Tandis que la parachath Wayèra est consacrée, dans sa première partie, au récit de l’annonce faite par les anges de Hachem à Abraham et à Sara de la naissance prochaine d’un fils, la haftara qui lui est associée nous apprend, entre autres, l’annonce par le prophète Elisée à la Sunamite de sa prochaine maternité.
Par delà la similitude des situations, le choix de cette haftara nous apprend une leçon sur l’attitude que nous devons adopter en présence d’un miracle.
Hanna Levine, la femme de rabbi Aryé Levine, surnommé le « Tsaddiq de Jérusalem », fait observer que lorsque le jeune fils de la Sunamite fut terrassé par des maux de tête et qu’il en mourut, sa mère se prépara aussitôt à partir à la recherche du prophète Elisée, demandant à son mari de mettre à sa disposition un serviteur et une ânesse.
Son mari, étonné par ce brusque départ, lui en demanda la raison. Mais il n’obtint pour toute réponse que le mot chalom (« Paix ! »). De même, lorsque le prophète lui demanda de ses nouvelles, des nouvelles de son mari, et des nouvelles de son fils, elle ne lui répondit que par un laconique : chalom, ce qui fit comprendre à Elisée, indique le texte (II Rois 4, 27), que « son âme était dans l’amertume », autrement dit préoccupée par quelque malheur.
Observons que ce simple mot de chalom, alors que la situation était rien moins que calme et paisible, a de quoi nous étonner.
La brièveté de la réponse donnée par la Sunamite à son mari, puis à Elisée, explique Hanna Levine, est significative de l’attitude que nous devons adopter dans l’attente d’un miracle : Abstenons-nous de tout verbiage et de toute logorrhée, car si nous restons dans la réalité quotidienne, nous pouvons être assurés qu’aucun miracle ne se produira.
Il en a été de même chez Abraham et Sara : Tandis que chez lui le rire a été « dans son cœur » (Berèchith 17, 17), il a été chez elle un rire d’incrédulité (18, 12). Tandis que le rire de Sara a été blâmé par Hachem (18, 13), celui de son mari, qui n’exprimait qu’une joie muette, n’a encouru aucun reproche.