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Quel anniversaire ?

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eva777
Messages: 85
Bonjour,

Doit-on fêter son anniversaire hebraïque ET/OU son anniversaire civil ?
Ce deuxième a-t-il un sens ? Le premier doit-il être considéré ?

Merci de m'éclairer, je suis perdue sur la question.
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6640
Je réponds brièvement en comprenant que vous ne parlez QUE des anniversaires de naissances (birthday et pas anniversary) .

On ne DOIT rien fêter, on PEUT fêter chacun des deux
(comme les deux, mais ça risque de vous faire vieillir deux fois plus vite !)

Il existe une notion de fêter l'anniversaire de 60 ans selon la date hébraïque, en tant que « sortie de l'âge du Kareth » (voir Talmud Moed Katan 28a).

Le Ben ish 'hai (I, Reé, 9) semble considérer aussi l'anniversaire de 70 ans.
(voir aussi Kaf A'haim 223, 29)

Selon la même logique il serait envisageable de fêter aussi celui de 35 ans (voir Talmud Sanhedrin 69b et 106b), mais ce n’est mentionné nulle part à ma connaissance.

Pour les autres anniversaires, celui de 20 ans est important pour un homme; dans les yeshivot il y a[vait ?] une coutume d’étudier toute la nuit de l'anniversaire de 20 ans sans dormir, afin de bien montrer que si l’on déroge au din du Talmud (Kidoushin 29b) concernant les hommes de se marier avant 20 ans, c'est afin de pouvoir étudier un maximum avant le mariage.

L'anniversaire le plus fêté est certainement celui de 13 ans pour un garçon, la bar mitsva. Il se fait de plus en plus de fêter aussi les 12 ans pour une fille, la bat mitsva.
Comme les 3 ans du garçon qui devient de plus en plus à la mode.
Toutes ces dates seront calculées selon le calendrier hébraïque.

Pour les autres anniversaires, si on souhaite les fêter, il conviendra de le faire dans l'idée de remercier D… de cette longévité déjà accordée, d'en demander encore plus (d'où le fameux "jusqu’à 120 ans !"), et de prendre conscience que chaque jour qui passe nous rapproche de notre dernier jour sur terre, d'où l'intérêt certain de se prendre en main afin de diriger sa vie comme on pense qu'elle doit l'être.

Pour le choix du calendrier, je ne vois aucune raison de privilégier le calendrier hébraïque pour ces dates d'anniversaires qui ne sont pas « liés à la religion », si on préfère les fêter selon le calendrier civil, aucun problème.

Au contraire, s'il fallait donner la préférence à l'un des deux calendriers pour fêter ces anniversaires, je préfèrerais le calendrier civil qui a l’avantage d’être plus proche de la réalité.

En effet, le calendrier hébraïque - étant lunisolaire - doit s'ajuster à un moment. C'est l'idée des années embolismiques qui comportent 13 mois (un mois de Adar supplémentaire).

Il faut ajouter 7 mois sur un cycle de 19 ans (de nos jours c'est fixé aux années 3, 6, 8, 11, 14, 17, et 19).

Les non-juifs appellent ça le cycle de Méton. C'est un astronome grec d'il y a - à peu près - 25 siècles qui remarqua que 19 années solaires correspondent (approximativement) à 235 mois lunaires alors que 19 années lunaires comptent 228 mois.

Il faut donc intercaler 7 mois lunaires supplémentaires sur 19 ans pour que les deux calendriers (lunaire et solaire) concordent.

[Précision: Le mois solaire n'est qu'une convention. Il ne correspond à rien de précis au niveau des astres, c'est simplement une année solaire divisée en 12.
Le mois lunaire correspond lui à une révolution lunaire: un tour de terre par la lune.
Le mois lunaire dure en moyenne 29 jours 12 heures 44 minutes 3 secondes et 1/3 de seconde (Talmud Rosh Ashana 25a)
les 12 mois lunaires seront de 29 jours ou 30 jours chacun, et l'année comportera en moyenne 354 jours, il manquera donc 11 jours (ou un peu plus ou moins) par rapport à l’année solaire de 365 jours (et à peu près 6 heures).
Grâce aux 7 mois ajoutés on rattrape l'année solaire.

Il en résulte qu'en fêtant votre anniversaire selon la date hébraïque, vous n'êtes pas exactement au moment d'une révolution solaire (ni lunaire).

Les musulmans sont entièrement fixés sur le calendrier lunaire. Les tribus arabes d'antan suivaient un calendrier lunisolaire, mais Mahomet leur a interdit d'ajouter des mois (Coran, sourate IX (At Tauba) versets 36 et 37), il leur a imposé le calendrier lunaire.
Leurs années sont donc plus courtes.

Mais, encore une fois, comme il n'y a pas d'obligation religieuse de fêter les anniversaires, vous pouvez aussi choisir de vous fixer sur le calendrier hébraïque si ça vous plait.
Tout comme vous pouvez alterner d'une année à l'autre en fonction de vos disponibilités.

Je sais que le Rabbi de Loubavitsh attachait de l'importance à fêter les anniversaires (dans l'idée mentionnée plus haut, remercier D… etc…). Je ne sais pas s'il pensait qu'il fallait absolument se tenir au calendrier hébraïque (ou civil) pour cela.

Il me semble qu'en dehors de Loubavitsh on ne retrouve pas cette « shita » de fêter les anniversaires, même si certains rabbins fêtent des anniversaires autres que ceux que j'ai cité plus haut qui ont un sens quelque peu religieux.

Par exemple je sais que Rav Rottenberg a tenu à fêter ses 80 ans, il m'y avait invité (il y avait du gâteau mais pas de bougies !)

Rav Fishman-Maïmon aussi avait fêté ses 80 ans, et Rav Reouven Margulies a participé à cette «fête» (voyez ce qu'il écrit à l'occasion du décès de Rav Fishman-Maïmon dans le mensuel Ma'hanyim LXXII du mois d'Eloul 5722 -1962, page 41).

En effet, même s'il n'y a pas d’obligation ou de minhag particulier de fêter les anniversaires, il est fréquent que des rabanim (davka les rabanim plus que les autres) fêtent les grandes dates comme les chiffres ronds.

Rav Mena'hem Mendel Alter (fils du Sfat Emet) ne savait pas vraiment si cette habitude était de « source juive » ou empruntée, mais elle lui plaisait (voyez la lettre qu'il écrivit à Rav Sonnenfeld après les 80 ans de ce dernier, dans Kerem Shlomo –Bobov- n°205 page 47).

Si, de manière générale, c'est plutôt chez les 'hassidim que l'on retrouve l'idée de fêter les anniversaires, on y trouve aussi l'inverse. Le Rabbi de Klausenbourg-Sanz écrit (Mi'htevei Thora II, 82 p.55) que nos ancêtres n'ont jamais fêté leurs anniversaires, et la raison en est simple: Les Sages ont dit « Noa'h lo laadam shélo nivra » (voir Erouvin 13b).

Le même argument est présenté par le Rabbi de Munkasz, le Min'hat Elazar (rav 'Haim Elazar Shapira) dans son Divrei Thora (V, 88).

Je pensais détailler un peu plus mais le temps faisant défaut je dois m'interrompre. Quoi qu'il en soit, Joyeux anniversaire !
Cheela94
Messages: 62
Bonjour

Juste une question sur ce bel exposé.
Si le calendrier solaire est plus proche de la réalité, pourquoi alors les "esguir" (yortsaite) ne se font qu'en calendrier lunaire ?

Merci.


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Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6640
C'est bien pour ça que je commençais par écrire que je parle seulement des anniversaires de naissance.

De manière générale, toute célébration religieuse (comme le Yohrzeit) sera basée sur le calendrier hébraïque.
Pour les anniversaires « facultatifs », j'écrivais que l'autre calendrier semble plus logique.

Mais pour le Yohrzeit particulièrement, il n'y a absolument pas d'intérêt à suivre la date civile puisque le but n'est pas de fêter ou de commémorer cette date en calculant le nombre d'années écoulées depuis le décès. La cérémonie du yohrzeit n'a pas pour but de faire le compte des années, il s'agit de prières pour le défunt en cette journée anniversaire qui est propice aux prières plus qu'une autre.

Donc ce qui nous intéresse c'est la date, pas l'addition des années.

Or le fait que la date soit propice aux prières est une notion liée à la religion. Il convient donc d'utiliser le calendrier hébraïque pour la fixer.

Donc le calendrier civil ne présente plus l'intérêt particulier qu'il peut avoir pour le décompte de l'âge de quelqu'un.
Cheela94
Messages: 62
Merci pour votre réponse .
Je reste comme même étonné que le calendrier civil est plus proche de la réalité par rapport a celui qui est hébraïque ..
Le calendrier "Toraïque" n'est pas censé être le plus vrai, le plus juste ???


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Message envoyé via AlloRav sur iPhone.
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6640
ça dépend ce que vous considérez vrai et juste.
La Thora nous demande de tenir compte de la lune ET du soleil, en cela notre calendrier est très précis et très juste.
Si vous choisissez un autre critère, ce calendrier ne sera plus nécessairement le plus vrai et juste.
dede ta
Messages: 1
je comprends qu'il n'y a pas d'importance quant aux dates d'anniversaires, cependant j'ai assiste a une "halaké" à Genève dans laquelle Rav Schlesinger a refusé de couper les cheveux de l'enfant qui avait 3 ans moins 2 jours....
Comment comprendre cette exigence par rapport à vos propos ?
Y a-t-il d'autres avis ?
Y a-t-il une raison "kabbalistique" ?
Hormis ce cas, peut-on célebrer un anniversaire qqs jours avant... les 2 dates, par convenance ?

D'avance merci pour votre réponse.
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6640
je cite :
Citation:
je comprends qu'il n'y a pas d'importance quant aux dates d'anniversaires, cependant j'ai assiste a une "halaké" à Genève dans laquelle Rav Schlesinger a refusé de couper les cheveux de l'enfant qui avait 3 ans moins 2 jours....
Comment comprendre cette exigence par rapport à vos propos ?


En quoi est-ce contredit par mes propos ?

Si les anniversaires n’ont pas d’importance pour qu’on se fatigue à les fêter exactement à la bonne date, ça ne veut certainement pas dire qu’il en va de même pour la Bar Mitsva.
Dès lors, allez savoir s’il ne voit pas une importance particulière à la coupe de cheveux de 3 ans –comme à la Bar Mitsva ?

En fait, il y a des poskim (essentiellement ‘hassidiques) qui insistent sur l’importance de la date précise pour la coupe de cheveux.

Voir :

Shout Afarkasta Deania (I, §161)

Ayala Shlou’ha (§26) qui cite le Beit Naphtali

‘Hinoukh Israel (§VIII, 1, note 11)

Kobets Zekher Tsadik Livrakha (§1049)
qui cite le Rabbi de Satmar

Shout Maharam Brisk (II, §98 et 99)
qui apporte son soutien au Minhag ‘hassidique sur ce point.

Toutefois, certains se montrent plus flexibles en cas de besoin, le Afarkasta Deania (I, §161) par exemple.

Le Arougat Habossem aussi est indulgent avec ceux qui ont besoin de retarder un peu la coupe de cheveux, mais il ne faudra pas l’avancer.

Voir aussi Tshouvot Vehanhagot (II, §246) au nom du ‘Hazon Ish qui aurait été opposé à avancer la date d’une coupe de cheveux. (Cependant, voir ce que j’ecrirai plus bas à ce sujet)

Il y aura bien des cas où il sera nécessaire de décaler la date, par exemple si ça tombe un shabbat, le Shevet Halévi (VIII, §206) indique alors de les lui couper le vendredi, veille d’anniversaire.
Contrairement à de nombreux auteurs qui indiquent de RETARDER la coupe de cheveux (plutôt que de l’avancer), voir ‘Hinoukh Israel (§VIII, 1, 4) qui cite ces avis, mais qui indique aussi ceux qui conseillent alors d’avancer la « cérémonie » (à l’instar de rav Wozner), comme le Tiféret Naphtali (p.86) au nom du Rabbi de Satmar.

Si la date anniversaire ne tombe pas sur un jour halakhiquement non-négociable (comme le sont Shabbat et Yom Tov), mais sur un jour « non pratique » pour festoyer, les poskim ‘hassidiques imposeront tout de même de ne pas décaler.
On a demandé au Divrei Yatsiv (Shout - likoutim §91) que faire lorsqu’un anniversaire (de trois ans) tombe une veille de Soukot, il a répondu qu’il faudra lui couper les cheveux en veille de soukot.

Par contre, si l’anniversaire est un jour de Rosh ‘Hodesh, certains recommanderont de repousser la coupe (en raison de la crainte dont parle la Tsavaat R. Yehouda ‘Hassid), par exemple le Shout Maor Yehoshoua (§2).

Cet avis n’est pas partagé, le Shout Maharam Brisk (II, §99) indique de lui couper les cheveux le jour même et qu’il n’y a rien à craindre, car il sera protégé par le mérite de la « mitsva ».

C’est encore l’opinion du Afarkasta Deania (op cit) et du Shout Torat Yekoutiel (§47).

Mais il y a aussi des poskim qui ne voient pas de drame dans le fait de décaler la date de coupe de cheveux, même s’il s’agît de l’avancer et c’est la coutume la plus répandue de nos jours (en dehors des communautés ‘hassidiques).

Rav ‘Haim Kanievsky
(cité dans Ouvashana Hareviit, p.16) dit qu’il n’y a pas de problème à couper les cheveux de l’enfant à l’avance et on voit de la Gmara que dès la naissance c’est autorisé.
La gmara Moed Katan (14a) dit qu’il est autorisé pendant la fête (‘hol hamoed) de couper les cheveux d’un bébé qui est né pendant la fête (car il était impossible de les lui couper avant Yom Tov, son Din sera donc comparable à celui du prisonnier…), nous voyons donc qu’il est permis de couper les cheveux d’un bébé même avant la Brit Mila.

Il cite ce que certains disent au nom de son oncle le ‘Hazon Ish -qui aurait dit qu’il ne fallait pas avancer la date de la coupe de cheveux, mais il dit qu’il refuse de croire que son oncle ait dit une telle chose, il en veut pour preuve que son père (le Steipler –beau-frère et grand admirateur du ‘Hazon Ish) ne voyait pas d’inconvénient à une coupe avancée.
Idée que l’on retrouve encore en son nom dans Or’hot Rabeinou (I, p.233, 40).

Conclusion : Rav Schlesinger
suit en cela l’habitude ‘hassidique, mais cette coutume ne s’est pas imposée chez tous les juifs, loin s’en faut.

Citation:
Hormis ce cas, peut-on célebrer un anniversaire qqs jours avant... les 2 dates, par convenance ?

Sans aucun problème, tant que cet anniversaire n’a pas de sens religieux particulier.

(désolé pour les fautes, je n'ai pas le temps de me relire)
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