R. Yom Tov Lippmann Heller écrit que, lorsqu'il était Av Beit Din à Vienne, on lui a présenté le cas d'un poisson appelé "Stincus Marinus", lequel aurait des écailles sur son corps, mais pas de nageoires (cf. Maadanei Yom Tov, commentaire sur Rosh dans 'Houlin 68:5).
Il donne deux possibilités pour expliquer comment cette créature ne contredit pas le principe talmudique dont nous parlons : soit qu'elle soit apparue après les temps talmudiques seulement, soit qu'il s'agisse en fait d'un "animal aquatique" et non d'un poisson (en effet, il a des pattes !).
D'autres considèrent que le Stincus a des nageoires, mais qu'il les perd au cours de son développement naturel (Pri Chadash, Yorei Deah 83:3, entre autres).
Je trouve la réponse de R. Yonathan Eybeschutz particulièrement intéressante : selon lui, le principe selon lequel "tout ce qui a des écailles a aussi des nageoires" n'est vrai que dans la majorité des cas, mais on peut trouver une minorité d'exceptions, dont les Sages du Talmud n'ont pas parlé car elles sont trop rares (cf. Kreiti, Yorei Deah 83:3).
R. Yaakov Tzvi Mecklenburg donne la même réponse (cf. HaKtav veHakabbalah sur Vayikrah 11:9).
Il semblerait en dernière analyse que cette controverse soit inutile, car le Stincus ne serait pas vraiment un poisson (cf. Chatam Sofer sur 'Houllin 66b) et ne poserait ainsi pas de problème par rapport à la Guemara.
Aujourd'hui, certains veulent soulever une question du fait de l'existence de certains serpents de mers, qui auraient des écailles mais pas de nageoires, ou d'un groupe de poissons de la famille dite des "Synbranchidae" - mais là encore c'est controversé.
Je note pour finir que la zoologie a trouvé un autre animal que le porc qui a les sabots fendus sans ruminer : le pécari, un mammifère d'Amérique du Sud.
Et il y a un certain nombre d'animaux qui ruminent sans avoir de sabots fendus, outre le chameau, le "chafan" et le "arnevet" de la Torah (lamas, ...).
(source : The Camel, the Hare and the Hyrax, Feldheim 2004).