La parachath Tsaw contient deux versets qui édictent l’interdiction de consommer du sang des animaux, même de ceux qui sont propres à la consommation.
Cette interdiction, formulée dans Wayiqra 7, 26 et 27, est répétée à plusieurs reprises dans des termes presque identiques dans Berèchith 9, 4 ; Wayiqra 17, 10 à 12 ; Wayiqra 19, 26 et Devarim 12, 23 et 24.
Pourquoi la Tora, se demande le Yalqout Mé‘am loèz, se montre-t-elle d’une telle sévérité, en punissant celui qui transgresse cette interdiction de la peine extrêmement rigoureuse de kareth (« retranchement »), et répète-t-elle un grand nombre de fois cette interdiction ?
Cela veut dire sans doute que plus sévère est la punition infligée à celui qui mange du sang, plus généreuse sera la récompense promise à celui qui s’en abstient.
Il y a lieu de noter, en outre, qu’il n’existe aucune prédisposition naturelle, chez l’être humain, à vouloir consommer du sang. Il en résulte qu’il ne lui est pas difficile de respecter cette interdiction, et l’on peut donc en déduire qu’il méritera des récompenses encore plus généreuses s’il obéit aux lois dont la transgression est pour lui un penchant inné, et pour l’observance desquelles il doit lutter avec énergie contre ses instincts.
Quant à Maïmonide, il s’exprime comme suit :
« Il faut savoir que les Sabiens [peuplade païenne pré-islamique] considéraient le sang comme une chose très impure, et, malgré cela, ils le mangeaient, parce qu’ils croyaient que c’était la nourriture des démons, et que, si quelqu’un en mangeait, il fraternisait par là avec ces malins esprits qui venaient auprès de lui et lui faisaient connaître les choses futures, comme se l’imagine le vulgaire à l’égard des démons. Il y avait cependant des gens à qui il paraissait dur de manger du sang, car c’est une chose qui répugne à la nature humaine. Ceux-là donc, ayant égorgé un animal, en recueillaient le sang dans un vase ou dans une fosse, et mangeaient la chair de cet animal auprès du sang. Selon leur opinion, les démons devaient alors leur apparaître dans un songe, leur faire connaître les choses cachées et leur rendre des services. La loi entreprit de faire cesser chez ceux qui la reconnaissent ces maladies enracinées, en défendant de manger du sang. Elle insiste sur cette défense autant que sur celle de l’idolâtrie. Il n’existe pas de commandement au sujet duquel on emploie des termes de répression aussi énergiques ; car en mangeant du sang, on est conduit à une espèce d’idolâtrie, qui est le culte des démons » (Guide des Egarés, 111, 46).
