Rappelons en premier lieu le verset qui marque la fin de la Création : « Eloqim vit tout ce qu’Il avait fait, et voici, [c’était] très bon (טוב מאד). Il fut soir, il fut matin – le jour sixième » (Berèchith 1, 31). Ce טוב מאד, explique le Midrach (Berèchith rabba 9), c’est le penchant au mal. Selon d’autres Maîtres, il représente la mort.
Le serpent tentateur qui a incité au mal Adam et Eve, c’est l’instinct animal, opposé à la conscience humaine, et l’histoire de l’humanité n’est rien d’autre, en dernier ressort, que l’histoire de l’attitude de l’homme par rapport au problème moral. Aussi l’intérêt se concentre-t-il, dès le début, sur cette question, à laquelle Adam se trouve immédiatement confronté.
Comme l’explique le rabbin Elie Munk (La voix de la Thora, vol. I p. 34), à la différence de l’animal qui ne connaît d’autre loi que celle d’obéir à son instinct naturel, l’homme doit choisir librement la voie du bien. Mais il ne possède pas en lui le critère du bien et du mal. En dépit des efforts conjugués des meilleurs esprits de l’humanité durant les siècles de l’histoire, l’homme n’a pu découvrir la règle générale de la morale individuelle ou sociale. La conscience personnelle, cette voix céleste en nous-mêmes, nous exhorte seulement à être bon et à fuir le mal. Mais ce qui est le contenu du bien et du mai, l’homme ne peut l’apprendre que de la bouche de Dieu.
C’est ainsi que le serpent, le Satan et le penchant du mal, diront nos Sages, se confondent en une même force du mal (Baba Bathra 16a).