Yom Kippour n'efface pas les fautes envers un être humain, uniquement celles qui ne concerne que D.ieu, et seulement "certaines" fautes.
(il y a des degrés/catégories de fautes et différents facteurs qui procurent le pardon. cf. Yoma Daf 86)
Pas que les autres soient irrémissibles, mais elles ne sauraient dépendre uniquement du jour du grand pardon.
Quant à vous, vous n'êtes pas tenu de pardonner à une personne qui ne fait rien pour s'amender et prouver qu'elle regrette sincèrement le tort qu'elle vous a causé.
Demander pardon en veille de Yom kippour et sans le penser n'est qu'une attitude réservée aux enfants à l'école.
Il faut regretter sincèrement et se repentir.
Une fois arrivé à résipiscence, le truand pourra espérer la grâce du spolié.
Donc si quelqu'un vous a dépossédé de toute votre fortune, avant de demander pardon, le prévaricateur devrait déjà commencer à rembourser sa concussion.
Ensuite il pourra implorer votre pardon que vous serez bon de lui accorder si vous constatez un réel et sincère regret.
Mais tant qu'il ne parle pas de remboursement, vous n'avez pas à lui pardonner (sauf si vous estimez qu'il souffre d'une déficience mentale qui ne lui permet pas de se rendre compte du tort qu'il cause aux autres).
C'est beau de pardonner, mais uniquement lorsque ce pardon est souhaité/demandé/imploré par celui qui a causé le tort.
Sans quoi, offrir son pardon à une personne qui profite de cette "générosité", ça fait un peu chrétien.
L'idée de "la loi du talion" - même si la Torah orale interdit strictement de l'appliquer à la lettre (en effet, il s'agit de compensations financières seulement, désolé pour Shakespeare et son Marchand de Venise) - s'oppose à cette mentalité du pardon excessif qui n'est pas bon pour le développement du monde et de la civilisation.
Tout le monde connait le verset du Nouveau Testament (Matthieu V, 39) et (Luc VI, 29) qui conseille à celui qui a été giflé sur la joue droite, de tendre l'autre joue...
Cette attitude est stupide, selon moi.
Il y a bien longtemps, j'avais 14 ou 15 ans, je sortais de la synagogue et je marchai seul dans une rue un peu plus éloignée, lorsqu'un grand type m'a attrapé par le bras tout en m'emboîtant le pas et dans une démarche de prosélytisme qu'il devait juger charitable, il commença directement en ces termes:
"-Vous dites œil pour œil, dent pour dent, mais nous, nous disons que si quelqu'un te frappe sur la joue droite, tend-lui la gauche. Tu vois, notre religion est meilleure!"
Franchement, il y avait plusieurs façons de lui répondre, mais vu la situation - mon jeune âge et sa taille - et qu'il me pressait le bras assez fort, je n'ai pas résisté et j'ai répondu à sa publicité pour la "shita" de tendre la joue gauche:
"-Chiche? on essaye ?"
Il est remarquable que la religion supposée ici pacifiste, est celle qui a exterminé le plus d'êtres humains dans l'Histoire de l'humanité.
Dire à un juif "nous on tend la joue gauche alors que vous, vous vous vengez" est sidérant quand on sait combien de disciples de cette religion ont assassiné et oppressé des juifs innocents par milliers durant des siècles et le tout, parfois avec la bénédiction implicite ou même explicite de leurs chefs spirituels.
Dans cette histoire, ceux qui ne se sont pas vengés sont plutôt les juifs.
Tandis qu'eux, pensaient venger un "dieu" trucidé par le "peuple déicide".
Quel délire !
Ma situation était assez cocasse; se faire agresser physiquement par une personne qui explique que sa religion est meilleure car si on le giflait, il tendrait l'autre joue !
Commence déjà par ne pas agresser les autres avant de réfléchir à ce que tu dois faire de ton autre joue !
Je pouvais aussi lui répondre que ce n'est pas parce que c'est "moins agressif" que c'est "mieux".
Il y a certaines situations où le pacifisme est stupide. C'est ce que les Sages disent: Haba Lehorguekha, hashkem lehorgo! (Yoma 85b, Brakhot 58a et 62b)
Sans quoi, c'est l'anarchie.
Voir aussi le Coran (II, 179) et surtout (V, 45) qui souligne la nécessité de la loi du talion.
En poussant un peu plus loin cette philosophie très chrétienne, on ne devrait plus juger les criminels...
Honnêtement, je ne crois pas que Jésus ait réellement voulu dire ça. C'est tellement absurde, insensé et déraisonnable, que même en ayant une piètre opinion de l'auteur supposé de cette phrase, on a du mal à croire qu'il fallait la prendre à la lettre.
De plus, Jésus affirme - toujours selon le même Matthieu, un peu plus haut (V, 17-18)- qu'il n'est pas venu changer la Loi ni l'abolir.
Dès lors comment concilier ça avec le verset (Shemot XXI, 24) qui dit bien "œil pour œil, dent pour dent" ?
Forcément, il faut comprendre que Jésus ne voulait que dire qu'il fallait trouver une autre voie que l'escalade de la violence et proposait de tenter de calmer les ardeurs de son opposant en lui tendant l'autre joue - SI cette démarche peut porter ses fruits.
Mais si l'on a affaire à un possédé qui ne rêve que de nous tabasser, bien entendu, il faudra se défendre, même selon les Evangiles.
Je dois avouer ressentir un certain inconfort lorsque je tente une interprétation de ce livre qui n'a rien à voir avec ma religion, les disciples de Jésus auraient vite fait de se dire " qui est ce trublion ? de quoi se mêle-t-il celui-là ? Pour qui se prend-il pour penser pouvoir interpréter notre livre?..."
Et ils auraient bien raison de vitupérer contre mon insolence, on ne peut pas se permettre d'interpréter un texte qu'on ne connait pas parfaitement.
Un peu comme lorsqu'il m'arrive de tomber sur des tentatives d'interprétations d'un passage du Talmud par un ignorant (non-juif ou juif), Am Haarets, Bour et Tutti quanti , c'est un moment où l'on souhaite que chacun se mêle de ce qui le regarde...
Mais ici, je me permets un petit écart, en pensant pouvoir appuyer ma théorie sur différentes preuves (en plus du bon sens souligné plus haut).
Par exemple, nous trouvons (Jean XVIII, 22) qu'un garde gifla Jésus en personne et ce dernier n'a pas eu la réaction prônée par le [sens simple du] verset de Matthieu (V, 39), mais il lui reprocha son geste par ces mots: "pourquoi me frappes-tu ?".
Certes, nous sommes encore loin de la réaction d'une personne irascible et atrabilaire. Mais franchement, pour une fois que l'occasion se présentait, pourquoi n'a-t-il pas tendu l'autre joue "pour le fun" ?
C'est qu'il devait savoir que l'autre joue aurait été servie par ce garde généreux...
CQFD. Même Jésus ne considère pas qu'il convienne systématiquement de tendre l'autre joue (surtout si c'est risqué).
Je m'arrête-là car je ne pense pas qu'il me revienne vraiment de donner mon avis sur les Evangiles, je ne voudrais pas que ce soit mal interprété.
Il y aurait encore à dire sur le sujet, mais je me rends compte que ça n'a pas un grand rapport avec votre question d'origine !
Je termine juste en précisant que je sais bien que l'on pourrait contrer mon interprétation des Evangiles par une preuve tirée du verset dans Luc (VI, 30) (qui parle d'un "shev veal taassé"), mais je reste malgré tout sur ma position.