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Orientation des lits dans la chambre

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avdah
Messages: 1
Bonjour,

Pourrait-on me renseigner quant à l'orientation du lit dans la chambre.

J'aimerais connaitre quelles différentes orientations et dans quel sens exact le lit doit être positionné dans la chambre par rapport aux différents points cardinaux.

Que vient-on nous enseigner avec ces pratiques ?

Merci de m'apporter ces éclaircissements.

Kol Touv

A.D.
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6640
La Gmara Brakhot (5b) indique de placer son lit entre le Nord et le Sud, on y promet à celui qui s’y plie d’avoir des garçons et de protéger sa femme des fausses couches.

Rashi (ad loc) explique qu’il s’agît de la tête et du pied du lit (qui doivent être entre le Nord et le Sud), c’est l’explication retenue par la majorité des Rishonim (même si une autre source attribuée à Rashi indiquerait le contraire, la tête à l’Est et les pieds vers l’Ouest).

Cependant le Arizal (Likoutei Hashas ) (Pri Ets ‘Haim fin de Shaar Hashekhiva) (Shaar Hamitsvot, Bereshit 4a) interprète cette Gmara autrement et considère que les Rishonim l’ont mal comprise.
Selon lui on parle des côtés du lit ; la largeur du lit doit se retrouver entre le Nord et le Sud et donc la tête serait à l’Est et les pieds à l’Ouest.

Les A’haronim (Shout Vayeshev Hayam I, §1 et d’autres) considèrent que la source du Arizal serait le Zohar (III, 118b et 119b) (voir aussi Mikdash Melekh ad loc.).
La source à partir du Zohar est largement discutable, preuve en est, certains cabalistes (Shout HaRema MiFano §3) ont écrit qu’il fallait avoir la tête à l’Ouest et les pieds à l’Est (=l’inverse du Arizal).

Le Yaabets (Shéilat Yaabets I, §47) écrit qu’étant donné que le Zohar ne vient pas contredire la Gmara mais l’expliquer (autrement), on retiendra son opinion.

Mais le Mishna Broura (§3, sk.11) cite le Shout Binian Shel Sim’ha qui écrit au nom du Gaon de Vilna que l’intention du Zohar est de dire comme la Gmara, pas comme l'ont compris les cabalistes.

C’est d’ailleurs ce qui apparaît de toute manière du Shoul’han Aroukh (O’’H §3, 6 et O’’H §240, 17) duquel on voit bien que ce sont les extrémités du lit qui doivent être placées entre le Nord et le Sud et donc pas comme ce que disent les cabalistes.

Le Baal Hatania (§3, 9) aussi retiendra l’avis des Rishonim et du Shoul’han Aroukh contre le Arizal et les cabalistes.


De manière générale les Poskim retiennent l’opinon du Shoul’han Aroukh dans cette histoire et indiquent de placer la tête vers le Nord.

Mais il y a des cabalistes qui crient au drame, comme si c’était un crime de suivre le Shoul’han Aroukh, et expliquent de ne surtout pas avoir la tête vers le Nord!
Il est de notoriété publique que certains cabalistes perdent la tête, d’autres perdent le Nord, et pour le coup ils auraient perdu les deux.

Leurs arguments ne sont pas très convaincants à mes yeux -enfin, pour ce que j’en ai compris, car il s’agît parfois d’histoires à dormir debout –ce qui réglerait de facto le problème de la position.

Il ne faut pas perdre de vue que certains Rishonim semblent considérer cette notion comme étant une simple recommandation ou un conseil (pour avoir des garçons…), mais que cela ne revêtirait aucun caractère contraignant ou obligatoire.

Le Taz (sk.5) comprend de ce qu’écrivent Rashi et Tosfot qu’il n’y a là rien d’obligatoire.
C’est aussi ce qui ressort du Baal Hatourim dans son Kitsour Piskei Harosh (Brakhot I, 7) qui écrit qu’il est « bon » de placer son lit entre le Nord et le Sud.
Mais il se trouve que dans son Tour (le Arbaa Tourim), il n’a même pas mentionné cette idée, c’est qu’il ne devait pas y attacher du tout un caractère de loi.

C’est aussi le cas du Méiri, qui quelques années plus tôt, lui aussi, à son tour, à l’instar du Tour, a omis de mentionner ce point dans ses écrits.

Le Ramban va encore plus loin en écrivant (cité dans le Reshit ‘Hokhma, Shaar Hakedousha §XVI) qu’il n’y a pas un imbécile sur terre qui peut croire que placer son lit entre le Nord et le Sud entraîne d’avoir des garçons et d’éviter les fausses couches, mais il s’agît bien entendu d’un Remez, selon l’habitude de nos Sages de parler de certains sujets par des allusions à des notions, sans être très explicites.

Mais d’autres auteurs voient en cette pratique une obligation halakhique, comme le Nimoukei Yossef (qui parle de Takanat ‘Hakhamim) et le Rambam (Hil. Beit Habe’hira VII, 9) qui utilise le vocable « Assour » - et est suivi en cela par le Shoul’han Aroukh (O’’H §3, 6).

Toutefois, étant donné que le Arizal explique la Gmara dans l’autre sens, certains Poskim restent sur la conclusion que s’il convient a priori de suivre le Shoul’han Aroukh, en cas de difficulté par manque d’emplacement ou disposition de la pière non adaptée, on pourra suivre le Arizal.

Autrement dit, quoi qu’on fasse, on s’en sort.
(car les positions qui ne correspondent à aucun point cardinal sont considérées comme le point cardinal le plus proche) (on ne pourrait perdre que la préférence tête-pieds, qui n’est secondaire de l’avis de beaucoup…)


Quant à l’idée même de cette pratique, ce que cela vient nous enseigner, cela dépendra des commentateurs.
Selon Rashi et Tosfot (Brakhot 5b), l’idée est que la Shekhina (présence divine) « réside » à l’Est ou à l’Ouest (Cf. Baba Batra 25a), donc il convient -par respect- de s’en détourner lors des rapports conjugaux.

Le Nimoukei Yossef explique que c’est pour ne pas se défaire du joug de la Yirat Shamayim même en ce moment.

Le Rambam (Hil. Beit Habe’hira VII, 9) écrit que le Heikhal étant à l’Ouest, il convient de marquer un respect etc.

Rabeinou Yona explique que le Nord rappelle le Shoul’han qui symbolyse la Parnassa et le Sud la Menorah (selon leur emplacement au Temple) qui symbolise la sagesse (Cf. Baba Batra 25b).
Ainsi, placer son lit entre le Nord et le Sud est un pense-bête pour rappeler de prier d’avoir des enfants bien dotés en Parnassa et en ‘Hokhma et par la même occasion, on se rappellera automatiquement de veiller à la pureté de ses intentions à ce moment.

Il ressort de plusieurs de ces explications que ce Din/conseil ne concerne qu’un lit conjugal, mais le Rambam (Hil. Beit Habe’hira VII, 9) ne considère pas cette distinction.

Le Shoul’han Aroukh (§3, 6) ne mentionne cette "halakha" qu’en tant que mesure de rigueur et en restreint le caractère obligatoire au lit conjugal seulement.

PS: Je ne me relis pas et vous prie d'excuser les fautes.
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