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La réponse de qualité à vos questions

Expliquer les Midrachim

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mmdov
Messages: 63
Chalom kvod harav

Voilà plusieurs mois déjà que ma Havrouta a soulevé une question à partir de midrachim. À ce jour, elle n'a pas recu de réponse même auprès de talmidei hakhamim ici en Erets. Voici le problème:

הרבה מהאחרונים ובמיוחד חכמי הונגריה שדרשו בעניני חג השבועות מביאים את המדרש רות רבה (פרשה ה' אות ד') עה"פ "יהי משכורתך שלמה מאת ה' אלקי ישראל" (רות ב,יב) אמר ר' חסא: אשר באת לחסות תחת כנפיו. וכל אחד בנה בניינים וחידש חידושים לתרץ הפליאה מה רצה ר' חסא להוסיף שאינו מפורש במקרא.

עלה בליבי לאסוף בקונטרס אחד עשרות הפירושים שנאמרו על זה, אלא כשעיינתי במקור במדרש רבה עם הגהות מהרז"ו (הרב זאב וולף זצ"ל) ראיתי שהגירסא מתוקנת כך: "יהי משכורתך שלמה מאת ה' אלקי ישראל" אמר ר' חסא שְׁלֹמֹה כתיב, רמז לה שְׁלֹמֹה יעמוד ממך. "אשר באת לחסות תחת כנפיו" אמר ר' איבון שמענו שיש כנפיים לארץ שנאמר וכו'. לפי התיקון "אשר באת" אינו כלל פירוש של ר' חסא אלא דיבור המתחיל חדש וסרה כל פליאה.

עכשיו אינני יודע האם צריך לומר שמן השמים נפלה השמטה זו בהוצאות הישנות כדי לתת מקום לחכמים לחדש כל אחד את חידושו, והחידושים חידושי אמת הם; או שמא כיון שלכאורה כל הבנין נבנה על יסוד רעוע, נפל היסוד נפל כל הבנין.

יורה נא לי רבינו, האם עלי לגשת למלאכות המעמר והכותב או לחדול כי דבר ריק הוא? אני מודה לרב מראש על תשובתו.

בכבוד רב,

שמואל רוטנמר


Vos eclairements nous seraient tres precieux.

Merci d'avance

Dov

ps: si le texte ne s'affiche pas y a-t-il une adresse email a laquelle nous pourrions envoyer la question?
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6700
Désolé du retard, je viens de voir votre question et je m'étonne qu'aucun des talmidei ‘ha’hamim consultés en Eretz-Israël n'ait pu donner de réponse !

Avant tout, je présente le sujet pour ceux qui ne comprennent pas l'hébreu ;
Un texte midrashique semble incohérent et de nombreux commentateurs proposent différentes explications. Or l'un d'eux indique (en se basant sur des textes parallèles) qu'il manque quelques mots dans la phrase, et selon cette correction il n'y a plus aucune incohérence.

L'auteur de la question (ou son ‘havrouta) s'est attelé à compiler toutes les explications autour de ce texte et se rend compte à présent que toutes ces dernières sont peut-être dénuées de fondement, puisque la correction dans le texte annule l'étonnement des commentateurs.

La question est de savoir s'il convient de conférer une certaine valeur à cette compilation en supposant que si D. a « fait en sorte » que cette ligne disparaisse du texte durant une époque (par erreur d'impression), c'est bien pour donner de la valeur à ces ‘hidoushim, ou s’il faut considérer que tout n’a été dit que par erreur et qu’il n’y a rien à retenir de tout ce qui a été déduit de l’étrangeté du texte.

Voilà pour la question.

Avant d’y répondre j'ajoute un nouvel étonnement car il n’y a pas que le rav Zeev Wolf Boskovicz qui corrige le texte en ajoutant cette phrase, il y a le Yefé Anaf, le Mishnat Derabbi Eliezer et le Ets Yossef.
Aussi, du Matnot Kehouna nous voyons bien qu’il disposait de la bonne version (comme le souligne aussi le Mishnat DRE).

Le Radal lui, corrige -sans supposer l’oubli de toute une ligne- en ajoutant les trois lettres signifiant « etc… » (ve’houlei).

Bref, le seul commentateur « classique » qui semble ne pas avoir remarqué le manque est le Rashash.

Ce qui fait que je suis curieux de savoir qui sont "les auteurs" qui proposent tant d’autres explications, pourriez-vous au moins donner les références des sfarim concernés ?
Merci d’avance.

Venons-en à la question.
Et élargissons-là aussi, car en fait, la vraie question est : doit-on tenir compte des anciennes versions retrouvées tardivement ou faut-il considérer que c’est D. qui aurait voulu cette « erreur » dans le texte afin que les commentateurs en déduisent ce qu’Il souhaite qu’ils en déduisent.

(Grâce au fait que telle ou telle version (incomplète ou erronée) soit sous les yeux de tel ou tel rabbin, nous aurions donc gagné de merveilleux ‘hidoushim.)

Je dirais qu'il convient d’établir une distinction entre un ‘hidoush qui NECESSITE une base et un ‘hidoush qui APPRECIE une base.

Tout ‘hidoush qui semble plus sensé que son opposé (par exemple s’il est plus logique de dire +x que –x) ne nécessite pas d’avoir une base (indiquant +x), mais c’est appréciable qu’il en ait une. (c’est généralement le cas dans un ‘hidoush agadique/ashkafatique/moussarique)

S’il venait à la perdre (par la découverte d’une ancienne version invalidant la déduction), tant que nous ne trouvons pas de base pour l’inverse (-x), le ‘hidoush reste valable, même si moins attesté par les sources.

Par contre, dans le cas d’un ‘hidoush qui NECESSITE une base, c-à-d que sans la base il n’est pas plus logique d’admettre le ‘hidoush que son opposé (plus fréquent pour un ‘hidoush ala’hique) -voire l’inverse, la perte de cette base par la découverte d’une version plus juste est préjudiciable au ‘hidoush.

Seulement, d’aucuns ajoutent que même dans ce dernier cas, la émouna dans la ashga’ha divine (=le fait de croire que D. dirige tout sur terre) implique que l’erreur d’impression (ou de copie) soit voulue par D. et donc la « déviation » ala’hique qui en découle le serait tout autant (voulue par D.).

Cette idée est souvent citée au nom du ‘Hazon Ish.

Je suis tout de même très sceptique.

Tout d’abord, en suivant cette même logique, je dirais que si D. a fait en sorte que nous retrouvions à présent ces anciennes versions, c’est donc qu’Il souhaite que nous corrigions le tir.

(Cet argument vaut aussi pour ceux qui présentent un raisonnement similaire concernant les sfarim qui n’ont pas été réimprimés durant de longues périodes, selon eux, cela serait le résultat d’une volonté divine.
Il convient de leur objecter qu’à ce compte, la même logique indiquerait donc que D. souhaite qu’à présent ce sefer soit étudié.)


Ensuite, l’idée même de rattacher toute erreur de copiste à une volonté divine ne me satisfait pas, car il y a bien des cas où c’est le manque de zèle du copiste qui est en cause !
(et là, ce deuxième argument est encore plus puissant concernant les sfarim non réimprimés)

Il est clair qu’il y a eu plus d’erreurs d’impression/ de copie (qui portent à conséquence) chez les imprimeurs/copistes les moins zélés, c’est que le copiste a sa part de responsabilité.
Dès lors, si un copiste –par manque de yirat shamayim- rêvasse en copiant au lieu de s’adonner sérieusement à son travail, il risque de commettre des erreurs de copie et là nous disons « akol bidei shamayim ‘houts meyirat shamayim » (Meguila 25a , Bra’hot 33b, Nida 16b).

Si je suis copiste, que je sais que je suis en train de copier un texte ala’hique très précis où chaque mot a son importance et sa signification et que malgré cela je laisse mon esprit aller à la rencontre de songes farfelus et de rêveries lointaines pendant mon travail, j’ai assurément ma part de responsabilité dans les erreurs que commettront les générations futures qui se baseront sur ma copie.

Bref, je ne suis pas convaincu de cette idée, ni que ce soit ce que disait exactement le ‘Hazon Ish.

Certes ce rav était très « carré », mais aucunement absurde.

Je ne l’ai pas connu personnellement (il est décédé en 1953), mais plusieurs de mes maîtres étaient ses élèves de telle sorte que j’ai du mal à croire qu’il pensait de telles choses et j’ai autant de mal à cerner véritablement son opinion sur le sujet.

Nous trouvons dans le Kobets Igrot (I, §32) que le ‘Hazon Ish écrit qu’il ne trouve « pratiquement pas d’intérêt » (pour atteindre le émet) aux versions déterrées des Gnizot, qui seraient plutôt de nature à « tordre le émet », aussi il conviendrait de les remettre en terre !

Ainsi selon lui, un livre comme le Dikdoukei Sofrim (livre qui cite et compare d’anciennes versions du Talmud) serait plus néfaste qu’autre chose.

Cette idée est déjà à mon sens très étrange, nous trouvons que tous les gdolei israel écrivent exactement l’inverse.

Le Shoel Oumeshiv écrit (askama du Dikdoukei Sofrim) que toute personne qui s’intéresse vraiment à la Thora et qui la comprend vraiment ne peut que se réjouir de la parution du Dikdoukei Sofrim.
Il écrit qu’il a dit la bénédiction « barou’h Yotser Ameorot » sur ce sefer.

Rav Shlomo Kluger écrit (askama du Dikdoukei Sofrim) qu’il convient de diffuser ce sefer.

Le Arou’h Laner aussi (askama du Dikdoukei Sofrim) écrit que grâce à ce sefer nous pourrons répondre à de nombreux problèmes.

Le Ktav Sofer (askama du Dikdoukei Sofrim) écrit qu’il serait superflu d’expliquer l’intérêt de ce sefer car toute personne sensée en comprend tout de suite l’intérêt ! (que dire du ‘Hazon Ish ?)

Le Rav Its’hak El’hanan Spektor aussi écrit (askama du Dikdoukei Sofrim) que ce sefer sera d’une aide très précieuse.

Le Mi’htav Sofer ira jusqu’à écrire sur ce sefer (askama du Dikdoukei Sofrim) « heureuse la génération qui a mérité ce trésor caché »

Nous trouvons aussi que le Rav Yaakov Schorr dans son incroyable Meir Einei ‘ha’hamim (sous rav ‘hisda, d’’h oubeemet, page 208 dans le kitvei ve’hidoushei RYS) mentionne la trouvaille du Shas de Munich (sur lequel a été basé le Dikdoukei Sofrim) et la parution d’un livre qui compare sa version à la nôtre et écrit qu’il est indispensable (nitsra’h meod).

Voir encore les termes très élogieux utilisés dans Yeshouroun (tome XXII, p.369).


Bien sûr, ça ne veut pas dire que nous devons accorder toute notre confiance aux anciennes versions, car elles aussi peuvent comporter des erreurs, c’est ce que souligne Rav Moshé Feinstein (Igrot Moshé yoré déa II, §7) et c’est aussi écrit par le ‘Hazon Ish (Ora’h ‘Haim §67, sk.12) concernant les nouveaux sfarim d’anciens auteurs (en l’occurrence rabenou ‘Hananel), qui ne sont imprimés que sur la foi d’un manuscrit retrouvé après des siècles sans savoir par qui il a été copié.

[au passage, là, la logique utilisée plus haut devrait nous pousser à accorder toute notre confiance à ces manuscrits retrouvés, puisque si D. a fait en sorte que nous les retrouvions, c’est qu’Il souhaite que nous les suivions en faisant confiance à leurs différences de version.

La simple lecture des arguments du ‘Hazon Ish (là-bas) suffit à prouver qu’il ne n’adhérait pas cette thèse des erreurs conservées « min ashamayim » car il s’inquiète de copistes mal zélés, etc…

D’ailleurs il répète cette inquiétude dans il’hot matnot aniyim (§203, 1) -toujours concernant ce commentaire de rabeinou ‘Hananel- en précisant qu’il est truffé de corrections de l’éditeur.

Dans ses Tshouvot vektavim aussi (partie sur Zraïm, §23, 12) le 'Hazon Ish dénonce les erreurs de copiste qui pullulent dans chaque daf de ce piroush rabeinou ‘Hananel.

Mais pour les incrédules (qui maintiendraient malgré cela que le ‘Hazon Ish adhérait à la théorie du « min ashamayim »), je prouverais que ce n’était pas son opinion par ce qu’il écrit plus haut dans Ora’h ‘Haim (§39, sk.6) où il précise que si le texte n’est pas soupçonnable d’être falsifié, on peut lui accorder notre confiance.]

[
Au passage du passage, Aydé deaydé, ce qu’écrit le ‘Hazon Ish dans ce siman répondra à la grande koushia du Rav El’hanan Wasserman dans son Kobets Shiourim (§46, 3) (qui avait été devancé pour cette remarque par le Daat Thora dans Kountras A’haron ot 16), mais je ne crois pas que le ‘Hazon Ish savait ce qu’en avait dit Rav Wasserman, car il n’a pas lu le Kobets Shiourim (publié post-mortem), même s’il a lu le Kountras divrei Sofrim du rav Wasserman (publié quelques vingt ans plus tôt en 1924) et lui a envoyé des remarques dessus (Kountras éarot a’hazon ish), auxquelles le rav Wasserman a répondu.]


Concernant l’idée qui consiste à dire que si les poskim n’ont pas vu tel sefer c’est que c’était voulu par D. (le fait qu’il n’ait pas été imprimé à telle époque etc…), c’est aussi une idée en vogue de nos jours, je la trouve truffée de contradictions et elle ne me semble pas inspirée par une ashkafa pure (même si reléguée par des rabanim de renom).

Dans de nombreux sfarim, en lisant à peine entre les lignes, nous voyons qu’ils ne donnaient aucun crédit à cette thèse.

Par exemple le ‘Hayei Adam écrit (Akdama Rishona) qu’il est fier que D. lui ait permis de trouver des ala’hot à travers des livres de rishonim qui n’étaient pas accessibles au Beth Yossef (rav Yossef Karo) et aux autres poskim a’haronim
Ce qui semble aller à l’encontre des idées du ‘Hazon Ish et qui contredit totalement l’idée des partisans du « min ashamayim ».

Selon certains, le ‘Hazon Ish semblait même ne pas attacher trop d’importance à l’identité de l’auteur d’un livre; lors de la parution de son premier tome de ‘Hazon Ish (ora’h ‘Haim) qui est anonyme, il aurait répondu à celui qui lui demandait la raison de son anonymat qu’il lui est pénible d’écrire, il se contente donc d’écrire ce qui est nécessaire pour la compréhension de la ala’ha, ce qui ne l’est pas ne vaut pas l’effort…

Mais il est probable que ce soit une boutade, c’était un peu son genre de réponse lorsque le sujet touchait à la modestie.

(une autre anecdote lors de laquelle il avait dit « qu’un juif lit des tehilim » va un peu dans le même sens)

De toute façon, lorsqu’on voit qu’il écrivait des phrases à rallonge dans l’espoir de leur donner un air poétique (cf. fin de Taarot), on a du mal à imaginer que l’écriture lui était pénible, c’est pourquoi je pense que c’était une manière de « repousser » le questionneur (qui semblait souhaiter une réponse du genre « par modestie »), mais pas qu’il pensait sincèrement qu’il n’y ait aucun intérêt à connaitre le nom de l’auteur d’un livre.


Pour en revenir à votre question, je subodore que les réponses données par les commentateurs sur ce midrash étrange sont de la catégorie qui ne nécessite pas absolument une base, donc la correction du texte ne leur porte pas vraiment préjudice, ainsi, même si je ne souscris pas à l’idée selon laquelle il était voulu qu’une mauvaise version soit imprimée, je crois qu’il ne convient pas de repousser totalement ce recueil d’explications.

Je vous rappelle donc que je veux bien les références des sfarim qui proposent tant d’explications, merci.

Voilà, en espérant ne pas m'être inutilement égaré, je me demande toujours si j'ai bien compris le fond de votre question car je vous avoue être perplexe quant à l'incapacité des Talmidei 'ha'hamim que vous avez questionné en Israel à vous répondre sur ce sujet.

Je m'arrête là sans pouvoir me relire, étant pris par des obligations familiales.


Dernière édition par Rav Binyamin Wattenberg le Mar 17 Mai 2016, 12:50; édité 1 fois
mmdov
Messages: 63
Kvod Harav

Tout d'abord merci pour cette reponse claire et detaillee. A croire que vous avez inspire les autres rabbanim car entre temps une reponse plus succinte mais similaire a la votre nous est parvenue d'un des guedolim interroges.

Voici les references demandees

ייטב לב פנחס סד אות י
ישמח משה נביאים מו
ייטב פנים
דברי יואל בהעלותך שטו ע"א
ויאמר עזרא - קכז
תולדות חיים - קצא
פרדס מרדכי פא
פרשת דרכים - דרך המצפה - דרוש 26
אור המקרא
פעולת צדיק
אזור אליהו
זכור לדוד

Pour une localisation plus precise je vous ai envoye via mail le message complet de remerciement de ma 'Havrouta avec les references.

Chalom ouvra'ha
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6700
Heureux (mais sceptique) de savoir que j'inspire les gdolim d'Israel :)

Merci pour les références.
Mars
Messages: 12
Rav Wattenberg a dit:
Citation:
Seulement, d’aucuns ajoutent que même dans ce dernier cas, la émouna dans la ashga’ha divine (=le fait de croire que D. dirige tout sur terre) implique que l’erreur d’impression (ou de copie) soit voulue par D. et donc la « déviation » ala’hique qui en découle le serait tout autant (voulue par D.).

Cette idée est souvent citée au nom du ‘Hazon Ish.

Je suis tout de même très sceptique.

Tout d’abord, en suivant cette même logique, je dirais que si D. a fait en sorte que nous retrouvions à présent ces anciennes versions, c’est donc qu’Il souhaite que nous corrigions le tir.



Je ne saisis pas totalement votre réfutation, si on se tient littéralement au raisonnement cite plus haut on ne laisse plus de place au libre arbitre de l humain il et donc fort possible que le raisonnement soit base sur la question suivante comment se fait il que D. laisse passer des erreurs sur ce qui est sensé être considéré comme sa volonté. Si on suivrait cette dernière logique cela ne concernerait que ce qui a une influence direct sur la halaha (à ne pas lier avec le système de mahloket qui ne concerne pas le sujet présent) ceci dit il est tout a fait entendable qu une fois la halaha répandu dans le klal israel l'erreur ayant rempli son rôle n'ai plus de raison d'exister ceci pourrait etre une explication au problème des poux pendant shabbat ansi que d autres sujets halahiques dependant de la conception scientifique de nos maitres

je n'ai aucunement la présomption de vous reprendre, vu la pauvreté de mes connaissances ainsi que conception de la thora, je demande simplement explications et éclaircissements, j'attends donc impatiemment votre réponse.

Merci.
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6700
Je ne crois pas vous avoir compris.
Il me semble que vous présentez la pensée suivante:

J'ai écrit qu'en suivant cette idée nous devrions dire que si l'erreur se dévoile c'est que c'est voulu par D. et qu'il attend donc de nous de "corriger le tir".
Ce sur quoi vous rétorquez qu'une fois que la ala'ha est répandue, il est inconcevable de corriger le tir. L'erreur d'impression peut donc être dévoilée car elle n'était nécessaire que le temps que la ala'ha se répande.

C'est cela?

Si oui, dites-moi d'où tenez-vous cette affirmation que la ala'ha ne pourrait pas être corrigée dans le cas d'une découverte de la sorte ?

Par exemple, si dans un livre de ala'ha l'auteur ou l'imprimeur commet une erreur d’inattention et que l'on s'en rend compte après un certain temps de sorte que les lecteurs se sont pliés au din qui ressort de l'erreur, voire que ça devienne une "shita".
Ne pourrait-on pas revenir sur cette habitude s'il s'avère qu'elle n'a jamais été voulue par l'auteur ?
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6700
A propos de que j'ai écrit plus haut, concernant les Rabanim qui appréciaient le sefer Dikdoukei Sofrim, j'ajoute ces Rabanim:

-Rav Isser Zalman Meltzer a dit que s’il avait le temps, la santé et l’accès aux manuscrits dont a disposé Rav Rabinovicz (auteur du Dikdoukei Sofrim), il aurait poursuivi son travail sur les Massekhtot qu’il n’a pas eu le temps de terminer (Bederekh Ets Ha’haim, 1986, II, p.569 et édition de 2006, II, p.654).

Rav Meltzer s’est distingué par son utilisation du Dikdoukei Sofrim dans son Even Haazel, fait souligné par Rav Zewin, voir Yeshouroun (XXIV, p.331, note 16).

[Rav Rabinovicz a publié 15 tomes de Dikdoukei Sofrim (Brakhot, Beitsa, Taanit, Rosh Hashana, Erouvin, Psa’him, Shabbat, Meguila, Sanhédrin, Avoda Zara, Baba Batra, Baba Kama, Baba Metsia, Zva’him et Mena’hot), et lorsqu’il est décédé, il a laissé encore 7 tomes non achevés et à l’état de manuscrits (cf. Maamar Al Hadfassat Hatalmoud -éd. de Habermann, p.267).
L’un d’eux semble être le tome sur Massekhet ‘Houlin dont le relevé des différentes de Guirsaot était terminé et il ne manquait qu’une partie des annotations « Divrei Sofrim », Rav Rabinovicz avait déjà commencé à en faire imprimer les premiers cahiers et est décédé subitement, le 1er jour de ‘Hanouka 1888 à 53 ans. C’est Rav ‘Hanokh Ehrentreu qui s’est occupé de publier ce tome sur ‘Houlin, en 1897.]


-Rav Perlman, le Gadol de Minsk, chérissait et citait le Dikdoukei Sofrim, et il soulignait qu’une différence d’une lettre dans la Guirsa permettait parfois d’expliquer un Rishon injustement écarté de la Halakha (Hagadol Miminsk p.85 et p.160).

-Il y a aussi des Haskamot de plusieurs Gdolei Israel imprimées au début du Dikdoukei Sofrim, et il y en a d’autres qui n’y figurent pas, mais qui sont mentionnées dans le Maamar Al Hadfassat Hatalmoud -éd. de Habermann (p.265), comme celles de R. Tsvi Hirsh Orenstein de Brisk, Rav Méir Auerbach et R. Shmouel Salanter. Ainsi que des Rabanim Sfarades de Jérusalem : R. Avraham Eskenazi (qui a aussi écrit une Haskama au Beit Nathan sur Brakhot, basé lui aussi sur des Guirsaot -le Mikhtav Sofer aussi figure dans ces deux ouvrages en tant qu’approbateur), R. Its’hak ‘Haïm, R. Moshé Pardo, et R. David Bensimon.
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6700
Quant à ce que j'écrivais plus haut à propos de Rav Yaakov Schorr, j'indique aussi qu'il utilisera par ailleurs ultérieurement le Dikdoukei Sofrim une fois imprimé, comme dans son Etim Labina sur le Sefer Haïtim (p.36 note 195, p.41 note 228, p.93 note 291). Ainsi que dans son Kountras Hakhraat Hatalmid (sur le Sefer Hamakhria) (Hakdama), dans Birkat Yaakov (Brakhot, fin de daf 57b -p.322), et dans son Ner Maaravi (§6 vers la fin -Kitvei Ve’hidoushei RYS, p.75).
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6700
En conclusion, la position du ‘Hazon Ish, bien que reprise et mentionnée à tour de bras, reste très étonnante.
Il est clair qu’il ne faut pas abuser et décider que le manuscrit de Munich (ou autre manuscrit) soit forcément plus juste, mais si sa version permet d’éclaircir des points obscurs, il est évident qu’il y a de quoi s’en inspirer.

Le Rav Mendel Kasher (Noam XVI, p.168) a écrit que lorsqu’il a lu ces mots du ‘Hazon Ish il en a été tout abasourdi et n’a pas pu se les expliquer בקראי דברים אלו נשתוממתי על המראה ואיני יכול להבינם.

Le ‘Hazon Ish (Igrot I, §32) affirme que lorsqu’on a commencé à imprimer les Gmarot, les Sages de la génération ont été « Mosrim Nefesh » pour veiller à leur précision dans les moindres détails
וכשהחלו להדפיס את הגמ' מסרו חכמי הדור נפשם על זיקוקו והגהתו.
Mais je ne sais pas d’où lui vient cette information qui semble contredite à la fois par les nombreuses erreurs que l’on trouve dans toutes les éditions d’origine (Il suffit de voir le Ba’h, le Maharshal, le Yaabets et le Rashash et similaires qui corrigent des milliers de passages) et surtout, lorsqu’on voit l’enthousiasme de tous les Gdolei Israel autour du Dikdoukei Sofrim, on comprend qu’ils ne pensaient pas comme le ‘Hazon Ish que ce livre est "presque sans intérêt" car les Gdolim de l’époque de l’impression du Shas auraient veillé à sélectionner les meilleures Guirsaot.

A moins qu’il se soit mal exprimé et qu’en écrivant חכמי הדור il voulait en fait parler des Gdolim des générations suivantes, et il penserait alors assurément au Ba’h et au Maharshal et autres.

Il faut noter que le ‘Hazon Ish s’exprimait à propos de quelqu’un qui voulait aller à l’encontre des Rishonim en se basant sur une Guirsa retrouvée, son idée est donc essentiellement qu’on ne peut pas déstabiliser la Halakha mise en pratique depuis des siècles parce qu’on trouve une Guirsa différente dans un manuscrit, il y avait beaucoup de manuscrits et aucune garantie sur l’un plus qu’un autre.
Néanmoins, dans sa façon de s’exprimer, on voit qu’il n’avait que peu de considération pour les Kitvei Yad, même s’il ne s’agit pas de changer la halakha pratiquée mais seulement de mieux comprendre une souguia.

Et il existe une idée, très lituanienne, de mépris de la recherche via les manuscrits (et les lituaniens qui ont excellé dans le domaine de la recherche étaient souvent un peu mis au ban de la communauté des rabanim, comme R. Shaoul Liberman, le cousin du 'Hazon Ish qui enseignait au JTS -ce qui aurait suffi à l'écarter, mais son intérêt pour les Kitvei Yad y a contribué).

J’ai même vu que Rav Yossef ‘Haim Sonnenfeld aurait dit, au nom de son Rav, le Rav de Brisk (=le Maharil Diskin), que lorsque le Gaon de Vilna a visité la bibliothèque de Munich, il y aurait vu le fameux manuscrit qui comporte tout le Shas (et sur lequel Rav Rabinovicz travaillera pour produire le Dikdoukei Sofrim), et il aurait dit qu’il donnerait tout l’or du monde pour pouvoir l’enterrer (le mettre à la Gniza) et ne pas le laisser en circulation, car cette version du Shas est en fait la Mahadoura Kama de Rav Ashi (la première version de Rav Ashi -rédacteur du Talmud) et elle a donc été annulée par son auteur qui a rédigé une seconde version, plus juste, qui a supplanté la première.
Voir Mara Deara Israel (tome 1, p.57, note 49).

[Une autre source (Hagaon Ha’hassid Mivilna -Jér. 1978, p.122, note31) rapporte aussi cette idée de RYH Sonnenfeld au nom du Maharil Diskin au nom de R. ‘Haïm de Volozhyn. Mais il n’y est pas dit que le Gaon voulait mettre ce Shas à la Gniza, uniquement qu’il l’identifiait comme étant le Mahadoura Kama de Ravina et Rav Ashi.]

C’est sidérant. D’où pourrait-on savoir qu’il s’agit de la première version de Rav Ashi ? Par quel miracle aurait-elle subsisté et été copiée intégralement à l’époque des Rishonim en 1343 (quelques 9 siècles après Rav Ashi) ?
Plus encore, si c’était le cas, cela rendrait ce manuscrit encore plus précieux pour en apprendre plein de choses ; le Rema de Fano (Shout §107 -Jér.2007, p.218) écrit que les Gueonim disposaient de plusieurs cahiers de la Mahadoura Kama de Rav Ashi et c’est ce qui leur confère l’autorité qu’ils ont, car -aidés de cette première version de Rav Ashi, ils pouvaient mieux comprendre certains passages douteux.
C’est aussi ce qu’écrit le Yavin Daat (Y’’D §23,4 -Pietrkow 1932, daf 37a col.2). C’est donc un atout majeur que de disposer de la Mahadoura Kama de Rav Ashi, pourquoi vouloir la mettre à la Gniza ?

J’ai beaucoup de mal à croire à ce genre de légende qui va à l’encontre du bon sens, mais heureusement, ce récit comporte un détail qui prouve qu’il est mensonger et Mezouyaf Mitokho :
Le Gaon de Vilna est décédé en 1797, à cette époque, le Shas en question n’était pas encore arrivé à Munich !
Le ‘Hida (Shem Hagdolim II, Guimel §4, daf 15a col.2) écrit l’avoir vu à Pfersee (proche de Augsburg). Ce n’est qu’en 1806 que ce Shas est arrivé à Munich comme indiqué par Rav Rabinovicz (Hakdama du Dikdoukei Sofrim, Brakhot p.35).

Erreur fatale. [On pourra tenter de dire que l'histoire reste vraie mais que le Gaon n'était pas à Munich seulement à Pfersee, mais il y a déjà un élément qui laisse entendre que l'imagination a une belle part dans cette histoire, afin de s'opposer aux analyses comparatives de Guirsaot.]
ça par contre, c'est effectivement Min Hashamayim (puisqu'indépendant de la Be'hira humaine), D.ieu dans Sa grande bonté a placé quelques indices pour que l'on puisse, des années après, dévoiler des supercheries et découvrir que certains récits ne sont pas très fiables.

[Le Haga Mena’hem Tsion (ad Shem Hagdolim, §27) n’a pas compris que ce Shas qu’a vu le ‘Hida à Pfersee était le même que verra Rav Rabinovicz à Munich, car il s’imaginait que ce dernier datait de 300 ans après la clôture du Talmud.
En fait c’est plutôt 900 ans, et très exactement, en 1343, l’année précise qu’indique le ‘Hida pour le Shas vu à Pfersee.]
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