La parachath Choftim contient deux versets 20, 19 et 20) à partir desquels a été développée la législation de l’écologie selon la Tora, et en particulier celle qui interdit toute forme de gaspillage des ressources naturelles (bal tachrith) :
« Quand tu assiégeras une ville des jours nombreux pour guerroyer contre elle pour la saisir, tu ne détruiras pas son bois en brandissant la hache sur lui, car de lui tu mangeras, et lui tu ne le couperas pas, car l’homme est-il un arbre du champ pour venir de devant toi dans un siège ? Seulement l’arbre que tu connaîtras qu’il n’est pas un arbre à manger, celui-là tu le détruiras et le couperas, tu construiras une fortification sur la ville qui fait la guerre avec toi, jusqu’à sa soumission. »
Ces deux versets, quelque peu obscurs, admettent toute une panoplie d’interprétations.
C’est ainsi que l’auteur du Séfèr ha-‘hinoukh les situe sur un plan moral : « C’est ainsi que se comportent les gens pieux… ceux qui aiment la paix sont heureux lorsqu’ils font du bien aux autres et les rapprochent de la Tora. Et ils ne tolèrent pas que soit détruit la moindre graine de moutarde… »
Rav Ya‘aqov Tsewi Meklenburg propose, dans son ouvrage Ha-ketav we-ha-kabbala, une interprétation métaphysique : L’arbre fruitier a été créé essentiellement pour prolonger la vie de l’homme. Il ne faut donc pas qu’il soit subverti à des fins destructrices et à la guerre.
Signalons cependant deux circonstances rapportées dans le Tanakh où il a été passé outre à l’interdiction de bal tachrith :
1. Au cours d’une guerre menée contre les Moabites, le prophète Elisée ordonna, au nom de Hachem, « que l’on frappe toutes les villes fortes et toutes les villes principales, que l’on abatte tous les bons arbres, que l’on bouche toutes les sources d’eau, et que l’on ruine avec des pierres toutes les bonnes portions de terre » (II Rois 3, 19).
La raison de cette dérogation était, selon Rachi, qu’il s’agissait d’un peuple vil et méprisable. Et Radaq ajoute que c’était peut-être une mitswa, tout comme lorsque le prophète Elie a offert des sacrifices sur le mont Carmel, bien que ce fût alors interdit (voir dans le même sens Ralbag ad loc.)
2. Lorsque Sennachérib, roi d’Assyrie, menaça d’investir Jérusalem, Ezéchias, roi de Juda, fit arrêter les eaux de source qui étaient hors de la ville (II Chroniques 32, 3), et ce afin d’en priver l’ennemi (Malbim ad loc.).
Ces deux épisodes nous montrent que l’interdiction bal tachrith n’est pas un impératif catégorique, et qu’il est des circonstances exceptionnelles (horaath cha‘a) où il est permis de la transgresser.