Le premier verset de la haftara Ki tètsè a été diversement interprété par nos commentateurs :
« Réjouis-toi, femme stérile qui n’as point enfanté ; éclate en chants de triomphe, et pousse des cris de joie, toi qui n’as pas été en douleurs (d’enfantement) ! Car les fils de la [veuve] désolée sont plus nombreux que les fils de la [heureuse] femme mariée, a dit Hachem » (Isaïe 54, 1).
Cette « femme stérile », c’est-à-dire Jérusalem, a été longtemps dans un état de profonde désolation. Mais un jour viendra où ses enfants seront plus nombreux que les païens (Radaq et Metsoudath David).
Ce verset a donné lieu également au Midrach suivant :
« Rabbi Lévi a enseigné : Lorsque le Temple était en place, il a produit devant Hachem des hommes impies, comme [les rois] A‘haz, Menassé et Amon. Lorsqu’il a été détruit, il a élevé au contraire devant Moi des tsaddiqim comme Daniel et ses proches, Mardochée et ses proches, Ezra et ses proches, ainsi qu’il est écrit (par paraphrase du verset ci-dessus) : “Car plus grands seront les enfants de la désolée que ceux de l’heureuse, a dit Hachem” » (Chir ha-chirim rabba).
Ce Midrach, ainsi que l’explique le Sefath émeth (Parachath Ki tètsè), nous rappelle que la prospérité est souvent dévastatrice de nos vertus, tandis que l’adversité est parfois à l’origine d’une féconde introspection et d’un profond repentir.
Le Targoum Yonathan nous suggère une autre façon de comprendre ce verset : Les enfants de la ville désolée (Jérusalem) dépasseront en nombre ceux de la grande capitale (Rome). Ou aussi, comme le propose Radaq, cette « ville désolée » incarne le triomphe futur d’Edom sur Ismaël, événement précurseur de la venue du Messie.