Citation:
Pourriez-vous m'indiquer à quoi correspond le passage que certaines communautés chantent entre le kidouch de chabat et motsi, "Lemivtsa al rivta [etc.] " ?
Quel est l'origine de ce texte, son sens, et son lien avec chabat ?
Ce n’est pas
Rivta mais
Rifta, "pain" en araméen.
C’est un Minhag marocain répandu. A la base, c’est une strophe du
Azamer Bishva’hin (dans Atkinou Seoudata du soir), un chant kabbalistique du
Arizal (signé par les initiales de chaque phrase « Ani Its’hak Loria ben Shlomo »), c’est la partie finale, qui chante les louanges du pain et de l’huile d’olive comparée dans son écoulement silencieux aux secrets de kabbale.
c’est en araméen, en voici les paroles :
למבצע על רפתא, כזיתא וכביעתא, תרין יודי"ן נקטא, סתימין ופרישין.
משח זיתא דכיא, דטחנין ריחיא, ונגדין נחליא, בגוה בלחישין.
הלא נימא רזין. ומילין דגניזין. דליתהון מתחזין. טמירין וכבישין.
אתעטרת כלה, ברזין דלעילא, בגו האי הילולא, דעירין קדישין.
Et en voici une traduction en hébreu :
לבצוע על הפת, כזית וכביצה, שני יודי"ם לקוחה, סתומים ומפורשים.
שמן זית זך, שטוחנים הריחים, ומושכים הנחלים בתוכה בלחישות.
הלא נאמר סודות, ומלים הגנוזים, שאינם נראים, טמונים וכבושים.
נתעטרה הכלה, בסודות של מעלה, בתוך הילולה זו של מלאכים קדושים.
Je crois que le traduire en français n’aurait aucun sens
(-déjà en hébreu…) car il faut comprendre les allusions qui ne sont repérables qu’à travers les expressions consacrées selon la convention.
Ce chant est lié à shabbat
(la Kala en question) et plus particulièrement au vendredi soir –alias
‘Hakal Tapou’hin (-voilà un exemple de traduction futile : à quoi servirait de traduire ces mots en « verger de pommes » ? Quel lien entre les pommes et la première partie du shabbat ? c’est pourquoi j’écrivais que ces expressions ne se traduisent pas vraiment.)
[Les marocains ajoutent ensuite Al Hakol et Potéa’h…]
Rabbi Yossef Messas écrit
(Shout Mayim ‘Hayim I, §67) qu’il a cherché le sens du
Leshem Yi’houd qu’il était habitué à dire et n’a rien trouvé de satisfaisant car c’est un texte kabbalistique et
« les vrais kabbalistes sont en voie de disparition, substitués par des écervelés à l’imagination débordante qui jouent aux Guematriot » -C’est une traduction libre. Voici ses mots
(un peu plus brutaux) en hébreu :
ובזמה"ז תמה ונשלמה חכמת הקבלה מערי המערב, ותחתיה עמדה קבלה חדשה אצל בעלי הדמיון, מלאה... רק חלופי אותיות וגמטריות וסודות מעולפים בדברי הבאי אשר בדו מלבם ריקי המוח
Voyant qu’il ne trouvait pas d’explication au
Leshem Yi’houd en dépit de tous les kabbalistes qu’il avait pu consulter sur cette question
(et qui lui répondaient des inventions de leur cru, sans fondement et parfois hérétiques !), il décida d’arrêter de le dire.
Mais il précise qu’il continu toujours de dire le
« Lemivtsa Al Rifta » (sous-entendu : bien que ce soit tout autant incompréhensible) en raison de son air sympathique auquel il est attaché
(pour אהבת הנגון ).
Je suppose que d'autres se lanceraient volontiers dans des "explications kabbalistiques" sur la profondeur de chaque mot du
Lemivtsa Al Rifta, mais ce n'est pas mon domaine et je craindrais d'être parmi ceux que
Rav Messas critiquait à ce sujet.