2 "lo yevare'h besha'hrit éla im ken niguev yadayim…"
(Et ailleurs encore, mais je n'ai pas le temps de vérifier les références)
Citation:
"N.B.1. j’ai coutume de procéder comme j’ai eu le privilège d’apprendre il y a 15 ans de Maran Ovadia YOSSEF (chalita) et je suis convaincu (en revue des différents avis) qu’il s’agit d’une très vieille discussion ashkénazim séfaradim (bien que de nombreux séfaradim actuellement ne fassent pas ainsi et beaucoup moins vice versa) comme le soulignent R. PERETS et Maran haChoukhan Aroukh siman 6 séïf 2."
Là aussi il y a erreur !
Maran Ashoul'han Arou'h ne parle pas d'une divergence quant à savoir s'il faut faire la bra'ha
avant ou après le nigouv, il parle des sfaradim qui n'ont pas la coutume de faire la bra'ha
A LA SYNAGOGUE et donc bien après la netila.
Car le shoul'han Arou'h cite certains qui préconisent de faire la bra'ha à la synagogue, ce qui correspond à l'avis de plusieurs rishonim (qui –au passage- eux aussi n'imposaient pas la bra'ha avant le nigouv), et dit que les sfaradim n'ont pas cette coutume.
Car les sfaradim font la bra'ha juste après le nigouv. Comme ce qu'il ressort de Maran Rabbi Yossef Karo dans son Beit Yossef (o"h §VI op cit).
Donc un hors sujet supplémentaire.
Encore une fois, les références de rishonim parlaient elles aussi de ce point de ma'hloket (=s'il faut faire la bra'ha juste après le nigouv ou bien après à la synagogue).
Mais personne parmi ces rishonim ne parlait d'avant le nigouv !
En conclusion, si le Yalkout Yossef impose la bra'ha AVANT le nigouv, il faut savoir que c'est contre l'avis de très nombreux a'haronim.
Pas qu'il n'en ai pas le droit, mais il convient de savoir que ce n'est pas comme [la pashtout des poskim:] Maran Ashoul'han Arou'h et tous les "classiques".
Mais son psak est comme l'opinion de ceux
qui suivent le Arizal même contre "Maran".
Le mishna Broura (IV,2), lui, ne s'imaginait même pas qu'il puisse y avoir une préférence dans le fait de faire la bra'ha avant le nigouv, et au contraire, pour lui , celui qui veut se montrer pointilleux veillera à faire la bra'ha APRES le nigouv ! (raisonnement basé sur l'idée du roua'h raa qui ne quitte l'homme qu'après le nigouv, comme le 'Hida).
Il conseillera aussi (mishna broura IV, sk.4) de ne pas faire la bra'ha tout de suite après le nigouv car généralement il faudra d'abord se rendre aux WC, on fera donc la bra'ha (al netilat yadayim) seulement après s'être lavé les mains une seconde fois; après le passage aux WC.
Je suis "à cours de temps" en raison des préparatifs pascaux, et je n'ai malheureusement pas le temps d'approfondir plus le sujet et je dois me contenter d'écrire rapidement étant donné qu'il ne me reste pas grand-chose à dormir pour cette nuit (il est + de 3h00 du matin et j'ai encore beaucoup à faire ce soir !), mais pour l'instant –à vue de nez- les arguments de David n'en sont pas du tout.
Comme je considère impossible que David cite ces références "erronées" de lui-même, car il n'aurait pas écrit avec tant d'assurance s'il savait ce à quoi ces références renvoyaient, il semble que David se soit contenté de faire un copié-collé de références citées par le Rav Yossef.
Je suppose que David n'est pas du genre à se tromper bêtement de ligne ou de chiffre de renvoi dans les notes de bas de page, l'erreur serait donc de l'auteur du Yalkout Yossef qui aurait indiqué des sources au mauvais endroit.
Je réitère donc ma mise en garde, de ne pas faire confiance aveuglément au Yalkout Yossef, mais de l'étudier en "iyoun" en allant voir les mekorot de chaque din, ce qui évitera des erreurs de ala'ha.
Bien sûr ici, ce n'est pas une "erreur de ala'ha", car ce psak existe, mais ici aussi, le fait de vérifier les sources permettra au lecteur de se rendre compte de certaines choses, comme le fait que ce psak ne se retrouve pas dans tous ces rishonim (ni dans le Shoul'han Arou'h Arav Baal Atania) et est loin d'être si évident qu'il est présenté.