La haftara de la parachath Waye‘hi contient l’énumération des dernières volontés du roi David, dictées à son fils Salomon, à l’image de celles que Jacob a transmises à ses propres enfants.
Ces dernières volontés commencent par la recommandation d’une totale fidélité à Hachem et à Sa Tora.
Elles se poursuivent par des exhortations qui ressemblent à une série de règlements de comptes, où David demande à son fils et successeur de venger les affronts que lui ont fait Joab, son général en chef, ainsi que Séméi, fils de Ghêra, le Benjaminite, de Ba‘hourim. Il lui demande également d’user de bienveillance envers les enfants de Barzillaï.
Cependant et de manière inattendue, les deux parties de ce discours sont liées entre elles par le mot וגם (« Et aussi… » – I Rois 2, 5), comme si son versant politique n’était rien d’autre qu’une mise en application des recommandations d’ordre spirituel.
C’est ainsi que, pour Radaq, le message de David forme un tout. Ce qu’il recommande d’infliger à ses ennemis fait partie de l’obéissance aux commandements divins que Salomon devra observer. Les crimes qu’il reproche à Joab et à Séméi devront être punis, et Salomon devra, comme roi, exercer sa justice.
C’est une vision tout différente qui nous est proposée par Abarbanel : Selon lui, ce n’est pas au passé que pensait David, mais à l’avenir. Son fils Salomon était jeune et encore impressionnable. On pouvait donc craindre que ses ennemis lui donnent de mauvais conseils, ou pire encore qu’ils le déposent de son trône.
Devant cette menace, David était sans illusion, et il savait parfaitement que l’action d’un roi doit être réaliste et pragmatique. Il était convaincu, comme monarque, que ce serait le pire service à rendre à son successeur que de ne pas lui en faire prendre conscience. D’où la partie de son discours qui s’apparente davantage à l’invocation de la raison d’Etat.