Miryam : Le titre de “prophétesse” conféré à Miryam résulte du texte même de la Tora (Chemoth 15, 20) : “Miryam, “la prophétesse”, sœur de Aaron, prit en main un tambourin…” En quoi a consisté son don prophétique ? se demande-t-on dans Meguila 14a. En ce qu’elle avait prédit la naissance d’un frère qui sauverait Israël. D’où sa désignation comme “sœur de Aaron”, et non comme “sœur de Moïse” : Lorsqu’elle a prophétisé, elle n’avait qu’un frère, Aaron.
La Guemara ajoute : Miryam, qui était une prophétesse, a annoncé : “Ma mère donnera le jour à un fils qui sera le sauveur d’Israël !” A la naissance de Moïse, toute la maison s’est emplie de lumière. Son père lui a alors dit : “Ma fille, ta prédiction s’est réalisée !” Mais lorsque Moïse a été jeté dans le fleuve, il lui a demandé : “Ma fille, qu’est devenue ta prophétie ?” C’est ce que signifient les mots : “Sa sœur se tint à distance, pour savoir ce qui s’accomplirait” (Chemoth 2, 4) – pour savoir si sa prophétie allait se réaliser (Sota 13a).
‘Hanna : ‘Hanna présente la particularité unique d’avoir été à la fois femme et mère de prophètes. Son mari, Elqana, était en effet lui-même prophète (Rachi ad ‘Erouvin 18b, s.v. Elqana) et c’est lui qui, en tant qu’“homme de Hachem” (I Samuel 2, 27) est venu annoncer au Grand prêtre ‘Eli la destitution de sa famille de ses fonctions sacerdotales (Radaq ad loc.). Quant à son fils Samuel, il fait partie des quarante-huit prophètes répertoriés par la tradition (Rachi ad Meguila 14a). La prophétie de ‘Hanna s’exprime, avec une émotion touchante, dans la prière qu’elle a adressée à Hachem après la naissance de son fils tant désiré (I Samuel 2, 1 à 10 – voir aussi Berakhoth 31b et suivants).
Avigaïl : Présentée par le Midrach comme l’une des plus belles femmes de l’histoire, Avigaïl est devenue la veuve de Nabal le Carmélite, un individu particulièrement antipathique, dans des circonstances que relate avec force détails le chapitre 25 du premier livre de Samuel. Elle a par la suite épousé David, alors qu’il était encore pourchassé par Saül. Elle a été traversée par l’esprit saint, rapporte le Midrach (Eikha rabba 21, 1), lorsqu’elle tint à celui qui allait devenir son deuxième mari ces propos prémonitoires :
“Si l’on s’avisait de t’attaquer et d’en vouloir à ta vie, l’existence de mon seigneur restera liée au faisceau des vivants que protège Hachem, ton Dieu. Quant aux âmes de tes ennemis, Il les atteindra comme par le creux d’une fronde” (I Samuel 25, 29).
Esther : L’accession d’Esther au rang de prophétesse se déduit du verset : “Ce fut le troisième jour, Esther revêtit la royauté” (Esther 5, 1), à propos duquel la Guemara (Meguila 14b) fait observer qu’il aurait dû être écrit : “Esther revêtit ‘des habits’ de royauté”, et non simplement “la royauté”. Cela signifie, enseigne-t-elle, que c’est l’esprit saint (roua‘h haqodech) qui l’a habillée.
Un autre indice des certitudes prophétiques d’Esther est fourni par le Séder ‘olam, cité par rabbi Baroukh Epstein (Tora Temima sous Esther 5, 1). Il est écrit : “Esther, la reine, fille de Avi‘hayil écrivit…” (Esther 9, 29). Or, ce qu’elle a écrit, c’est le livre qui porte son nom et qui a été enregistré dans le canon biblique. Il faut par conséquent qu’elle ait été investie de l’esprit saint, puisque seuls des auteurs porteurs de cette inspiration prophétique ont eu l’honneur de figurer dans ce canon.
A noter également le titre de “prophétesse” (nevia) conféré par Isaïe à son épouse (Isaïe 8, 3). Faut-il le prendre au pied de la lettre, ou n’était-ce qu’un terme d’affection dans la bouche de son mari ? Les commentateurs sont en désaccord à ce sujet (Rachi ad Isaïe 7, 14 ; en sens contraire : Radaq ad 8, 3).