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La réponse de qualité à vos questions

Qui a découpé la Tora ? Est-elle entièrement de Moshé ?

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Light
Messages: 6
1. Pourriez-vous me dire si, lorsque Moshé avait écrit la Tora, celle-ci était divisée en Parashiot, prakim et psoukim, ou bien est-ce d'autres personnes qui ont ordonné la Tora ?

2. J'aimerais pouvoir répondre à cette question que l'on m'a posé aujourd'hui:
"Si Moshé a écrit la Tora, comment a-t-il pu écrire sa propre mort ?"

J'ai pensé que c'était grâce au rouah hakodesh mais d'un autre côté l'Éternel
n'a pas voulu révélé au roi David le moment de sa mort.

L'aurait-il fait pour Moshé ?
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6700
1) Elle était divisée en psoukim seulement.
(en principe les psoukim dont nous disposons aujourd'hui sont exactement découpés de la même manière et nous tenons même pour règle qu'il est interdit de découper un passouk différemment de ce que Moshé l'a fait, mais il y a quelques petites ambiguités à ce sujet notamment concernant les 10 commandements et voir aussi la gmara dans Kidoushin 30a).

La répartition en parshiot est arrivée un peu plus tard, dans le but de répartir le 'houmash en péricopes hebdomadaires et de le terminer annuellement, mais même à l'époque du Talmud cette coutume n'était pas établie identiquement puisqu'en Israel ils ne terminaient la lecture du sefer Thora qu'une fois tous les trois ans.
Encore à l'époque des Rishonim nous trouvons de petites divergences de découpages des parshiot athora, comme certaines communautés qui séparaient Mishpatim en deux en nommant la seconde: Im kessef talvé.

Voir Rabeinou Be'hayei (ad loc) et Sefer A'hinou’h qui séparent Mishpatim en deux.

Cette coutume aurait perduré (parait-il) jusqu'à assez récemment dans certaines villes du Maghreb.

Par ailleurs, même en ne considérant Mishpatim que comme une seule parasha, nous obtenons 54 parshiot alors que le Zohar nous indique qu'il y en aurait 53 !

Il existe plusieurs réponses et tentatives d'explication. Contentons-nous de celle du 'Hida (Shem Agdolim II, fin du kountras a'haron de la lettre guimel) et ('Homat Ana'h début de Tetsavé) qui explique que Trouma et Tetsavé ne font qu'une.
(justifié par le Vav A'hibour du début de tetsavé. Et l'on gagne que Moshé rabeinou serait mentionné, car il ne l'est pas dans Tetsavé).

Vous y trouverez aussi d'autres explications citées par le 'Hida.

Il y cite aussi ce qu'il a écrit dans son Dvash Lefi (et j'ajouterais que cela correspond au minhag des Yéménites qui lient Nitsavim et Vayele'h).

Concernant la répartition en chapitres, elle n'est pas juive. C'est l'archevèque de Canterbury, Stephen Langton qui en serait l'auteur (au début du XIIIème siècle), mais la répartition admise de nos jours diffère un peu de la sienne.
Elle n'a été reprise par les rabbins que par commodité suite à l'adoption générale des imprimeurs.


2) La réponse est que vous n'avez pas lu votre Talmud, car un tel texte ne s'oublie pas !
Il se trouve dans Baba Batra 15a. La question y est posée et nous y trouvons deux réponses, soit ces derniers versets auraient été écrits par Yeoshoua, soit par Moshé mais « bedéma ».
Ce qui signifie selon certains « par des larmes » ou « en pleurant », selon d'autres « dans le désordre ».

Il serait donc envisageable que Moshé ne soit pas l'auteur des derniers psoukim.

J'indiquerais encore le Ibn Ezra (Dvarim I, 2), mais c'est un sujet délicat et trop long à traiter.


Dernière édition par Rav Binyamin Wattenberg le Mar 24 Mai 2016, 11:41; édité 1 fois
joël
Messages: 264
Shalom Rav,
J'ai une question au sujet de la lecture de la Torah en Israel sur 3 ans:
Pourquoi/comment cet usage a-t-il complètement disparu ?

D'autre part, y a-t-il un lien avec Sim'hat Torah? En effet, à l'époque ou l'on lisait la Torah sur 3 ans en Israel, on ne devait pas fêter la cloture/démarrage de la lecture Torah à Sim'hat Torah (qui de mon point est une fête purement de 'hout laaretz).

Dernier point: Aujourd'hui en Eretz Israël, on ne lit pas en le passage de shemini atseret (kol habekhor : meguila 31a), puisqu'il est remplacé par vezot haberakha, ils sont donc devenu plus royalistes que le roi ? :-))

Merci pour le temps que vous nous consacrez.
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6700
À LimoudMichael:

Là, il va falloir reformuler (ou simplement: formuler) car j'ai du mal à saisir l'étonnement profond qui vous coupe la parole à ce point.

Je sais que ça fait trois ans et vous ne vous souvenez peut-être plus de votre question, mais si jamais elle vous revient, empressez-vous de la formuler avant d'être à nouveau frappé de stupéfaction :)

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À Joël:

En effet, le Sim'hat Torah annuel n'a rien d'israélien à l'origine, c'est une fête de 'houts laarets, d'aillleurs nous réservons cette appellation au second jour de Shmini Atseret - qui n'existe pas en Eretz Israël.

Le Minhag israélien d'origine était de lire la Torah en trois ans (un peu comme le temps qu'il m'a fallut pour tomber sur votre question!) comme on le voit dans la gmara Meguila (29b) et dans certains endroits (/certaines époques) en trois ans et demi, voir Massekhet Sofrim (XVI, 10).

Nous avons une Torah répartie en 54 parshiot, les israéliens l'avaient découpée en 155 "Sdarim" (ou en 175 pour les adeptes du trois ans et demi).

Le Rambam (XIIème siècle) mentionne encore ce minhag (hil. Tfila XIII, 5) en précisant qu'il ne s'est pas répandu, contrairement au minhag de terminer le 'houmash annuellement.

On retrouve cette distinction mentionnée dans le 'hiloukei minhaguim ou le Otsar 'hilouf minhaguim bein bnei EI oubein bnei Bavel (§48, p.98)
indiquant que les juifs israéliens fêtent Sim'hat Torah tous les trois ans!

À ma connaissance, le minhag n'a pas fait long feu. C'est surtout en Egypte qu'il a perduré, comme on le comprend du Rambam.

Oui, car il faut noter que même en dehors d'Eretz Israël, les juifs israéliens ont gardé - un moment - leur coutume de terminer en trois ans (ça devait faire une kriat hatorah bien plus courte).

Nous lisons dans les Massaot rabbi Binyamin miToudéla (Voyages de Benjamin de Tudèle) (p.63 éd. Adler) qu'il mentionne l'existence de deux communautés au Caire, l'une d'elles selon la coutume israélienne de répartir chaque parasha sur trois semaines, mais tous se regroupaient pour fêter Sim'hat torah ensemble (oui, on peut inviter des amis à un siyoum.)

(pour les francophones, voir Benjamin de Tudèle, p.276, du rabbin Harboun. Cet ouvrage comporte certes quelques erreurs, mais rien à voir avec le livre Le 'Hida du même auteur, où le nombre d'erreurs est colossal.)

Et ce voyage date approximativement de 1170 (cf. Benjamin de Tudèle, p.53-54) (donc à l'époque du Rambam).

Comme beaucoup de Minhaguim, celui-ci a disparu en raison des différentes pérégrinations et exils des juifs chassés ou poussés d'un pays vers l'autre.
Vous imaginez bien que pour faire vivre un tel minhag, il faut être plusieurs à y tenir et habiter assez proches, sans quoi chacun prie dans une synagogue où les partisans du Sim'hat Torah annuel y sont majoritaires...

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J'ajoute une précision concernant la question d'origine de Light sur la façon dont est découpée la Torah en chapitre. J'indiquai déjà que c'est Stephen Langton, l'archevèque de Canterbury (au début du XIIIème siècle), qui en serait l'auteur. J'ajoute qu'il semblerait que son découpage ait été très apprécié et adopté à Paris (par les autorités non-juives) encore de son vivant, vers 1225.
Les précédents découpages (car il y en avait eu) étaient souvent plus "précis", les chapitres étaient plus courts.
Mais nous trouvons même après 1225, parfois, des références de versets écrites en France par des chrétiens, qui ne s'alignent pas sur le découpage de Langton.
Probablement que ces auteurs devaient encore posséder des Bibles découpées autrement...

Par exemple, Guillaume de Bourges, dans son Liber bellorum Domini où il cite des dizaines de versets sans en indiquer la référence, le fait tout de même de rares fois et nous constatons que ces chapitres ne correspondent pas du tout à ceux de Langton. (cf. Livre des guerres du Seigneur, éd. Cerf, 1981, p.14)
Et ce malgré qu'il ait écrit cet ouvrage vraisemblablement vers 1235.
(voir le Livre des guerres du Seigneur, éd. Cerf, 1981, pp.8-12 et 23)

De nos jours, la répartition est partout la même, mais nous trouvons encore parfois de petites subtilités qui entraînent parfois de légers décalages dans la numérotation des versets (mais pas des chapitres).

Dans les 'houmashim du XVIIIème et du XIXème siècles (ou dans les écrits d'époque qui citent des références), nous voyons ces petites différences, ce qui est étonnant car en principe, le découpage des versets - au moins ceux du 'houmash - a une importance "religieuse" (comme mentionné plus haut).
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