Parachath Wayèra – La responsabilité des justes

Au début du dialogue dramatique au cours duquel Abraham a défendu pied à pied les habitants de Sodome et a supplié Hachem de les épargner, Hachem lui dit : « Si Je trouve à Sodome cinquante justes au milieu de la ville, Je pardonnerai à tout l’endroit à cause d’eux. » (Berèchith 18, 26).

La répétition dans ce verset des mots : « à Sodome » et : « au milieu de la ville » interpelle les commentateurs, et Ibn Ezra nous révèle laconiquement les implications de cette redondance :

« La raison pour laquelle ce verset emploie les mots : “au milieu de la ville” signifie que [les cinquante justes en question] doivent craindre Hachem en public, et de même, selon la formule employée par le prophète Jérémie (5, 1), “parcourir en tous sens les rues de Jérusalem”. »

En d’autres termes, il ne suffit pas aux « cinquante justes », pour sauver la ville, de pratiquer leurs vertus entre les quatre murs de leurs foyers. Il faut aussi qu’ils prennent part à la vie de leur cité et qu’ils exercent leur influence dans tous les domaines d’activité. S’ils ne font qu’exister, en se cantonnant à leur existence propre et sans sortir du cocon moelleux que leur procure leur environnement et leurs cultures spécifiques, peut-être seront-ils eux-mêmes sauvés, mais ils ne posséderont certainement pas le mérite spirituel de pouvoir sauver la cité. Et cette dernière ne saurait prétendre au salut que devrait lui procurer la poignée de justes reclus en son sein.