Le rabbin Elie MUNK (La voix de la Thora, I, 182) propose les deux explications suivantes :
«Il n’y a rien d’étonnant dans le comportement de Sarah, qui ne peut pas croire à une nouvelle aussi extravagante et qui affiche un sourire sceptique lorsque son mari lui confirme qu’elle sera mère à un âge très avancé. Elle ne se doute pas que ce sourire accompagnera sa descendance durant toute son histoire, que le monde haussera les épaules lorsqu’Israël prétendra vivre contrairement à toutes les expériences humaines. Nous serons, à toutes les époques, l’objet d’un intérêt tel que celui qu’on porte aux phénomènes de la nature. Notre existence déconcertera les hommes, nous aurons le courage insolent de survivre à des persécutions innombrables, de nous maintenir, quoiqu‘affaiblis, lorsque nos formidables ennemis auront depuis longtemps disparu. Depuis Isaac nous vivons contre le bon sens historique et naturel, car nous sommes, depuis nos origines, maintenus et portés par l’œuvre à laquelle la volonté divine nous a appelés » (S.R. Hirsch).
Pourquoi Sarah a-t-elle ri ? Abraham avait ri, lui aussi, lorsqu’il avait reçu la nouvelle de la naissance d’un fils de Sarah, sans qu’il essuya, pour autant, les reproches divins (XVII, 17). Onqelos (et Nahmanide) semblent vouloir expliquer la différence en interprétant le rire d’Abraham comme un rire d’allégresse et celui de Sarah comme un sourire de raillerie. Mais le Midrach Haggadol explique : Lorsque deux personnes, dont l’une est un grand personnage, l’autre en est un petit, ont commis une mauvaise action, on blâme le petit et le grand personnage comprend par lui-même.