Après que Moïse eut terminé son « Cantique de la Mer », nous lisons dans le texte de la Tora que « Miryam la prophétesse, sœur d’Aaron, prit un tambourin dans sa main, et toutes les femmes sortirent derrière elle avec des tambourins et des danses. Et Miryam leur entonna : “Chantez à Hachem, car Il est très élevé, cheval et son cavalier Il les a lancés dans la mer” » (Chemoth 15, 20 et 21).
C’est ici, pour la première fois, que la Tora appelle Miryam par son nom. Lorsqu’elle avait sauvé Moïse des eaux, elle n’était que « sa sœur » (Chemoth 2, 4).
Ce n’est que beaucoup plus tard, dans Bamidbar 26, 59, que nous apprendrons sa généalogie complète : « Et le nom de l’épouse d’Amram était Yokhévèd, fille de Lévi, qui avait été enfantée à Lévi en Egypte, elle enfanta à Amram Aaron et Moïse, et Miryam, leur sœur. »
On observe également que le titre de « prophète » n’a été conféré auparavant qu’à Abraham (Berèchith 20, 7), et que c’est ici la première fois qu’il est porté par une femme.
Il est vrai que le Midrach (Mekhilta Chemoth 15, 20) nous apprend, sans que cela soit indiqué dans le texte, que Miryam avait un don prophétique lorsqu’elle a persuadé son père, qui s’était séparé de son épouse, de la reprendre. Quant aux événements qui ont suivi la traversée de la mer Rouge, ils ne comportent aucune allusion à une quelconque prophétie que Miryam aurait articulée.
La seule allusion à son don prophétique est contenue, de façon cependant elliptique, dans le verset : « [Miryam et Aaron] dirent : “ Est-ce cependant seulement à Moïse qu’a parlé Hachem ? Ne nous a-t-Il pas parlé aussi ?” » (Bamidbar 12, 2).
Peut-être existe-t-il comme un bémol aux mérites de Miryam dans la façon dont il est écrit que « toutes les femmes sortirent derrière elle avec des tambourins et des danses ». Le mot « sortirent » est en effet écrit de façon défective : ותצאן, au lieu de ותצאנה, comme pour nous suggérer que l’unanimité de « toutes » les femmes n’a pas été obtenue, et qu’une partie seulement d’entre elles ont accompagné Miryam (Midrach Or ha-afèla).