Il y a des tas d'interdits rabbiniques.
Essentiellement, les rabbins ont interdit de nager de peur qu'on en vienne à bricoler une bouée ou un radeau etc. (cf.
Shoul’han Aroukh O’’H §339, 2)
(un peu comme l'interdit de jouer de la musique de peur d'en venir à réparer un instrument.)
Une piscine qui n'est pas dans un domaine privé pose aussi le problème des éclaboussures d'eau en dehors (sur 4 amot)...
(et si c'est de la terre autour, il y a aussi le problème d'arrosage...)
Cependant, si l'on se baigne dans une piscine digne de ce nom, sans nager, s'il y a des "rebords" qui lui confèrent le titre de Keli, ce n'est qu'une grande baignoire et la crainte de la bouée ne s'applique pas tant qu'on ne nage pas
(elle ne s'applique que dans un étang, un fleuve, l'océan, etc... où même sans nager il y a lieu de craindre d'en venir à nager, mais pas pour celui qui se baigne dans une marmite/baignoire/Keli/...)
(certains autorisent même la nage s'il y a des rebords qui dépassent etc.)
Mais là, ce sont d'autres interdits et craintes rabbiniques qui interviennent, comme le problème de S'hita (essorage involontaire) du maillot de bain
[et encore, un habit 100% synthétique ne connait pas ce problème, on parle là du fil des coutures (!) ] et la crainte d'essorage des cheveux qui sont à l’origine de « l’interdit » de se laver (même à l’eau froide) à shabbat.
On ne l’autorise qu’en cas de très forte chaleur (et donc de souffrance) ou pour une « mitsva » comme Tvilat Ezra, si on ne nage pas et on fait attention de ne rien essorer même par inadvertance.
Voir
Min’hat Its’hak (V, §32),
Beer moshé (III, §56),
Ktsot Hashoul’han (§146, note 34),
Tshouvot Vehanhagot (I, §222),
Yaskil Avdi (VI, §1),
Igrot Moshé (Y’’D II, §13),
Shraga Haméir (VI, §151).
Les sfaradim sont légèrement plus cool là-dessus et
(certains) tolèrent d'entrer dans une piscine classique privée dans un domaine privé et avec rebords sans nager, juste marcher, avec un maillot synthétique, sans s'essuyer les cheveux, sans essorer le maillot/la serviette/etc. et seulement s'il n'y a pas de terre autour (auquel cas l'eau qui goutte tomberait sur la terre).
Pour les Ashkenazim, on pourra l’autoriser s’il fait vraiment très chaud et qu’on souffre de la chaleur (voir
Tshouvot Vehanhagot I, §222 qui parle des piscines privées de Johannesbourg, ville où la température monte parfois jusqu’à 42°C. ça m’a l’air beaucoup pour Johannesbourg, mais cet auteur –
Rav Sternbuch- y résidait et y était rabbin, il sait mieux que moi ce qui s’y passe).
Pour ce qui est du bronzage, certains l’interdisent
(de s’exposer pour bronzer, ou pour absorber de la vitamine D, mais si ce n’est QUE pour le plaisir de se réchauffer au soleil, pas de problème),
voir :
Min’hat Its’hak (V, §32),
Az Nidberou (II, §30),
‘Helkat Yaakov (o’’h §152).
D’autres
(Even Israel IX, §13) sont moins rigoureux s’il s’agît de prendre un bain de soleil dans un but médical.
Le
Yalkout Yossef (ancienne édition Shabbat II, page 7, §301, 9) autorise
(de nager dans une piscine privée qui a des rebords), mais c’est une erreur.
Le pire, c’est que l’auteur lui-même l’écrit dans ses notes.
Le texte en grands caractères et en haut de page indique que c’est
moutar, mais une note de bas de page en petits caractères qui vient justifier ce Heiter explique qu’il peut y avoir 9 problèmes halakhiques et le rav Yossef explique un à un pourquoi il n’est pas applicable dans notre cas et donc moutar.
Sauf que pour quelques uns d’entre eux, le Rav reconnait qu’il y a tout de même lieu d’en tenir compte, de telle sorte, qu’au bout de SEPT pages pleines de cette très longue note, sa conclusion est que c’est
INTERDIT !!! et qu’il a demandé à son père (
ROY) son avis, qui a été aussi d’interdire.
C’est perturbant de savoir que l’auteur a écrit MOUTAR alors qu’il pense ASSOUR...
Comment pouvait-il être certain que la totalité de ses lecteurs allaient avoir le courage de lire les SEPT pages de note pour arriver à la conclusion que ce « MOUTAR » veut dire « ASSOUR » ?
J’ai déjà écrit au sujet du
Yalkout Yossef que l’on ne peut pas le suivre les yeux fermés si on est débutant et qu’il convient de l’étudier avec un Rav qui connait déjà la Halakha pour corriger lorsqu’il peut y avoir des erreurs de ce genre, ou au moins pour savoir qu’il faut prendre le temps de vérifier la raison de l’autorisation en lisant la totalité de la note et en vérifiant tout.
Je connais des juifs très pratiquants qui respectent shabbat et toutes les mitsvot, qui ont demandé à un Rav s’ils pouvaient aller à la piscine durant les shabbatot après-midi, dans la piscine privée de leur jardin (qui a des rebords) et le rav leur a répondu au nom de
Rav Ovadia Yossef que c’est moutar.
C’est certainement en se basant sur ce
Yalkout Yossef.
Je leur ai dit que c’était une erreur et que
ROY interdisait et que même son fils
Rav Its’hak Yossef (auteur du Yalkout Yossef) était d’avis d’interdire, bien qu’il ait écrit l’inverse, que c’est « moutar ». Et on m’a rigolé au nez : «
Mais oui, rav Its’hak Yossef pense qu’il faut interdire mais il écrit que c’est autorisé, c’est ça, ben voyons !» « il n'aurait pas laissé son texte dire Moutar s'il pensait que c'est Assour! ».
J’ai expliqué qu’il s’en rend compte à la fin de sa note, au bout de 7 pages, et qu’il change d’avis et interdit et qu’il cite aussi son père qui interdisait et j’ai dit qu’il fallait qu’ils disent à leur rav de tout lire jusqu’au bout et qu’il verrait par lui-même etc. -mais ça n’a pas eu d’effet.
Le pire, c’est qu’il y a –parait-il, une version traduite en français du
Yalkout Yossef qui ne comporte PAS les notes ! uniquement les Halakhot
(la partie du texte de Halakha en haut en grands caractères).
Dans ce cas, le lecteur est condamné à se tromper et croire que c’est Moutar alors que le
rav Its’hak Yossef lui-même dit qu’il faut interdire dans la note absente de cette édition.
Voilà encore un exemple qui illustre ce que j’ai écrit sur Techouvot, je crois que c’était sur ce fil :
http://www.techouvot.com/liste_douvrages_pour_debuter_dans_letude_de_la_thora-vt13145.html?highlight= (mais il y a six pages, je ne sais plus où c’est), où je disais que je ne conseillais pas au débutant le
Yalkout Yossef pour l’apprentissage des halakhot, si ce n’est accompagné par un guide averti.
Je crois qu’à la suite, il y avait été aussi mention du fait que l’auteur (
Rav Its’hak Yossef) met à jour constamment ce sefer et qu’il y a même une application pour téléphone qui alerte à chaque fois que l’auteur change une halakha dans son livre.
Voilà pourquoi je conseillais d’autres livres pour découvrir la halakha, des livres qui ne sont pas amenés à être corrigés et changés.
Ça sera beezrat Hashem aussi le cas du
Yalkout Yossef dans quelques années, après toutes les corrections et que de nombreux rabbanim soient passés dessus et en aient corrigé les erreurs, ça deviendra un livre fiable à 100% même pour le débutant.
Je ne reprends pas ce que j’ai déjà écrit sur cet autre fil, pour souligner que je respecte cet auteur et son père encore
(beaucoup) plus, qu’il ne s’agît pas d’une critique invalidant l’auteur, il s’agît d’une remarque personnelle, à prendre ou à laisser, je ne viens pas déclarer la guerre, je n’ai pas
(contrairement à ce dont j'ai été accusé) de préjugés racistes contre les poskim sfarades (bien au contraire), etc, etc… comme vous pourrez le lire sur ce fil et en d’autres endroits encore sur Techouvot.com.