Cher Monsieur, j'ai lu tout votre message mais (hélas) très rapidement par manque de temps.
C'est vrai qu'il est très long, mais il a au moins le mérite d'être précis.
Je vous remercie de l'attention que vous avez porté à mon cours, même si j'aurais préféré que vous ne vous basiez pas sur un compte-rendu (qui risque de mal rendre les idées et) qui annonce clairement qu'il s'agît d'une retranscription libre - que je n'ai pas vérifiée et qui est rédigée par une personne que je ne connais pas.
Je vous suggérerais donc d'écouter enregistrement du cours (qui est disponible ici:
http://www.centre-alef.fr/2013/11/issakhar-et-zvouloun-peut-on-se-faire-aider-financierement/
au cas où vous ne l'auriez pas fait, car certains éléments devraient vous mettre la puce à l'oreille sur des détails que vous semblez ignorer ou mal interpréter dans mes dires.
Vous justifiez l'usage de la « violence » car vous dites que ma «
parole est respectée en France », je crois que vous surestimez la population de mon "fan-club", le nombre de juifs français pratiquants ne connaissant pas du tout Techouvot.com ni le site du Centre Alef me semble considérable, votre propos m'apparaît donc peu probable et il n'était pas nécessaire de faire usage de violence verbale pour apporter la correction que vous pensez juste.
Votre message est très long, mais en bref vous dites qu'il est impossible d'imaginer que le Rambam ait bénéficié de l'aide de son frère puisqu'il s'oppose halakhiquement à ces systèmes de soutien.
Ce cours date de quelques années, je ne sais donc plus avec précision ce que j'y ai dit explicitement et ce sur quoi je n'ai peut-être pas assez appuyé, mais vous devez savoir que tout ce que le Rambam peut dire de négatif sur le paiement des rabbins ne PEUT pas concerner l'association Issakhar-Zvouloun si l'on considère qu'elle est indiquée par les Sages eux-mêmes comme ayant été pratiquée par des tsadikim (comme mentionné dans le cours).
Le Rambam ne s'oppose pas au Talmud et il prend même soin de préciser qu'on ne trouve pas dans nos sources un rabbin qui aurait été entretenu aux frais du contribuable.
Ce qui indique bien qu'il ne s'oppose qu'à ce à quoi il s'est opposé et non à l'association Issakhar-Zvouloun, un des objets de mon cours était justement d'expliquer la différence fondamentale entre aider financièrement un rabbin et faire Issakhar-Zvouloun.
Comprenez-moi bien, je ne tiens pas absolument à dire que le Rambam avait rédigé un contrat Issakhar-Zvouloun comme le font certains, je ne m'intéresse pas à l'appellation, mais au point clé que j'ai défini dans ce cours comme étant la différence entre ladite association et - par exemple - le Kollel.
(je ne vais pas reprendre ce point ici, mais indiquons-le brièvement par la distinction entre "AIDE à un rabbin" et "SPONSORISATION d’un chercheur".)
Vous écrivez : «
Vue la position du Rambam sur la dépendance financière quelle qu'elle soit de tout étudiant ou prestataire de service en Tora il m'est bien sur difficile de croire en une pareil affirmation ».
Mais c’est faire abstraction de l’information citée, le Rambam ne PEUT pas s’opposer à une certaine forme de SPONSORISATION qui est louée et recommandée par les Sages du Talmud.
Vous parlez donc de «
dépendance financière quelle qu'elle soit » mais c’est faux, le Rambam ne s’oppose pas à Issakhar-Zvouloun.
Ce qu’il faut définir est comment se conçoit cette association.
Il n’est pas impossible que pour le Rambam, « Issakhar-Zvouloun » revienne aux privilèges accordés aux érudits dont il fait état, comme «
Metil Melay lekisso shel Talmid ‘Hakham » , c-à-d « déposer de la marchandise chez le sage » qui pourra la revendre à bon prix ou encore, faire fructifier son capital etc.
Dès lors, la forme de l’association entre le Rambam et son frère était peut-être que David faisait fructifier l’argent du Rambam : l’argent mêlé au temps produit de l’argent, l’érudit ne donne pas de son temps (et efforts), c’est son associé qui le lui offre et se charge de faire voyager son argent, de l’investir, d’acheter et de revendre, etc.
Ça serait l’application du Issakhar-Zvouloun dont parle le Talmud (selon le Rambam du moins) et c’est ainsi que le Rambam aurait profité de son frère qui se mouillait la chemise pour lui, pour qu’il puisse étudier sereinement et n’ait pas à aller travailler comme tout le monde.
C’est ce que vous dites, je vous cite : «
le Rambam dit que son frère s'occupait du business et que lui était tranquilement assis ! ce qui n'est pas écrit: qu'il le finance; qu'il y a entre eux un quelconque accord de yssahar et zevouloun ».
N’imaginez pas l’accord Issakhar-Zvouloun exclusivement sous forme de don d’argent, le don du temps nécessaire à « faire » de l’argent est aussi un don.
Je pense que le Rambam considérait qu’il est aussi permis de faire un Issakhar-Zvouloun par don d’argent
(puisque c’est ce qui semble être le cas de Shimon A’hi Azaria et autres), mais il est clair que le faire par « don d’effort » est parfaitement autorisé.
Issakhar reste assis chez lui et Zvouloun se démène pour multiplier le capital de Issakhar en parallèle de ses efforts pour ses propres deniers.
Ce n’est pas ce qui se faisait avec le Shevet Lévi qui recevait effectivement des dons, mais c’est encore mieux.
(Il faut bien comprendre qu’il ne s’agît pas simplement de faire fructifier le capital d’autrui à l’instar de ce que le proposent les banques ou autres, ces derniers prennent une part pour eux et en vivent, là nous parlons de le faire à titre bénévole, c’est le concept du "Matil Melay" autorisé et recommandé par le Talmud et c’est ce qui fait que le Rambam n’avait plus besoin de travailler en parallèle et pouvait être « yoshev béta’h » puisqu’il n’aurait pas fait mieux que son frère en travaillant pour lui-même.
C’est l’idée de «
והוא היה נושא ונותן בשוק, ואני היתי יושב לבטח ». Et c’est pourquoi David avait aussi avec lui sa propre fortune, car il devait vivre lui aussi et comme il n’était pas payé pour ses services pour son frère, il devait commercer avec son propre argent aussi.)
C’est tout ce que je voulais dire, l’essentiel étant de démentir l’affirmation classique que le Rambam (puisqu’opposé aux rabbins subventionnés) aurait commencé à être médecin dès sa jeunesse et aurait malgré tout réussi à produire tous ces sfarim APRES ses journées de travail.
Vous dites encore :
Citation:
dans un de vos écrits vous dites que très probablement le Rambam n'aurait put être celui qu'il fut s'il n'avait pas étudié ainsi en mangeant dans la main de son frère ! Ça c'est imbuvable !.
Je ne pense pas avoir parlé de «
manger dans la main de son frère », c’est certainement votre incompréhension de la différence que je présente entre SPONSORISATION et CHARITÉ qui vous pousse à utiliser de telles expressions, mais si vous remettez les choses en ordre et que vous analysez POURQUOI le Rambam s’oppose au paiement des rabbins, vous comprendrez qu’il n’y a rien de mal dans le système de la sponsorisation du chercheur et je vous dirais que le Rambam ne serait probablement pas devenu ce rabbin mondialement connu pour son Mishné Torah s’il avait été occupé par sa parnassa.
D’une part vous reconnaissez qu’il est écrit dans sa lettre qu’il profitait du travail de son frère
(même si c’est en ayant avancé une somme, sans bouger de sa chaise le Rambam confie une somme à son frère et ce dernier lui rend -par exemple- le double) et que cela lui permettait d’être « yoshev beta’h » et d’autre part, même si vous ne le reconnaissiez pas, nous possédons un témoignage de son [petit-]fils indiquant que pour écrire le Mishné Torah, le Rambam n’est pratiquement pas sorti de son bureau durant 10 ANS!
Je vous le demande : si son frère ne l’avait pas soutenu en travaillant pour lui
(ce qui est Halakhiquement licite selon le Rambam), aurait-il pu écrire son Mishné Torah ?
Aurait-il pu s’enfermer et se concentrer dessus durant 10 ANNEES ? ( et donc sans travailler.)
Voilà, nous sommes d’accord je présume, le Rambam n’aurait pas pu écrire son Mishné Torah sans ce soutien financier.
Désolé pour votre «
JUSTE REPARATION face au propos » que je tenais.
Par contre, quand vous ajoutez :
Citation:
Rajoutons que "ואני היתי יושב לבטח" ne veut absolument pas dire que je reste à rien faire (ou à étudier la sainte Tora bien sur) mais simplement que je suis assis dans l'assurance, avec l'esprit tranquille
que voulez-vous dire ?
qu’il travaillait malgré tout en plus de cela ?
Si c’est ainsi, en quoi était-il « yoshev béta’h » ?
De plus, le témoignage cité vous prouve qu’il devait bel et bien chômer «
à rien faire (ou à étudier la sainte Tora bien sur) » car s’il n’a fait qu’écrire son livre pendant 10 ans sans sortir de son bureau, c’est qu’il ne travaillait pas.
J’aurais bien voulu vous répondre plus longuement afin de pouvoir reprendre chaque élément et y répondre séparément
(comme je viens de le faire pour votre « Rajoutons »), mais je ne dispose pas du temps suffisant et je pense qu’il y a ici essentiellement un malentendu ; vous tenez à prouver que le Rambam n’avait pas souscrit à un contrat classique de Issakhar-Zvouloun, que l’argent que son frère lui donnait était le fruit d’un investissement du capital du Rambam et qu’il ne recevait pas d’aumône.
Ce que je dis c’est qu’il a bénéficié d’une aide considérable –réservée au rabbin- qui consiste à le décharger de tout travail afin qu’il puisse être disponible et totalement concentré sur son étude.
Je ne tiens pas à dire que cette aide était constituée de dons et de virements, elle peut parfaitement se faire autour d’un capital appartenant au Rambam selon les règles du «
Matil Melay lekis talmidei ‘hakhamim » qui lui octroient la totalité des bénéfices.
Ça ressemble assez à ce qu’à fait la famille Yaïche
(que je cite, j’imagine, dans ce cours) qui avait trouvé comme moyen de sponsorisation d’un rabbin de lui donner
(ou lui vendre à bas prix si vous y tenez) des parts de leur entreprise, de telle sorte que lorsque l’affaire prospérait, le rabbin en étant actionnaire, gagnait très bien sa vie sans faire autre chose qu’étudier (et écrire etc.).
Les autres points sur lesquels j’aurais souhaité trouver le temps de vous répondre lorsque je ne suis pas d’accord avec vous
(comme votre « Rajoutons ») me semblent accessoires et j’en ferai donc l’économie et mon message est déjà assez long sans cela.
L’essentiel étant de clarifier le fait que le Rambam a étudié des années durant sans se soucier de sa parnassa et sans pratiquer la médecine chez un sultan, c’est ce qui lui a permis d’écrire son grand-œuvre mondialement connu et étudié aujourd’hui. Et tout ceci, grâce à son frère David qui a "travaillé gratuitement pour lui", afin qu'il puisse étudier sans souci de parnassa.
Ashrav Veahsrei 'Helko, on ne souligne pas assez l'action de ces héros de la Torah qui sont pourtant très rares, que ce soit David Ben Maïmon ou la famille Yaïche et autres sponsors sans lesquels des merveilles de Torah n'auraient pas été écrites.