La dernière partie de la haftara de la parachath ‘Eqèv contient deux versets qui semblent complètement étrangers à leur contexte :
« Ecoutez-moi, vous qui poursuivez la justice, qui cherchez Hachem ! Regardez vers le rocher d’où vous avez été taillés, et vers le creux du puits d’où vous avez été tirés. Regardez vers Abraham, votre père, et vers Sara, qui vous a enfantés ; car Je l’ai appelé seul, Je l’ai béni, et Je l’ai multiplié » (Isaïe 51, 1 et 2).
Le mot « rocher », explique Rambam/Maïmonide dans son Guide des Egarés (1, 16), peut désigner un grand nombre de choses : Ce peut être une montagne, une pierre d’une solidité à toute épreuve, ou une carrière de laquelle on extrait des pierres. C’est précisément à une carrière que fait allusion notre verset. Isaïe nous y invite à suivre les traces d’Abraham et de Sara et à acquérir leur caractère, de la même façon que la nature d’une carrière doit se retrouver dans ce qui en a été extrait.
Dans ses Hilkhoth ‘avodath kokhavim (1, 3), Maïmonide rappelle le combat spirituel qu’Abraham et Sara ont mené pour acquérir la conscience de l’existence de Hachem : « Alors qu’il n’était encore qu’un enfant et qu’il vivait dans un monde totalement idolâtre, Abraham a réfléchi jour et nuit jusqu’à acquérir l’intime conviction qu’il n’existait qu’un seul Dieu, et que c’est Lui, après l’avoir créé, qui gouvernait le monde… »
Maïmonide voit Abraham et Sara en tant que modèles de recherche critique et de jugement. Leur quête de la vérité a commencé avec l'analyse minutieuse des choses qu'ils ont vues. Indifférents à l’opinion de la majorité, c’est à leur discernement qu’ils laissent le soin de les conduire à la vérité de Hachem. Leur vision religieuse est au cœur de la tradition juive. Il importe peu que la vérité ne se soit trouvée que dans les mains de quelques-uns seulement, comme Abraham et Sara. La vision de ces quelques-uns est finalement devenue une bénédiction pour le monde entier. Il ne peut exister plus grande consolation que celle-là.