Jusqu’à l’époque de la Michna, la fixation du calendrier se faisait par décision du Sanhédrin, qui statuait après avoir entendu des témoins venus affirmer devant lui qu’ils avaient observé l’apparition d’une nouvelle lune (Roch hachana 2, 7).
Au deuxième siècle de l’ère commune, Rabbi Yehouda ha-nassi mit fin à cette procédure. Celle-ci avait en effet perdu toute fiabilité, en raison notamment des manœuvres ourdies par les Samaritains, qui induisaient les Juifs en erreur sur le moment exact de la Néoménie.
Ce système fondé sur l’observation visuelle fut remplacé par deux amoraïm de la première génération, Chemouel et rav Adda, qui introduisirent un mode de calcul du calendrier fondé sur les données de l’astronomie.
En ce qui concerne l’introduction d’un treizième mois (adar chéni), on se basa sur les calculs d’un astronome athénien, Méton, qui avait constaté, au cinquième siècle avant l’ère commune, qu’il y avait exactement 235 lunaisons en 19 années solaires, ce qui se traduit concrètement au retour des nouvelles lunes aux mêmes dates tous les 19 ans.
De là une règle consistant en sept intercalations d’un mois en dix-neuf ans dans le calendrier lunaire (« cycle de Méton »). Ces intercalations sont basées sur le fait que 19 ans lunaires auxquels sont ajoutés 7 mois correspondent à 19 ans solaires.
Ces sept intercalations ont lieu : la troisième, la sixième, la huitième, la onzième, la quatorzième, la dix-septième et la dix-neuvième années de chaque cycle de dix-neuf ans.
C’est ainsi que l’année 5765, qui est la huitième du cycle, est embolismique, et que les prochaines à posséder deux mois d’adar seront l’année 5768 (2007-2008), c’est-à-dire la onzième, et l’année 5771 (2010-2011), la quatorzième.
Reste que des différences, parfois minimes, mais significatives, se présentent dans les divers modes de calcul de l’année, c’est-à-dire la durée de la révolution de la terre autour du soleil :
Selon Chemouel, la durée d’une année est de 365 jours et 6 heures, cette durée étant celle de l’année « julienne ».
Pour rav Adda, elle est de 365 jours, 5 heures, 55 minutes et 25 et 27/57 secondes, soit une différence d’un peu moins de 5 minutes.
Signalons au passage que, selon le calendrier grégorien, l’année dure 365 jours, 5 heures, 49 minutes et 12 secondes, et selon les données astronomiques modernes 365 jours, 5 heures, 48 minutes et 46 secondes.
Ces indications conduisent à formuler deux remarques :
1. L’année de rav Adda est beaucoup plus proche, alors qu’elle l’a précédée de onze siècles, de la réforme grégorienne, laquelle a été introduite au seizième siècle. Cela démontre l’avance considérable des Maîtres du Talmud sur les connaissances astronomiques de leur époque.
2. Il existe, entre l’année de rav Adda, qui détermine aujourd’hui l’établissement de nos calendriers, et l’année calculée selon les données astronomiques modernes, une différence en plus de 6 minutes et 39 et 27/57 secondes. Cette différence correspond à près d’une heure et demie en dix ans, d’environ 15 heures en un siècle, et de plus de six jours en dix siècles.
Or, la fête de Pessa‘h, qui est également appelée ‘hag ha-aviv (« Fête du printemps » – voir Chemoth 34, 18 ; Devarim 16, 1), doit obligatoirement, selon la halakha, tomber au printemps.
C’est dire que, si le Machia‘h tarde encore à venir, Pessa‘h finira par tomber en été, ce que la halakha ne saurait admettre !
N’est-ce pas là une preuve que notre espérance messianique ne sera pas déçue ?!