Ma première réponse est:
Ne faites pas confiance à tout ce qui se dit sur internet, vérifiez avant tout si l'auteur de ce que vous lisez est un talmid 'hakham reconnu.
Sinon, ne lui accordez pas votre confiance sans avoir au préalable analysé et vérifié chaque mot.
Il y a ceux qui mentent sciemment et il y a aussi ceux qui se trompent constamment.
ça n'est pas tout de savoir lire et traduire l'hébreu, le Am Haarets se trompera encore même en ayant le texte et le dictionnaire sous les yeux.
Voyez ce que j'explique ici:
http://www.techouvot.com/refome_ou_progres-vt14592.html?highlight=
Mais c'est en fait ce que vous tentez de faire en posant la question ici: vérifier si tout ceci est vrai. Bravo.
Et vous avez bien fait, car ça n'est pas "tout à fait vrai" selon moi.
(Vous pouvez -et devez- aussi remettre en question ce que JE vous écris ici, vérifiez ce que je vous dis, renseignez-vous, ne faites pas confiance à un inconnu.
Toutefois, si vous avez le choix entre accorder votre confiance à un inconnu qui confirme ce que tous les rabanim disent ou alors faire confiance à un autre inconnu qui contredit tous les rabanim, il vaut mieux accorder votre confiance au premier, le temps de pouvoir vérifier par vous-même [et ça aussi, vérifiez-le par votre bon sens avant de me croire])
Ne parlons que du point qui vous intéresse (le couvre-chef des femmes) car il serait trop long de tout traiter.
Dire: "
il autorise les femmes mariées à ne pas se couvrir la tête" me semble faux.
En lisant le texte (
Otsar Hamikhtavim §1884) on constate avant tout que son intention n'est QUE de donner un limoud zkhout sur les femmes qui ne respectent pas cette halakha et il me semble que s'il voulait dire plus que cela
(=un héter officiel et lekhat'hila), il faudrait admettre qu'il se soit trompé car ses arguments ne permettent pas une telle conclusion!
Lisez mon explication (postée il y a 4 ans sur ce site) à cet endroit:
http://www.techouvot.com/kimhit_berakha_ou_kelala-vt14692.html?highlight=messas
dans mon message du 29 mars 2012, je réponds à des internautes qui comme vous avaient lu cette information vraisemblablement sur le même site que vous, qui indique "
qu'il n'y a pas d'interdit à ne pas se couvrir la tête".
En suivant ce lien, le mot
Messas sera en rouge pour retrouver plus facilement les citations qu'en font deux internautes et l'endroit où j'explique ce texte dans mon post.
Je vous conseille de tout lire depuis le début (et il y a aussi une suite, il y a deux pages sur le site), mais lisez au moins ce message vous comprendrez pourquoi je dis que
rav Messas n'est pas venu ANNULER le couvre-chef féminin (d'ailleurs, sa femme se couvrait les cheveux...).
J'ajoute encore un point:
dans ce texte vous verrez que j'explique que le raisonnement de rav Messas ne concerne que le fait de se couvrir la tête à l'intérieur (à la maison), pas à l'extérieur.
C'est pourquoi je préfère expliquer qu'il ne s'inscrit que dans un gueder de limoud zkhout, car s'il fallait dire que son intention était réellement de dire que c'est Moutar (comme l'écrit le blog que vous avez lu), il faudrait admettre que le
Rav Messas ait commis une erreur de raisonnement (qui invaliderait -de toute façon- sa preuve).
Donc dans les deux hypothèses, qu'il se soit trompé ou non, il est interdit aux femmes de sortir la tête découverte dans la rue.
Je tenais à présent à ajouter que même sa preuve basée sur le
Maharam Alaskar relèverait d'une erreur d'appréciation du même acabit, car ce dernier ne parle que de Dat Yehoudit et non de Dat Moshé.
C'est ce que souligne le
rav Avraham Dorai dans son magnifique
Shout Aderet Tiferet (I, §34, p.160).
APRES que vous ayez lu ce post (vers lequel je renvoie plus haut), j'ajouterais une autre idée qui semblent ignorée par l'auteur de ce blog et par tant d'autres.
C'est une idée dont j'ai parlé justement CE MATIN avec
rav David Yossef (auteur du
Halakha Broura, fils de
rav Ovadia Yossef)
La voici: il faut savoir que l'on peut trouver des opinions permissives sur quasiment TOUT dans la halakha
(dès que ce n'est pas explicite dans la Torah de manière absolument claire).
Respecter la halakha ne consiste pas à trouver une opinion s'accordant avec chacune de nos actions, mais de suivre un "mouvement", une "pensée", une conception générale des sages.
Il y a
(déjà au niveau du Talmud) un sage qui pensait qu'il n'y aura PAS de mashia'h
(Sanhedrin daf 98),
un autre pensait que la Bar Mitsva est à 12 ans
(Nida daf 45b),
un qui autorise d'uriner aux toilettes en ayant les tfilines sur soi (!)
(Brakhot 23a),
un qui disait
Boré minei deshaïm à la place de
Boré Pri Haadama (Brakhot 35a),
un pour qui on ne prie Moussaf qu'en Tsibour, pas à la maison
(Brakhot 30a),
un qui autorisait le poulet cuit au lait
('Houlin 113a), etc...
Ensuite avec les Rishonim, on en a encore plus, puis sont venus les a'haronim...
Parmi eux, certains permettent des tas de choses contraires à ce qui se fait habituellement
(comme allumer la lumière (manuellement) à Yom Tov, etc.)
[tout comme certains interdisent des tas de choses qui sont considérées permises habituellement (comme interdire l'usage de la minuterie pour shabbat)].
Si un site sur internet vous dit qu'il est autorisé de manger du poulet avec du lait, que ce n'est pas la peine de faire moussaf chez soi, qu'on peut aller aux WC avec les tfilines sur soi, qu'il faut dire Boré Minei deshaïm sur les légumes, qu'on devient bar mitsva à 12 ans et que le mashia'h ne viendra jamais, vous ne douterez pas un instant que l'auteur de ces "psakim" est un Am Haarets qui est tombé sur des textes et décide que c'est "la halakha" sous prétexte que c'est bien la shita d'un Tana ou d'un Amora.
Pourtant, lorsque l'on cherchera systématiquement les koulot des Rishonim ou des a'haronim, on a parfois tendance à se dire "puisque ces rabbins étaient à une période post-talmudique, c'est qu'on ne contredit pas le Talmud en les suivant".
C'est vrai, cependant la halakha c'est suivre le Talmud SELON l'interprétation majoritaire (Cf.
Sanhedrin 33a), ce n'est pas collectionner les héterim
(permissions isolées) de chaque possek et pratiquer un judaïsme qu'aucun de ces poskim n'aurait toléré!
Le
Rav Messas s'opposait à des opinions que le blog que vous avez lu soutient certainement.
(Par exemple, le Rav Messas s'est opposé au Rav Goren -et particulièrement lors de son héter des mamzérim dans l'affaire dite des «
frère et sœur » voir ici:
http://www.techouvot.com/kabalat_chabat_origine-vt1928.html?highlight= dans mon post du 15 août 2014)
Je ne dis pas que lorsqu'on suit l'opinion d'un rabbin on se doive de le suivre de A à Z sur toutes ses shitot, mais je dis qu'on ne doit pas "faire son marché" en fonction des koulot que l'on peut trouver à droite et à gauche.
Car, encore une fois, agir selon la halakha ce n'est pas trouver une shita qui justifie chacune de nos actions, c'est trouver une cohérence dans la avodat Hashem.
Si l'ensemble des psakim que l'on se crée est en finale dénoncé dans sa globalité par tous les rabanim sur lesquels on s'appuie
(et leurs héritiers spirituels), si aucun des rabanim dignes de ce nom ne valide sa totalité, c'est qu'on sort du cadre de la halakha.
Si
rav Messas permettait telle ou telle chose
(car il a en effet été très meikel sur certaines choses), il était contre la hashkafa générale qui anime ces gens qui cherchent toutes les koulot possibles.
Mais comme je l'expliquais plus haut, Rav Messas lui-même ne PERMETTAIT PAS de retirer le kissouy rosh, car si c'était le cas, il se serait trompé dans son raisonnement (et de toute manière sa conclusion serait donc fausse, on ne pourrait donc pas s'appuyer dessus) -voir ce que j'écris grâce au lien indiqué.
Il faut savoir qu'un grand Rav PEUT se tromper.
Il y a une hashkafa assez moderne selon laquelle un grand Rav ne pourrait pas se tromper, selon moi cette hashkafa frise l'apikorsout.
Le Talmud affirme qu'un rav peut se tromper et que c'est arrivé dans l'histoire, chez les Amoraïm et même chez
Moshé rabénou!
Je ne suis donc pas affolé de parler de cette éventualité;
Rav Messas peut se tromper.
Il se trouve que je suis un très grand "fan" de
rabbi Yossef Messas zekher Tsadik vekadosh livrakha, ceux qui me lisent le savent, ceux qui assistent à mes shiourim aussi.
J'adore ses sfarim, il est "délicieux" dans son raisonnement et dans sa vision de la vie.
Mais cela ne m'empêche pas de soulever des erreurs dans ses écrits -et j'en ai relevé plusieurs.
Et enfin, pour terminer, il faut aussi savoir que de nombreux psakim du
Rav Messas étaient refusés par ses pairs et par les autres poskim.
Tous le respectaient et l'aimaient, mais n'étaient pas toujours d'accord avec ses décisions halakhiques.
Le
Rav Ovadia Yossef s'est souvent opposé au
Rav Yossef Messas avec force, il a publié des critiques et remarques sur le
Shout Mayim 'Haim (voir
Yabia Omer X, O"H §54 -en remarquant les expressions violentes parfois utilisées).
(voir aussi
Yabia Omer III, O"H §1, 9 et aussi §29, 6)
Le
Rav Matslia'h Mazouz en parle avec encore moins de respect et va jusqu'à écrire qu'on ne peut pas se fier à ses psakim!
(Ish Matslia'h, 1, §3 et aussi §32)
Rabbi Méir Mazouz (annotations sur Ish Matslia'h, 1, p.552) soulignera une grave erreur du
Rav Messas sur les hilkhot shabbat dans son
Otsar Hamikhtavim (§1765).
Il cite aussi au nom de
R. S. Idan, que
Rabbi Ra'hamim 'Haï 'Hwita Hacohen interdisait à ses élèves la lecture du
Mayim 'Haim car ses koulot sont parfois excessives...
(ce qui n'empêche pas ce rav de citer lui-même le Mayim 'Haim dans son Sim'hat Cohen I, §5).
Bref, le
rav Messas était d'après tout le monde (enfin, ceux qui l'ont connu) un grand Tsadik, mais ses psakim ne sont pas toujours "validés" /acceptés dans la halakha.
Il y a pire encore, par exemple le
Meam Loez, dont les halakhot sont très discutées, voir
Pélé Yoets (erekh Assoufa) et voir ce que j'écris ici:
http://www.techouvot.com/pour_rav_wattenberg_au_sujet_du_pele_yoets-vt17511.html?highlight=
(message du 19 mars 2015)