Que ce soit dans Chemoth 16, 4 ou dans Devarim 8, 2, le don de la manne est présenté comme une « épreuve » (nissayon) imposée par Hachem aux enfants d’Israël.
Mais cette nourriture a été définie également d’une autre façon dans notre paracha : « Il t’a mortifié, Il t’a affamé, Il t’a fait manger la manne que tu ne connaissais pas et que ne connaissaient pas tes pères… » (Devarim 8, 3).
Quel est le rapport, se demande le Or ha-‘hayyim (ad loc.), entre la mortification (‘inouï) et la famine (ra‘av) évoqués dans ce verset et le don de la manne ? N’y a-t-il pas là une marque de discrédit portée sur cet aliment venu du ciel, qui ne serait rien d’autre qu’un palliatif à une situation de détresse dans laquelle se seraient trouvés les enfants d’Israël ?
Et pourtant le Tora ne tarit pas d’éloges sur cette nourriture, dont le goût était comme « celui d’une pâtisserie au miel » (Bamidbar 11, 8). De même, nous apprennent les Psaumes (78, 25) en parlant d’elle, « l’homme mangea le pain des puissants ; Il leur envoya des vivres à satiété ».
Il existe, explique ce commentateur, deux sortes d’aliments. Il y a ceux qui, étant d’une fraîcheur indiscutable, conviennent tant à celui qui est en bonne santé qu’à celui qui souffre d’une maladie.
Mais il existe aussi des aliments qui ne nourrissent que ceux qui sont en bonne santé, alors qu’ils peuvent aggraver l’état de ceux qui sont malades.
« Il t’a mortifié », en te forçant à subir les épuisements du voyage. « Il t’a affamé », en te privant de tes nourritures habituelles. Mais « Il t’a [aussi] fait manger la manne », cet aliment qui convient parfaitement à celui qui est mortifié et à celui qui est affamé, aussi bien qu’à celui qui, étant en bonne santé, se délecte d’une « pâtisserie au miel ».