Selon Rachi (ad Berèchith 37, 34), « vingt-deux ans se sont écoulés entre la vente de Joseph et la venue de Jacob en Egypte (Berèchith rabba 84, 20). Il est écrit en effet : « Joseph, âgé de dix-sept ans... » (37, 2), et il en avait trente lorsqu’il a été présenté à Pharaon (41, 46). Il s’est écoulé sept années d’abondance et deux années de famine, soit un total de vingt-deux ans, correspondant aux vingt-deux années pendant lesquelles Jacob n’a pas honoré son père et sa mère (Meguila 17a) : les vingt ans passés chez Laban, plus deux ans sur le chemin du retour, à savoir un an et demi à Soukoth et six mois à Beith-El. C’est ce que Jacob avait dit à Laban : « ces vingt ans que j’ai été (zè li – littéralement “voici pour moi”) dans ta maison » (31, 41), « pour moi » signifiant : elles retomberont sur moi, et j’aurai un jour à subir un même nombre d’années de punition ».
Ce commentaire pourrait paraître superflu : N’importe quel lecteur attentif du texte de la Tora aurait pu parvenir, par le même calcul, au même résultat.
Peut-être la clé de cette glose de Rachi est-elle la suivante : Il est de règle que si un enfant reçoit des ordres contradictoires de ses deux parents, il doit obéir à son père et non à sa mère (Qiddouchin 31a). Or, Jacob en se rendant chez Laban, a obéi à Rébecca, sa mère, et non à Isaac, son père. S’il avait obéi à celui-ci, il n’aurait pas eu à s’enfuir de chez ses parents et à en rester séparé vingt-deux ans durant. On peut donc énoncer que la durée de sa séparation d’avec Joseph a été une application de midda kenéguèd midda, à la fois dans sa nature et dans sa durée.