Avant tout je porte une correction à mon message initial ; j’écrivais entre autres ala’hot que celui qui se lève tard devra prier tout de même tant que l’heure de ‘hatsot n’est pas arrivée.
C’est très clair et parfait pour la coutume ashkenaze, mais il faut préciser que la coutume sfarade consiste à prier SANS prononcer les shemot dans les bénédictions du yotser (si la 4ème heure est passée, donc durant les deux dernières heures zmaniot de la matinée, la 5ème et la 6ème heure).
Par contre les ashkenazim prieront –bedieved- normalement jusqu’à ‘hatsot.
A la réflexion, c’est certainement la teneur du message indéchiffrable de David A. qui cite souvent les mots du Yalkout yossef.
A n’en pas douter, il venait préciser ce point manquant dans mon premier message.
En fait c’est une ma’hloket si on peut encore dire les bra’hot du kriat shema à une heure si tardive.
le Shoulhan Arouh (o’’h §58) écrit de ne PAS les faire.
Le Arou’h Ashoul’han (§58, 18) et le Or Letsion (II, 6-4) aussi.
Mais plusieurs autres disent des les faire :
-le Arizal
-le ‘Hatam Sofer dans ses agaot sur le S.A. sur place (o"h §58)
-le ‘Hida (‘Haim Shaal II, §31)
- le Tsema’h Tsedek (brahot I, 2)
- Mishkenot Yaacov (siman 77)
- Ktsot Ashoul’han (19, 34)
- Itorerout Tshouva (fin de helek III)
- ‘Hakal Its’hak siman 9
- rav Sonnenfeld (siman 23)
- Erets tsvi (I, §36)
- Alihot shlomo (Auerbach) (VII, 15)
Le Kaf a’haim propose de faire les bra'hot sans shem oumal'hout.
Le Ben ish 'hai semble se contredire; dans Od yossef ‘hai (vaéra §17) il écrit de ne PAS les faire alors que dans Rav Pealim (II,§12) il dit de FAIRE les brahot.
La coutume ashkenaze est de les faire, et chez les sfaradim, c’est vraisemblablement une ma’hloket et je crois savoir que R. Ovadia Yossef opte pour le Kaf A’haim sur ce coup.
Maintenant, passons au cas d’une femme.
Ce que vous écrivez qu’elle aurait le s’har tfila bizmana après le zman relève de la science fiction ; après le zman, ce n’est plus le zman !
Et s’il fallait inventer que les Sages n’auraient fixé d’horaires que vis-à-vis des hommes mais pas pour les femmes qui prieraient, alors nous pourrions permettre à une femme de faire sha’hrit en pleine nuit.
Même si elle ne veut faire qu’une prière par jour, prononcer les bra’hot du kriat shema de sha’hrit en pleine nuit ou l’après-midi est impossible.
Mais la question serait plutôt si une femme sfarade doit faire sha’hrit si le sof zman tfila est arrivé (mais avant ‘hatsot), ou s’il vaut lieux qu’elle fasse min’ha.
Le simple fait de dire les birkot kriat shema (et birkot psoukei dezimra) pour une femme sfarade MEME AVANT le sof zman étant déjà très discuté parmi les rabbins sfarades, je n’oserai guère me prononcer, il semble qu’il faille demander à votre rabbin de communauté quel avis convient-il de suivre.
Je sais que dans les écoles juives où les enfants font la tfila, les filles aussi disent ces bra’hot, c’est contre l’opinion de Rav Ovadia Yossef –Yabia Omer (II, §6)- mais comme celle de plusieurs rabanim qui se sont opposé au psak du Rav Yossef dont :
- Le Tsits Eliezer (IX, §2) (qui parle pour les sfaradiot)
- Le Rav BenTsion Aba Shaoul (cité dans Ali’hot bat israel §2 note 26)
-Le Ma’hazei Eliahou (§16, 2)
Ces derniers se rangeant à l’opinion permissive d’autres gueonim sfarades comme :
- Le Kaf a’haim (§70, 1)
-Le Rav Ezra Attia (cité dans Ali’hot bat israel §2 note 26) -qui était le rav du rav Ovadia Yossef.
-et d’autres.
Il est possible que ce soit la raison pour laquelle les écoles françaises enseignent la tfila « classique » même aux filles, mais il est aussi probable que ce soit un héritage ashkenaz.
En effet, les écoles récentes étant soit dirigées/fondées par des ashkenazim soit inspirées d’autres écoles anciennes qui étaient dirigées par des ashkenazim, l’habitude s’est installée et les filles prient avec le shem même les birkot kriat shema et celles des psoukei dezimra (barou’h sheamar & yishtaba’h).
Il n’est qu’assez récent que l’on entende réciter le birkat amazon sfarade dans les écoles françaises, il fut un temps où seule la version ashkenaze était entendue dans le monde scolaire et dans les colonies de vacances.
Peut-être que pour sha’hrit sans les shemot dans les bra’hot (sauf pour la amida) il faut attendre encore quelques années ?
Mais je souligne la différence: ici la majorité des décisionnaires (-même sfarades) s’opposent au Rav Ovadia Yossef .
L’habitude des écoles correspond donc tout à fait à la ala’ha selon le Rav BenTsion Aba Shaoul, le Kaf A’haim ou le Rav Ezra Attia.
Il y a d’autres détails dans ce que vous écrivez qui mériteraient éclaircissement (comme le « peu importe laquelle ») mais je suis déjà tellement en retard dans tellement de domaines que je ne me sens pas me lancer dans une rectification systématique de toutes les idées reçues concernant la prière pour les femmes.
Aussi je viens de voir que je dois répondre à une personne qui s'attaque à notre religion, ne voulant pas laisser traîner ce genre de sujet, je m'empresse donc afin de trouver le temps de lui répondre ce soir.
(en même temps je découvre la question de Ronydenyro qui n'apparaissait pas encore lors du dernier rafraîchissement de page sur le site , elle est certainement répondue par ce que j'ai déjà écrit ici.)
Je vous conseille néanmoins de vous documenter ou de questionner votre rabbin pour plus de précisions sur ce que les femmes peuvent ou doivent dire en matière de tfila en lui précisant si vous souhaitez suivre la coutume ashkenaze ou sefarade.