La haftara de la parachath ‘Houqath rapporte le discours que Jephté a tenu au roi des Ammonites lorsqu’il a tenté, par une négociation, de mettre fin aux hostilités que ce souverain avait engagées contre Israël afin de récupérer les territoires situés au-delà du Jourdain.
Ce discours est calqué, presque mot pour mot, sur celui que Moïse avait tenu à Si‘hon, roi des Amorréens, avant que celui-ci engage le combat contre Israël (Bamidbar 21, 21 et suivants). Ce combat s’est achevé, on le sait, sur une défaite cuisante à la suite de laquelle les Hébreux se sont emparés de tout le territoire des Amorréens (voir Devarim 2, 24), territoire qui sera attribué plus tard aux tribus de Ruben et de Gad.
Si la ressemblance entre le discours de Moïse et celui de Jephté explique le choix de ce chapitre du livre des « Juges » comme haftara de la parachath ‘Houqath, on y trouve cependant un ajout significatif non contenu dans le texte de la Tora :
« N’est-ce pas, ce que ton dieu Kemoch te fait conquérir devient ta possession? [De même] tout ce que Hachem, notre Dieu, nous a fait conquérir, sera nôtre » (11, 24).
Cette référence faite par Jephté à une divinité étrangère, et surtout sa mise en parallèle avec Hachem, a fait dire à beaucoup de commentateurs, comme Metsoudath David et Malbim, qu’elle était pour celui-ci une façon d’ironiser sur cette idole.
On sait cependant que Kemoch était en réalité une divinité de Moab (Bamidbar 21, 29 ; I Rois 11, 7 ; II Rois 23, 13 ; Jérémie 48, 13 et 46), et non d’Ammon.
Pourquoi Jephté l’a-t-il alors attribuée à Ammon ?
En réalité, comme l’explique Radaq (ad loc.), « ce territoire dont tu prétends qu’il t’appartient, a voulu signifier Jephté, a été arraché par les Amorréens à Moab sans que Kemoch, la divinité de ce peuple, n’ait rien fait pour le préserver de cette perte. De la même façon, s’il avait été ta propre divinité ne t’en aurait-il pas préservé. »
« Cesse donc, a voulu dire Jephté, pour employer une expression à la mode dont on pourra goûter l’actualité, de te comporter comme un kozaq nigzal, c’est-à-dire comme un voleur qui se plaint d’avoir été lui-même volé ! »