La haftara qui a été associée à la parachath Para (Ezéchiel 36, 16 et suivants) annonce le processus de purification qui sera restauré lorsque viendra le Messie. Le prophète promet que Hachem « répandra alors des eaux pures [sur les enfants d’Israël], et qu’Il les purifiera de toutes leurs impuretés et de toutes leurs idoles » (36, 25).
On remarquera que la purification, selon ce verset, ne sera pas effectuée au moyen d’une immersion dans les eaux d’un miqwé, comme il aurait été naturel, mais au moyen d’une aspersion qui ressemblera à celle que l’on doit employer avec l’eau lustrale contenant les cendres de la vache rousse.
Cette analogie suggère un lien étroit entre le péché et la mort : Le processus de purification des péchés sera semblable à celui par lequel est rétablie la pureté de celui qui a eu un contact avec un mort.
Ainsi que l’explique Rachi (Bamidbar 19, 22), la vache rousse est destinée à réparer la faute du veau d’or. Or, nous apprend la Guemara (‘Avoda zara 5a), lorsque les enfants d’Israël ont reçu la Tora, celle-ci leur a conféré l’immortalité. C’est la faute du veau d’or qui les en a déchus.
Selon le Séfèr ha-‘hinoukh (Mitswa 263), on peut expliquer l’impureté du cadavre humain de la façon suivante : La mort consiste en ce que l’âme se détache du corps, de sorte que celui-ci se trouve désormais privé de toute spiritualité. Entrer en contact avec un mort crée un dommage à la spiritualité de celui qui le touche. L’impureté qui en résulte est là pour nous rappeler que notre corps est destiné à s’unir à l’âme et qu’il doit tendre alors à refuser les tentations terrestres.
De la même façon, lors de l’épisode du veau d’or, les enfants d’Israël ont troqué leur relation intime avec Hachem contre un matérialisme avilissant. Cependant, leur brève expérience du mont Sinaï leur a fait prendre conscience qu’il est possible de se libérer de ses pulsions matérielles et tendre à un contact avec Lui.
On comprendra maintenant la comparaison d’Ezéchiel entre la purification des péchés et les cendres de la vache rousse. Le prophète nous annonce : « Je vous donnerai un cœur nouveau, et Je mettrai au dedans de vous un esprit nouveau ; et J’ôterai de votre chair le cœur de pierre, et Je vous donnerai un cœur de chair » (36, 26). Ce verset traduit, nous explique Ramban (Nahmanide), le désir de notre peuple d’accomplir la volonté de Hachem. Un jour viendra où le corps et ses pulsions retrouveront leur véritable place : leur effacement au profit de la perfection qu’a connue Adam avant sa faute. C’est alors qu’ils se détacheront complètement des passions physiques.