Citation:
quel est votre avis concernant le livre du rav Shilat (betorato...) supposé etre une fidele image de la pensee du rav
Je ne l'ai pas passé au crible. J'avais déjà eu accès à tous ces écrits bien avant leur parution (quelques photocopies circulaient parmi les élèves du Rav), j'imagine qu'il s'agit d'une reproduction fidèle de ces pages que j'avais lues.
Si c'est le cas, c'est bien des enseignements de
Rav Guedalia.
Rav Shilat était – à l’époque - considéré comme quelqu'un qui comprenait convenablement les enseignements de
Rav Guedalia Nadel, ce dernier a passé en revue quelques-uns des travaux de retranscription de
Rav Shilat et les a approuvés.
Rav Guedalia disait que
Rav Shilat le comprenait bien et je sais que c'esr un compliment qui était distribué avec beaucoup de parcimonie !
Rares sont ceux qui étaient considérés par le
Rav lui-même comme le comprenant.
Des rabanim connus pensaient le comprendre et
Rav Guedalia assurait qu’ils n’avaient rien compris.
Donc je dirais que cet ouvrage représente bien la pensée du
Rav.
Néanmoins, il conviendrait encore de distinguer « cet ouvrage » de « ce que vous comprenez(ou pouvez comprendre) de cet ouvrage ».
Il n’est pas rare qu’un lecteur non averti de quelques préfaces et connaissances indispensables, arrive à voir dans les enseignements de
Rav Guedalia des choses qu’il n’a pas voulu dire et c’est la raison pour laquelle certains rabanim en ont prohibé la lecture.
Je ne suis pas certain que
Rav Kanievsky ait condamné cet ouvrage officiellement (malgré que je sois certain qu’il lui déplaise) car je sais à quel point
rav Kanievsky tenait en très haute estime le
Rav Nadel (héritage de son père,
le Steipler, qui respectait énormément le
Rav Nadel), j’ai du mal à l’imaginer critiquant publiquement ce livre.
À moins d’avoir recours au stratagème qui consiste à critiquer le rédacteur, l’accusant de ne pas avoir cerné la pensée du maître, afin de ne pas porter atteinte à l’honneur de
Rav Nadel.
Mais là, je m’inscris en faux -sous réserve d’une lecture plus attentive- car à ma connaissance
rav Shilat est un bon interprète et ce livre n’est que l’édition de plusieurs feuilles qui circulaient déjà depuis des décennies parmi les élèves proches du
Rav, difficile de dire qu’elles contenaient des âneries.
L’intégrité du
rav Shilat n’étant nullement discutable, il ne reste qu’à lui imputer une mauvaise compréhension et je sais de source sûre que
Rav Guedalia lui-même trouvait la compréhension de
rav Shilat parfaite.
Je crois qu’il n’y a dans ce livre - grosso modo - qu’un seul point difficile d’accès au novice (je ne souhaite pas en débattre ici). Le reste est peut-être parfois original, mais pas franchement affolant.
Citation:
pouvez vous … nous expliquer les differences … du monte des yechivotes Americaines et Israeliennes.
… pourquoi le monde de la Thora Americain est ill si inconnu en erets?
En parlant avec des Rabbanims Israeliens, on a l' impression que depuis que Rav Kotler et Moche Feinstein sont decedes, il n' y a plus de Gdolims labas, la rama n' etant plus du tout du niveau d' erets.
On m’a déjà demandé des questions similaires, qu’est-ce qu’on peut trouver de positif en Amérique qu’il n’y a pas en Erets ?
Je ne pourrais pas répondre en détails, mais je dirais que globalement, en comparant la Thora d’Israel à celle de France, certains (surtout des ba’hourei yeshivot français qui étudient en Israel) disent qu’en France, il n’y a pas de Thora (= de haut niveau) mais il y a des midot (du savoir vivre et de la politesse).
Les israéliens aussi rejoignent cette analyse, les français sont souvent plus éduqués et agréables que leurs compagnons israéliens.
Mais il est clair pour tous qu’il n’y a pas vraiment de Thora en France, les yeshivot françaises ne peuvent pas se comparer aux grandes yeshivot que l’on trouve en Israel.
(Je ne suis pas en train de dire que toute Yeshiva Israélienne est de meilleur niveau que toute yeshiva française, c’est faux. Certaines yeshivot en France sont de bien meilleur niveau que d’autres en Israel.)
Ainsi je dirais que si en France on a les midot mais pas la Thora et qu’en Israel on a la Thora mais pas les midot, hé bien en Amérique on a la Thora ET les midot !
Il y a des étudiants de très haut niveau aux USA et les gens sont bien plus polis et agréables (de manière générale) que les israéliens qui sont si fiers de la « ‘houtspa israélienne ».
Je souligne (pour ceux qui auraient du mal à digérer une telle affirmation) que je ne suis pas en train de dire que TOUS les israéliens sont désagréables et brutaux et que TOUS les américains sont des petits anges ailés et auréolés.
Je dis seulement que s’il est indéniable que le caractère sabra comporte une certaine propension à l’insolence, qu’il est dur et parfois désagréable et que l’israélien moyen manque de savoir-vivre, on ne peut pas en dire autant de l’américain.
Il est clair qu’il y a plus d’étudiants de Thora en Israel et qu’il y a plus de "champions du limoud" en Israel.
Décider du niveau des plus grandes pointures dans ces différents pays ne m’appartient pas, on ne peut qu’établir qu’il y a assurément plus de « grands rabanim » en Israel qu’en Amérique.
Je ne viens parler que de la masse des étudiants, parmi eux se trouvent de grands érudits dans les deux pays (certainement plus en Israel, encore une fois), mais la masse des étudiants m’apparaît bien plus éduquée/équilibrée aux USA qu’en Israel.
Il est vrai qu’on trouve bien plus de « fous du limoud » (selon l’expression de mon ami le
Rav Ye’hiel Jessurun) en Israel qu’ailleurs, des gens capables (ou : intéressés) d’apprendre le
Shev Shmaateta (-
Shmaytsé pour les intimes) par cœur, ou autres « exploits » de limoud qui –à première vue- ne semblent pas rapprocher ces héros de leur Créateur au niveau des midot.
Mais est-ce bien important de pouvoir réciter un ouvrage d’un A’haron par cœur?
Le but de la Thora étant de parfaire l’homme moralement, il est indispensable que l’étude de cette Thora soit rattachée à un progrès au niveau du caractère.
Mais comme de nombreux rabanim de nos jours ne sont pas tout à fait convaincus que le but de la Thora soit de parfaire l’homme (certains se sont laissé dire que le véritable but serait de parfaire des mondes supérieurs…), nous arrivons à trouver des personnes qui travaillent beaucoup l’étude de la Thora sans pour autant se parfaire les midot.
En cela j’apprécie le monde de Thora américain qui est –selon moi- moins égaré à ce niveau.
L’avantage du monde de Thora israélien réside dans la facilité d’accès de la Thora en Israel, il y en a partout, la vie coute nettement moins cher, on vit avec moins d’argent et de « besoins » qu’en Amérique.
Les américains sont plus souvent attachés au matériel que les israéliens -même si la messirout nefesh pour le limoud que j’ai vu il y a 15 ans chez certains avré’him aux USA dépasse nettement celle des avré’him en Israel.
[Je précise que la majorité des cas concernés parmi ces avré’him aux USA a depuis bénéficié de la promesse de
Rabbi Yonathan dans
Avot (IV, 9) « Celui qui accomplit la Thora dans la pauvreté l’accomplira dans la richesse ».
A l’instar de certains maîtres du
Talmud qui commencèrent pauvres puis s’enrichirent.
Comme
Rabbi Akiva (voir Nedarim 50a),
Hillel qui était pauvre
(Yoma 35b) puis ayant été nommé Nassi sa situation financière s’est améliorée
(voir Sotah 21a) et
Rav qui était pauvre
(Moed Katan 12b) et est devenu riche
(Bra’hot 57b).]
Concernant les grands rabanim aux USA, le
Rav Moshé Feinstein et
rav Aharon Kotler étaient en effet des sommités qu’il était difficile d’ignorer.
Au décès de
rav Feinstein, le
Rav Sha’h lui avait « attribué » le titre de « possek ador » -décisionnaire de la génération.
Mais dire qu’il n’y avait que ces deux-là montre bien à quel point les jeunes rabanim israéliens ignorent la Thora américaine.
Il y avait de très grandes pointures connues en Amérique en dehors de ces deux rabanim.
Il y avait
Rav Yoel Teitelbaum de Satmer,
Rav Yonathan Shteiff, le
Rabbi de Loubavitsh et son beau-père
le « Rayats », le
Rav Ruderman, le
Rav Reuven Grosovsky, Rav Yaakov Kamenetsky, Rav Aharon Magued (Maguid), Rav Guedalia Schorr, l’incroyable
Rav Wolf Leiter, etc… et beaucoup de grands érudits comme
Rav Mena’hem Kasher et d’autres que je ne cite pas (pour éviter des débats inintéressants).
Je pense que la raison pour laquelle on entend moins parler des rabanim américains en Israel qu’avant, c’est parce que les israéliens –suffisamment pourvus en Talmidei ‘ha’hamim, sont renfermés sur eux-mêmes et sont persuadés qu’il n’y a de Thora qu’en Israel.
Les deux rabanim cités et les autres qui étaient connus en Israel étaient lituaniens -comme les rabanim israéliens de leur temps, c’est pourquoi les rabanim israéliens les connaissaient.
Mais depuis la nouvelle génération de rabanim en Israel comme en Amérique, ils n’ont plus de background commun.
Cependant il y a encore de grands rabanim aux USA.
Le
Rav Dovid Feinstein est un très grand possek totalement méconnu car dans son petit coin à Manhattan, il refuse d’agrandir sa yeshiva (
MTJ), ce que d’autres n’auraient pas hésité à faire pour gagner en publicité en risquant de perdre en qualité d’enseignement.
(Enseigner à des centaines d’étudiants ne permet pas toujours de veiller à chaque détail.)
Il y a aussi son frère
Rav Reuven Feinstein, Rav Birnbaum (niftar récemment),
Rav Shmuel Kamenetsky et beaucoup d’autres.
Dire « qu’il n’y a plus de gdolim là-bas » me paraît faux, seulement ils sont moins médiatisés.
En Israel aussi il y a beaucoup de Gdolim (de grands hommes de Thora) que les israéliens eux-mêmes ignorent ou méconnaissent, précisément parce qu’ils sont dans leur petit coin et ne bénéficient pas de beaucoup de publicité.
Il ne faut pas croire naïvement que les plus grands rabanim sont les plus photographiés !
Les plus photographiés sont les plus connus (grâce aux photos & journaux), mais il y en a d’autres qui refusent d’être médiatisés, probablement pour pouvoir rester tranquilles dans leur petit coin avec leurs quelques élèves.
Pas tous les rabanim ne considèrent qu’avoir un millier d’élèves est un but auquel il convient d’aspirer.
Encore un point, il est fréquent que les gdolim américains fassent preuve d’une plus grande ouverture d’esprit que leurs « collègues » israéliens, ce qui fait que ces derniers ne les apprécient pas toujours ou du moins ne les approuvent pas toujours.
C’était déjà le cas avec
rav Moshé Feinstein, Rav Yaakov Kamenetsky et d’autres rabanim des USA, mais l’éloignement jouait et calmait ces différences.
Aujourd’hui un psak ou une simple phrase peut faire le tour du monde dans la minute, ce qui fait que les comparaisons, analyses et critiques vont vite, ce qui contribue peut-être à cette envie de rester dans leur coin de certains rabanim.