Votre ignorance est toute pardonnée,
voire même partagée !
Je ne saurais trop vous expliquer
"à quoi sert le Passouk d'une personne", disons que c'est une ancienne coutume commune à beaucoup de juifs, on la retrouve dans le
Aroukh Hashoul'han (§122, 8), le Kitsour Shoul'han Aroukh (§18, 15), le Daat Torah (§122, 3) et (§156, 1), le Kaf Ha'haim (o"h §122, sk.11), le Yafé lalev (§122, sk.3) et des tas d'autres sfarim, sans parler des Sidourim...
On retrouve ça déjà bien plus tôt dans le
Elia Raba (§122, sk.3). On le cite aussi souvent au nom du
Shla qui dirait que c'est une segoula pour ne pas oublier son nom au moment du jugement suprême (?!)
Je sais, c'est à y perdre son latin...
Encore faudrait-il, à ce moment terrifiant, se souvenir de son Passouk !
Le
Shout Hitorerout Tshouva (I, §52) préconise de donner la préférence à un verset connu de tous, mais ce n’est pas dans l'espoir de se le faire souffler en cas d'oubli, c'est en raison du problème de « réciter un verset par cœur ».
D'autres auteurs
(Yabia Omer IX, §13) se contenteront du fait que le concerné connaisse ce verset par cœur, même s'il est le seul.
On dit que cette idée se trouve dans le
Shla, mais je ne sais pas si cela s'y trouve réellement. Si oui, c'est probablement dans massekhet guehinom.
Il faudrait chercher, mais je n'ai pas de Shla sous la main.
Le
Minhag Israel Torah (I, p.161) écrit en tout cas que ça ne se trouve pas dans le
Shla.
Mais il écrit aussi que ça ne se trouve pas non plus dans le
Kitsour Shla, or c'est une erreur de sa part, car ça s'y trouve (dans
l'édition d'Amsterdam 1721, daf 115a) -au nom du
Arizal bien entendu.
On trouve dans des anciennes sources que cette coutume est "al pi kabala" et selon les habitudes et conseils du
Arizal, voir par exemple dans le
Sefer Ben Tsion (imprimé en 1690)
(daf 33b en bas et 34a)
en voici un lien car rares sont ceux qui le possèdent:
http://www.hebrewbooks.org/pdfpager.aspx?req=22367&st=&pgnum=69
(j'indique avec précision « en bas de 33b » car il n'y a pas -encore- de possibilité de recherche sur ce livre dans Hebrewbooks, [Sefer not yet OCR'd] comme ils disent.)
Le
Minhag Israel Torah (I, p.161) suite à cela, cite encore le
Rashi (Mikha VI, 9) qui mentione cette idée.
Mais il est connu que ce texte n'est pas de
Rashi, il est d'ailleurs (en principe) entre parenthèses dans le commentaire de Rashi.
Il s'agît d'ajouts kabbalistico-mystiques dans le texte de
Rashi par des éditeurs.
C'est tiré du
Agoudat Shmouel, mais pas signé Rashi.
Le
'Hafets ‘Haim explique à sa manière le phénomène de l'oubli du nom
(au moment du jugement), dans
Shmirat Halashon (II, divrei kvoushin dans la note, après le perek 7) (p.290 dans l'édition Mishor).
Voir encore le
Gaon de Vilna dans son
Biour sur le Tikounei Zohar 'Hadash (96c en bas)(et dans Nitsotsei Zohar 96c note 17) qui explique différemment la notion de « l'oubli » du nom.
Voir aussi
Sefer Habahir (§80) ouminalan deshmo goufo… et dans le
Or Bahir (p.35).
Il faut savoir que le concept même se retrouve dans le
Zohar 'Hadash (Routh 84c et voir aussi A'harei Mot 49a) qui parle d'oubli du nom sans pour autant conseiller d'insérer un verset à la fin de la Amida.
Idem dans
Massekhet 'Hibout Hakever (§2) (ce Midrash se trouve dans le Reshit 'Hokhma -Shaar Hayira §12 ou encore dans le 'Hessed Leavraham qui a écrit un commentaire dessus dans Maayan 5, Nahar 1,2,3,4) où il est aussi mentionné l'oubli du nom au moment du décès, ou plutôt le fait ne « pas connaitre son propre nom ». (Cf. le
Sefer Habahir §80 cité plus haut).
Mais il n'y a pas de mention d'un verset à utiliser comme moyen mnémonique.
Il faut d'ailleurs savoir que cette habitude n'est pas admise par tous. Le
Or'hot Haim (Spinka)(§122, sk.4) voit un problème à citer un passouk dans la amida s'il ne s'agît ni d'une demande, ni d'une louange et étant donné que cette recommandation ne figure pas dans le
Talmud ni dans le
Zohar, il indique donc de réciter ce verset après avoir totalement terminé la amida, avoir reculé de trois pas et avoir dit Ossé Shalom.
Même ceux qui ne s'en affolent pas autant conseilleront de choisir de préférence un verset qui répondrait à l'un de ces critères (bakasha/sheva'h) si possible (cf.
Shout Az Nidberou IV, §45)
Bref, je ne dois pas vous avoir avancé de beaucoup. Comme je vous le disais plus haut, je partage votre ignorance sur ce sujet, les explications avancées par le
Gaon de Vilna ou le
‘Hafets 'Haim (mentionnés) et autres nombreux kabbalistes (que je n'ai pas cité) ne sont pas satisfaisantes pour celui qui n'est pas initié à certains concepts kabbalistico-abstraits.
En conclusion, c'est un beau minhag, non obligatoire, qui permet de connaitre au moins un passouk « méconnu » par cœur
:)