Peu avant la promulgation des dix commandements, la Tora nous apprend que « Hachem appela Moïse depuis la montagne en disant : “Tu diras ainsi à la maison de Jacob, et tu raconteras aux fils d’Israël” » (Chemoth 19, 3).
Rachi explique que l’expression : « maison de Jacob » (Beith Ya‘aqov) désigne les femmes, tandis que les « fils d’Israël » (Benei Yisrael), ce sont les hommes. Et l’on sait que cette expression : « maison de Jacob » est devenue emblématique et a été choisie pour désigner, comme l’a fait en premier l’éminente pédagogue Sara Schnirer, les institutions éducatives pour jeunes filles juives.
Cette appellation soulève cependant une difficulté : Etant donné que le texte désigne les hommes sous le vocable de « fils d’Israël », n’aurait-il pas été logique d’employer par symétrie pour les femmes celui de « filles », et non de « maison » ?
Rav Méir Shapiro, le Lubliner rov, a expliqué que, lorsque nous devenons malade, le médecin peut nous soigner, au moins théoriquement, de deux façons : Le moyen normal consiste en la prescription de certains médicaments, mais il peut tout aussi bien nous confiner dans une chambre étanche et aseptisée, ne contenant aucun microbe ou autre substrat nuisible.
La différence entre ces deux méthodes est que la première exige une intervention active du praticien sur son patient, alors que la seconde peut produire chez certains des effets bénéfiques sans qu’il y ait lieu à efforts de la part de quiconque.
On peut appliquer la même différence aux rapports entretenus par l’enfant avec ses deux parents.
L’homme, pour combattre cette maladie universelle appelée le yétsèr hara’ (« penchant au mal »), doit se vouer à l’étude de la Tora ainsi que cela lui est recommandé par la Guemara (Qiddouchin 30b).
La femme, en revanche, utilise la Tora pour imprégner son foyer d’une atmosphère de sainteté et de spiritualité. Cette atmosphère ne lui profite pas seulement à elle-même, mais aussi à son mari, à ses enfants et à tous ceux qui ont la chance de les fréquenter. C’est à cette dualité que fait allusion le verset : « Ecoute, mon fils, la remontrance de ton père, et ne délaisse pas l’enseignement de ta mère » (Proverbes 1, 8). Il faut « écouter », c’est-à-dire prêter une attention soutenue, ce qu’enseigne le père à son enfant, tandis que l’on ne doit pas « délaisser » l’influence de sa mère qui fait baigner celui-ci, sans qu’il ait à déployer d’efforts intenses, dans une ambiance de Tora.
On peut donc dire, d’une certaine façon, que le rapport d’un enfant avec son père est essentiellement un rapport de filiation, d’où l’expression : « fils d’Israël », alors que celui qu’il entretient avec sa mère s’inscrit dans le foyer familial, appelé ici « maison de Jacob ».