Lorsqu’on lit avec attention le premier chapitre de Berèchith, relatif à la création de l’univers, on s’aperçoit que toutes les lettres de l’alphabet hébraïque y figurent, à l’exception d’une seule : le samekh. Ce n’est qu’au deuxième chapitre, lorsque la Tora décrit les fleuves qui sortaient du jardin d’Eden, qu’apparaît pour la première fois cette lettre : « Le premier s’appelait Pichon. Il entourait (sovèv, avec un samekh) tout le pays de ‘Havila, là où est l’or » (Berèchith 2, 11).
Selon le Professeur Kanter, de l’Université Bar Ilan, la clé de cette étrangeté se trouve peut-être dans la forme même de la lettre samekh, une lettre géométriquement close, comme suggéré par le mot sagour (« fermé ») qui commence par ce même samekh, et par ha-sovèv appliqué au fleuve Pichon, celui qui « entourait ».
Or, nous savons aujourd’hui que l’univers est en expansion constante, expansion générée par une dilatation de l’espace. De la sorte, le monde tel qu’il a été créé par Hachem ne pouvait pas être contenu dans un espace clos, et c’est ce qui est suggéré par l’absence de la lettre samekh dans le premier chapitre de la Tora.
Ainsi que l’explique Sforno (ad Berèchith 1, 2), la terre telle qu’elle a été crée était un amalgame de la matière originelle appelée tohou, et de la forme originelle appelée bohou. Il n’aurait pas été séant, en effet, que la matière originelle existât sans être enveloppée dans quelque forme. Peut-être est-ce de la combinaison de cette matière et de cette forme originelles qu’est née l’expansion de l’univers. Dans les fractions de seconde qui ont suivi le Big Bang, l’univers a connu en effet une dilatation extrême, passant d’un simple point à un espace infini.