Une grande partie de notre paracha traite abondamment des sacrifices dits « expiatoires » que l’on doit offrir sur l’autel pour des fautes commises « involontairement » ou « par inadvertance » (בשגגה).
On comprend aisément que l’on doive se faire pardonner des fautes volontaires, puisque commises de façon délibérée et réfléchie, mais pourquoi doit-il en être de même pour des fautes involontaires ? Celui qui les a commises n’a-t-il pas agi en toute innocence, soit par erreur, soit par oubli, pour s’apercevoir seulement ensuite que ce qu’il a fait était interdit ?
Pour Ramban/Nahmanide (ad Wayiqra 4, 2), si l’Ecriture emploie dans ce contexte le mot נפש (« âme »), c’est parce que toute faute, quel que soit son degré d’intentionalité, porte atteinte à l’âme humaine et la rend imparfaite. Or, l’âme ne méritera de rencontrer son Créateur que si elle est pure de tout péché, mais il faudra pour cela qu’elle apporte une offrande purificatrice.
Peut-être peut-on rapprocher cette idée du verset :
שְׁגִיאוֹת מִי יָבִין מִנִּסְתָּרוֹת נַקֵּנִי
« Les erreurs, qui les comprend ? Purifie-moi de mes [fautes] cachées (Psaumes 19, 13).
Selon S. R. Hirsch, la faute commise par inadvertance ou par oubli témoigne que l’on n’a pas prêté attention, au moment où on l’a commise, aux commandements de la Tora et que l’on n’a pas, pour reprendre les mots du prophète, « tremblé à Sa parole » (Isaïe 66, 2).
Il ne s’agit donc pas, pour S. R. Hirsch, et contrairement à Ramban, d’un acte commis dans l’inconscient, mais d’un défaut d’attention et d’une désinvolture. Le sacrifice est là pour inciter celui qui doit l’offrir à prendre soin de ce qu’il fait et à agir désormais avec plus de méticulosité.