Citation:
il existe dans hazal des références qui vont dans le sens de cette affirmation "nous choisissons nos épreuves" c'est-à-dire avant que l'âme descend sur terre, l'âme choisi les épreuves quelle va vivre sur terre ?
Certains indiquent la Gmara
‘Houlin (60a) qui dit que toutes les créatures du Maassé Beréshit ont été créées adultes, conscientes (ou : avec leur consentement, il y a deux versions בדעתן ou לדעתן), et selon leur forme. (כל מעשה בראשית בקומתן נבראו בדעתן נבראו בצביונם נבראו)
Et
Rashi explique «
avec leur consentement » signifie qu’on les a informées qu’elles allaient être créées et elles ont accepté.
Et «
selon leur forme » signifie selon la forme (physique) qu’elles se sont choisies elles-mêmes. ( לדעתם: שהודיעם שיבראם והם ניאותו. לצביונם: בדמות שבחרו להם)
Mais il ne s’agit pas de chaque individu parmi les créatures, on parle de «
Maassé Beréshit », ce qui peut inclure toutes les espèces, les animaux et les hommes, mais pas les futures générations.
Néanmoins,
Rabénou Be’hayei (Dvarim 22,8) (en parlant du Maaké), l’applique à chaque individu, en expliquant la Gmara
Shabbat (32a) כי יפול הנופל ממנו ראוי זה ליפול מששת ימי בראשית qui nous dit qu’en dépit de l’annonce, à l’avance, que cet homme allait chuter
(puisqu’il est appelé « hanofel »), celui qui n’a pas mis de Maaké en porte la responsabilité.
Selon
R. Be’hayei, tout ce qui va arriver à une personne durant sa vie et de quelle manière elle va mourir, comment va-t-elle (ou non) subvenir à ses besoins, sera-t-elle riche ou pauvre, etc., tout est déjà annoncé à l’homme qui valide et accepte lui-même son destin.
Voici ses mots :
כי כל הנבראים כלן נבראו בחפצם ורצונם והקב"ה הודיעם בראשית הבריאה כל עניניהם כלם וכל המקרים העתידים לבא עליהם, וכן הודיעם ימי חייהם ומיתתם היאך תהיה, וכן ענין מזונותם אם בריוח אם בצער אם ע"י עצמן אם משל אחרים, וכן דרשו רז"ל כל מעשה בראשית לדעתם נבראו לצביונם נבראו שנאמר וכל צבאם, והכל רצו וקבלו
Rabénou Be’hayei applique donc bien la Gmara
‘Houlin (op cit) à chaque individu
(même à ce futur « nofel »).
Mais je suis encore sceptique, car
R. Be’hayei ne dit pas que l’homme CHOISIT son destin, mais que D.ieu le lui annonce et qu’il
l’accepte, nuance.
C’est une subtilité qui semble avoir échappé à
Rav Yehouda Brakha dans son
Shout Birkat Yehouda (VII, inyanim shonim, shaar 2, p.369).
Mais des A’haronim sont tout de même allés plus loin et ont compris qu’il s’agissait de choisir soi-même son destin dans les moindres détails, incluant le choix de son apparence physique, de son niveau de vie, de sa santé, etc.
Voyez le
‘Hafets ‘Haïm Al Hatorah (Dvarim 15,4, éd. de Rav Greineman, Bnei Brak 1957, p.259), dans les ajouts «
Maassay Lamelekh », il cite le
‘Hessed Leavraham qui dit qu’on demande à l’homme avant sa naissance s’il souhaite être créé riche ou pauvre.
A partir de là, il ajoute qu’étant donné que l’on constate qu’il y a énormément de pauvres (et qu’ils l’ont donc choisi), on en comprend que la richesse ne fait pas le bonheur de l’homme et, généralement, la vie du pauvre est pleine de choses intéressantes, alors que la richesse du riche ne le laisse même pas dormir tranquillement.
Voici ses mots :
בס' חסד לאברהם מובא שמלבד מה שמכריזים מ' יום קודם יצירת הולד עוד שואלים את העתיד להברא מי יעשר ומי יעני כלומר אם ברצונו להברא עשיר או עני ומכיון שעינינו רואות שרב מאד מספר העניים בעולם נמצינו למדים שהעושר איננו האושר האמיתי של האדם ועפ"י רוב חיי העני מלאים ענין ותוכן משא"כ השובע של העשיר שאינו מניח לו לישון
Il y aurait beaucoup à redire.
D’abord, de nos jours il y a beaucoup moins de pauvres qu’à son époque (b’’h), ça ne devrait pas être le cas selon sa logique.
Ensuite, pourquoi prie-t-on alors pour avoir une bonne parnassa ?
Et surtout, si l’on regarde de près le texte sur lequel il s’appuie, le
‘Hessed LeAvraham dont il ne donne pas la référence (c’est dans
Maayan 4, Nahar 11), il écrit effectivement que l’on donne le choix à l’homme et c’est chacun qui décide pour soi d’être riche ou pauvre, beau ou moche, grand ou petit, faible ou fort, handicapé ou non, etc. Mais il ajoute immédiatement, qu’on lui explique aussi qu’il y a la vie dans ce monde-ci, qualifiée de courte (‘Hayei Shaa), et celle dans le monde futur, après la résurrection des morts, qualifiée d’éternelle (‘Hayei Olam), et ce qu’il choisira dans ce monde-ci, sera l’opposé de ce qu’il aura dans le monde à venir.
S’il est grand, riche, beau et fort dans ce monde, il sera petit, pauvre, moche et faible dans le monde futur.
[NDLR: Si on le suit à la lettre, il y aura une quasi-totalité d’handicapés aux temps messianiques…].
Voilà pourquoi certains choisissent le confort pour cette vie, d’autres pour la vie future, et enfin une troisième catégorie, largement majoritaire, qui choisit de partager ça sur les deux mondes.
La lecture de tout ce qu’écrit le
‘Hessed LeAvraham nous indique que ce que dit le
Maassay Lamélekh ne colle pas avec le texte qui lui sert de base ; il est faux de déduire du grand nombre de pauvres qu’il est plus agréable dans ce monde-ci d’être pauvre
(car le riche ne dort pas etc.), car si la majorité des gens choisit la pauvreté dans ce monde, c’est afin de « mettre de côté » pour le monde futur, selon ce qu’explique le
‘Hessed LeAvraham !
Toujours est-il que vous vouliez des sources qui mentionnent cette idée, vous en avez quelques-unes à présent.
J’ai en souvenir aussi que l’idée se retrouve de manière similaire au
‘Hessed Leavraham dans les écrits de
Rabbi Na’hman de Breslev.
Cependant, de la Gmara
Nida (16b) il semble qu’on ne demande pas son avis au concerné, mais c’est le Malakh en charge de ce job qui demande à D.ieu que doit-on attribuer à ce futur bébé ? doit-il être fort ou faible ? intelligent ou bête ? riche ou pauvre ? (רבש"ע טפה זו מה תהא עליה גבור או חלש חכם או טיפש עשיר או עני)
La Gmara ne dit pas que D.ieu lui répondrait : « tu n’as qu’à questionner le concerné »…
Ça correspond mieux à ce qu’écrit
R. Be’hayei qui ne dit pas que l’homme CHOISIT son destin, mais que D.ieu le lui annonce et qu’il l’accepte, comme je l’ai indiqué plus haut.
Il y a aussi une histoire très connue à propos de
Rabbi Akiva Eiger et son dernier Shidoukh, où la jeune fille le trouvait très bien sous tous les aspects, excepté physiquement car il était très laid.
Rabbi Akiva Eiger lui aurait expliqué qu’en fait, avant de descendre sur terre, leurs Neshamot n’en étaient qu’une, qui s’est scindée en deux pour venir sur terre sous forme d’homme et de femme, et qu’Hashem avait décrété la laideur sur cette Neshama et que c’était la partie féminine qui allait devoir subir cela.
Là, la partie masculine a imploré l’Eternel de bien vouloir faire basculer la laideur sur l’homme, pour qui ça serait moins pénible à supporter.
Du coup, exaucé,
Rabbi Akiva Eiger est né particulièrement moche, mais il expliqua à la Meshoudekhet qu’il a fait ça pour elle, et que si elle ne veut pas se marier avec lui, il la comprend, mais qu’elle reprenne sa laideur…
Ça ressemble à une légende moderne, inventée récemment, mais mon grand-père l’avait déjà entendue en Pologne au début du XXème siècle, il y a plus d’un siècle.
Quoi qu’il en soit, on comprend donc qu’il y avait un décret divin de laideur sur cette Neshama et pas que ce soit la Neshama elle-même qui ait opté pour être moche.
Voir aussi le
Ram’hal dans
Derekh Hashem (II, §3, 1 -Feldheim 1978, p.56) qui écrit que les épreuves résultant de la richesse et de la pauvreté, ne sont pas choisies par la Neshama mais imposées par D.ieu qui sait ce qui convient à chacun.