La mort des premiers-nés, qui marque la fin des dix plaies d’Egypte, soulève de nombreuses questions, et notamment celle-ci : L’annonce de cette plaie, contrairement à ce qui s’était passé pour les autres, a été accompagnée d’une mise en garde adressée aux enfants d’Israël. Il leur a en effet été enjoint de se prémunir contre la mort de leurs propres premiers-nés en badigeonnant les poteaux et le linteau de leurs portes du sang des agneaux qu’ils avaient égorgés (Chemoth 12, 7).
Pourquoi cette injonction ? Hachem avait-Il besoin de ce signe distinctif sur les maisons des Hébreux pour savoir qui Il devait frapper et qui Il devait épargner ? Sa justice ne devait-elle pas s’exercer en fonction des seuls critères de culpabilité et d’innocence, et n’était-ce dévoyer cette justice que de la faire dépendre, comme par une sorte d’ordalie, de gestes humains ?
Une des réponses à cette question peut être trouvée dans le verset : « Le sang sera pour vous un signe sur les maisons là où vous êtes… » (Chemoth 12, 13), tel qu’il est commenté par la Mekhilta Bo : « Il sera “pour vous” un signe », « pour vous », et pas pour d’autres.
Or, nous savons que le Tora, lorsqu’elle parle d’un « signe », renvoie immanquablement, ne serait-ce qu’implicitement, à celui de la circoncision. Comme nous l’apprend le Or ha-‘hayyim, le but de la mort des premiers-nés égyptiens a été de consacrer le titre d’Israël en tant que « premier-né de Hachem ». Cette consécration s’est réalisée comme le suggère le verset : « Je t’ai dit : “Par ton sang, vis ! Par ton sang, vis !” » (Ezéchiel 16, 6), cette répétition du mot « sang » étant destinée à inclure tant celui du sacrifice pascal que celui de la circoncision.
Tel est le sens à donner au sang que les enfants d’Israël ont badigeonné sur leurs portes. Ils ont ainsi montré qu’ils étaient dignes de ce statut de « premier-né de Hachem ». Ce sang a révélé leur niveau de spiritualité et les a élevés depuis les abîmes des « quarante-neuf niveaux d’impureté » dans lesquels ils étaient plongés.