Le Me‘habèr signale effectivement (Choul‘han ‘aroukh Ora‘h ‘hayim 512, 1) qu’il est interdit d’inviter un non-Juif à sa table un jour de Yom tov.
On peut craindre, en effet, que l’on cuisine un nouveau plat exclusivement en l’honneur de cet invité. Or, la Tora n’autorise à cuisiner que pour un Juif, ainsi qu’il est écrit : yé‘assé “lakhem” (« il sera fait pour vous » – Chemoth 12, 16.3). Et la Guemara (Beitsa 21a et b) déduit de ce verset : « pour vous », et non pour un non-Juif. Celui-ci a toujours en effet la possibilité de cuisiner pour lui-même, de sorte qu’il ne peut pas bénéficier de l’autorisation de okhel néfech, c’est-à-dire de la permission donnée exclusivement pour se nourrir.
Cependant, le Michna beroura (§ 6) autorise, en s’appuyant sur plusieurs posqim, d’inviter un non-Juif s’il s’agit de ne pas le froisser ou de ne pas subir une perte financière. De même en est-il de tout refus qui pourrait entraîner une dégradation des relations entre les Juifs et les non-Juifs et qui risquerait de perturber la sim‘hath Yom Tov. On veillera cependant, dans ce cas, à ne rien cuisiner spécialement pour lui.
Il est intéressant de noter que j’ai trouvé exactement la même question que la vôtre dans le Séfèr Min‘hath Chelomo du rav Chelomo Zalman Auerbach z’al (même siman, hagaa 5). Il tient pour permis d’inviter une personne en cours de conversion. Il n’y a pas lieu de craindre, dans son cas, que l’on cuisine exclusivement un plat pour cet invité. Cette personne étant en cours de conversion, on ne risque pas de la froisser, si l’on vient à manquer de nourriture, en lui expliquant que l’on est dans l’impossibilité de préparer autre chose. Cela fera partie de son apprentissage.
Cette permission n’est cependant pas valable si l’on invite au même repas plusieurs personnes en cours de conversion. La maîtresse de maison pourrait avoir honte de la frugalité de son repas, et recuisiner en leur honneur.
CONCLUSION :On peut, si nécessaire, inviter même pendant Yom tov une personne en cours de conversion, à condition de veiller attentivement à ne rien cuisiner exclusivement pour elle.
‘Hag saméa‘h.