Dans son énumération des oiseaux dont la consommation nous est interdite, la parachath Reè, reprenant celle de la parachath Chemini (Wayiqra 11, 19), cite une espèce appelée doukhifath (Devarim 14, 18).
Ce mot, que la Bible du rabbinat traduit par « tétras », est rendu de diverses façons par nos sources.
Rachi l’appelle en français médiéval : herupe, expliquant qu’on l’appelle doukhifath parce que sa crête (hodou) est attachée (kafouth). On l’appelle aussi, poursuit-il, nagar toura (« perceur de montagne »), « à cause de son histoire, comme expliqué par nos maîtres dans le traité Guitin (68b) ».
Cette Guemara rapporte en effet une hagada qui relate les efforts déployés par le roi Salomon pour s’emparer du chamir, ce ver minuscule qui était doté de la faculté de couper les objets les plus solides, dont il avait besoin pour tailler les pierres du Temple. Il eut recours à cet effet aux services d’un nagar toura, appelé également tarnagla bara (« coq sauvage ») que Rachi (ad loc.) identifie au doukhifath.
Cependant, dans son commentaire de ‘Houline 63a, Rachi reconnaît cet oiseau comme appartenant à une variété de paon, qu’il appelle « paon chelavier » (« sauvage » ?).
Précisons encore que le mot doukhifath, en hébreu moderne, désigne la huppe fasciée (Upupa epops).
On ne peut que constater ici, en conclusion, la difficulté qu’il y a à identifier avec certitude les oiseaux interdits afin de définir ceux qui sont permis.
Tandis que la distinction entre mammifères et poissons permis et interdits s’opère au moyen de critères objectifs et indiscutables (rumination et sabots fendus chez les premiers, nageoires et écailles chez les seconds), celle qui nous permet de définir les oiseaux permis à la consommation résulte uniquement de l’existence ou de l’absence d’une tradition ancestrale indiscutable, les noms que donne la Tora à certains d’entre eux ne pouvant nous aider d’aucune manière.