Chalom,
Dans le traité Mena'hot (63a), la Michna rapporte la question soulevée par Rabbi Yossi HaGlili : "Quelle différence entre la Ma'havat [l'oblation (Min'ha) sur la poêle] et la Mar'hechet [l'oblation dans le poêlon]". Et Rabbi Yossi Haglili de répondre que le premier ustensile (Ma'havat - la poêle) n'avait pas de couvercle tandis que le second (Mar'hechet - le poêlon) en possédait un.
Sur cette Michna, le Ben Ich 'Hai (dans son commentaire sur les Agadot du Talmud : Benayahou) demande : pour quelle raison la Torah fait-elle une différence entre ces deux ustensiles, pourquoi l'un a-t-il un couvercle et l'autre pas ? Le Ben Ich 'Hai répond en rapportant l'enseignement du traité Yoma (86b) qui met en contraction deux versets :
1) Téhilim (32;1) : אַשְׁרֵי נְשׂוּי פֶּשַׁע כְּסוּי חֲטָאָה (heureux celui dont les fautes sont remises, dont les péchés sont couverts). Ce verset nous suggère qu'il est bien pour un homme de cacher ses fautes, de ne pas les dévoiler.
2) Michlé (28; 13) : [...] מְכַסֶּה פְשָׁעָיו לֹא יַצְלִיחַ (celui qui cache/dissimule ses péchés n'aura pas la réussite). Ce qui laisse entendre, contrairement au premier, qu'il ne faut pas cacher ses fautes.
Le Talmud poursuit et nous répond qu'il n'y a en réalité aucune difficulté à résoudre ce problème, le premier verset faisant référence aux commandements : "Ben Adam LaMakom" (entre l'homme et Son Créateur) tandis que le deuxième verset fait références aux commandements "Ben Adam La'Havéro" (entre un homme et son prochain). Ainsi, lorsqu'un homme commet un péché envers Hachem, il ne doit pas le dévoiler, mais au contraire le cacher (comme suggéré dans le psaume 32).
Entre un homme et son prochain, c'est différent, la faute ne doit pas demeurer secrète, afin de permettre à l'entourage d'encourager "la victime" à pardonner à "l'agresseur". On comprend ainsi la différence entre la Mar'héchet (avec couvercle, car elle venait expier les fautes Ben Adam LaMakom) et la Ma'havat (sans couvercle, car elle venait expier des fautes [Ben Adam La'Havéro] qu'il était bien de dévoiler aux autres).
Ma question : comment comprendre cet enseignement ? En dehors de l'explication ramenée par le Talmud, en quoi est-il positif de dévoiler publiquement une faute commise entre l'homme et son prochain ? Prenons quelques exemples : Chimon médit sur son ami Levy (Lachon Ara); Réouven offense/insulte Raphael (Onaat Devarim); Dan vol son employeur en arrivant tous les matins avec 30 minutes de retard (Guezel). Dans ces trois cas, ne vaut-il pas mieux que le problème se règle seulement entre les personnes concernées [le pêcheur et la victime] ? Pourquoi devoir dévoiler au grand public la faute commise ? N'est-ce pas là rajouter une gêne/honte supplémentaire au pêcheur?
A moins que l'enseignement du talmud ne s'applique qu'à certains types bien précis de fautes Ben Adam La'Havéro qu'il faudrait effectivement ébruiter, auquel cas je serais grandement intéressé à en savoir un plus sur le sujet.
Merci et Kol Touv.
PS : je me suis aidé du commentaire tiré du livre "La Paracha" sur Tsav (édition Leket Eliaou, pages 70-73) pour rapporter cet enseignement.