À LimoudMichael:
Là, il va falloir reformuler (ou simplement: formuler) car j'ai du mal à saisir l'étonnement profond qui vous coupe la parole à ce point.
Je sais que ça fait trois ans et vous ne vous souvenez peut-être plus de votre question, mais si jamais elle vous revient, empressez-vous de la formuler avant d'être à nouveau frappé de stupéfaction :)
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À Joël:
En effet, le Sim'hat Torah annuel n'a rien d'israélien à l'origine, c'est une fête de 'houts laarets, d'aillleurs nous réservons cette appellation au second jour de Shmini Atseret - qui n'existe pas en Eretz Israël.
Le Minhag israélien d'origine était de lire la Torah en trois ans (un peu comme le temps qu'il m'a fallut pour tomber sur votre question!) comme on le voit dans la gmara Meguila (29b) et dans certains endroits (/certaines époques) en trois ans et demi, voir Massekhet Sofrim (XVI, 10).
Nous avons une Torah répartie en 54 parshiot, les israéliens l'avaient découpée en 155 "Sdarim" (ou en 175 pour les adeptes du trois ans et demi).
Le Rambam (XIIème siècle) mentionne encore ce minhag (hil. Tfila XIII, 5) en précisant qu'il ne s'est pas répandu, contrairement au minhag de terminer le 'houmash annuellement.
On retrouve cette distinction mentionnée dans le 'hiloukei minhaguim ou le Otsar 'hilouf minhaguim bein bnei EI oubein bnei Bavel (§48, p.98)
indiquant que les juifs israéliens fêtent Sim'hat Torah tous les trois ans!
À ma connaissance, le minhag n'a pas fait long feu. C'est surtout en Egypte qu'il a perduré, comme on le comprend du Rambam.
Oui, car il faut noter que même en dehors d'Eretz Israël, les juifs israéliens ont gardé - un moment - leur coutume de terminer en trois ans (ça devait faire une kriat hatorah bien plus courte).
Nous lisons dans les Massaot rabbi Binyamin miToudéla (Voyages de Benjamin de Tudèle) (p.63 éd. Adler) qu'il mentionne l'existence de deux communautés au Caire, l'une d'elles selon la coutume israélienne de répartir chaque parasha sur trois semaines, mais tous se regroupaient pour fêter Sim'hat torah ensemble (oui, on peut inviter des amis à un siyoum.)
(pour les francophones, voir Benjamin de Tudèle, p.276, du rabbin Harboun. Cet ouvrage comporte certes quelques erreurs, mais rien à voir avec le livre Le 'Hida du même auteur, où le nombre d'erreurs est colossal.)
Et ce voyage date approximativement de 1170 (cf. Benjamin de Tudèle, p.53-54) (donc à l'époque du Rambam).
Comme beaucoup de Minhaguim, celui-ci a disparu en raison des différentes pérégrinations et exils des juifs chassés ou poussés d'un pays vers l'autre.
Vous imaginez bien que pour faire vivre un tel minhag, il faut être plusieurs à y tenir et habiter assez proches, sans quoi chacun prie dans une synagogue où les partisans du Sim'hat Torah annuel y sont majoritaires...
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J'ajoute une précision concernant la question d'origine de Light sur la façon dont est découpée la Torah en chapitre. J'indiquai déjà que c'est Stephen Langton, l'archevèque de Canterbury (au début du XIIIème siècle), qui en serait l'auteur. J'ajoute qu'il semblerait que son découpage ait été très apprécié et adopté à Paris (par les autorités non-juives) encore de son vivant, vers 1225.
Les précédents découpages (car il y en avait eu) étaient souvent plus "précis", les chapitres étaient plus courts.
Mais nous trouvons même après 1225, parfois, des références de versets écrites en France par des chrétiens, qui ne s'alignent pas sur le découpage de Langton.
Probablement que ces auteurs devaient encore posséder des Bibles découpées autrement...
Par exemple, Guillaume de Bourges, dans son Liber bellorum Domini où il cite des dizaines de versets sans en indiquer la référence, le fait tout de même de rares fois et nous constatons que ces chapitres ne correspondent pas du tout à ceux de Langton. (cf. Livre des guerres du Seigneur, éd. Cerf, 1981, p.14)
Et ce malgré qu'il ait écrit cet ouvrage vraisemblablement vers 1235.
(voir le Livre des guerres du Seigneur, éd. Cerf, 1981, pp.8-12 et 23)
De nos jours, la répartition est partout la même, mais nous trouvons encore parfois de petites subtilités qui entraînent parfois de légers décalages dans la numérotation des versets (mais pas des chapitres).
Dans les 'houmashim du XVIIIème et du XIXème siècles (ou dans les écrits d'époque qui citent des références), nous voyons ces petites différences, ce qui est étonnant car en principe, le découpage des versets - au moins ceux du 'houmash - a une importance "religieuse" (comme mentionné plus haut).