Citation:
Où puis-je trouver la lettre qui retranscrit la dracha dite au nom de l'Admour de Belz en janvier 1944 avant de quitter la Hongrie ?
Voici une demande bien précise.
J’imagine que vous voulez surtout lire ce qu’il y est écrit en
page 19.
Ce texte est rarissime, surtout dans son édition originale datée de 1944. J’en dispose d’une copie.
Mais vous trouverez quand même sur Otsar Ha’hokhma la réédition de 1966, tapée à la machine (Stensil), comme ça fait moins de 40 pages, on peut y avoir accès gratuitement ici :
https://tablet.otzar.org/pages/?&restore=1&t=1597316324715
(si ça ne marche pas, ce qui est probable, connectez-vous en « oréa’h » puis inscrivez dans le moteur de recherche de droite ceci : הדרך רוקח )
Je crois que j’ai déjà parlé de cette Drasha dans un de mes shiourim, mais je ne sais plus lequel.
Le
Rabbi de Belz, en quittant Budapest pour faire sa Aliya, le 17 janvier 1944, laissait ses ‘hassidim dans l’angoisse de la seconde guerre mondiale.
Dans la Drasha, il est expliqué que le Rabbi ne fuit pas le nazisme, car il « voit » qu’il n’arrivera rien en Hongrie, que les habitants de ce pays resteront en tranquillité et quiétude (Menou’ha VeShalva).
Mais son départ est une volonté de faire la Aliya indépendante des nazis.
Il ne fallait donc aucunement s’inquiéter, la Hongrie serait protégée.
Très peu de temps après, les nazis entraient en Hongrie… la suite, vous la connaissez.
Ça fait partie des terribles erreurs de grands Rabbanim, comparables à l’erreur de
Rabbi Akiva qui a vu en
Bar Kokhba le messie
(ce qui entraîna énormément de morts), comme à celle de quelques rabbanim assurant leurs disciples en 1939 et 1940 qu’il n’y avait pas de raison de quitter l’Europe.
Lorsqu’ils ont changé d’avis il était parfois déjà trop tard.
Ce n’est pas une critique de ces rabbanim, mais de ceux qui mentent en assurant que tout ce que disent les Gdolim serait Beroua’h Hakodesh
(voire Benevoua) et qu’ils ne peuvent par conséquent pas se tromper
(il suffit aux gens sensés de constater que les Gdolim se contredisent parfois entre eux, pour comprendre que ceux qui diffusent cette idée ne sont pas animés par la Yirat Shamayim).
Les Rabbanim eux-mêmes n’ont fait que dire ce qui leur semblait le mieux, avec une intention Leshem Shamayim et sans intérêt personnel.
Ils savaient qu’émigrer vers la Palestine ou les Etats-Unis n’était pas sans danger (matériel ou spirituel) et estimaient que le danger hitlérien n’était pas si conséquent. Ce qui est évident aujourd'hui n'apparaissait pas si clair à l'époque.
(Certains rabbanim ont même été intéressés par Hitler יש"ו et son programme et ont espérer qu'il apporterait de bonnes choses. Mais ça c'était plutôt plus tôt, en 1933...)
Dès qu’ils ont pris conscience de leur erreur de jugement, ils ont encouragé ceux qui le pouvaient à fuir, mais ça n’était plus toujours possible.
Je m’oppose aux Reshaïm qui ont l'outrecuidance de calomnier les Gdolei Israel en prétendant qu’ils encourageaient les juifs à rester pour garder leurs ouailles et leurs communautés.
C’est ridicule lorsqu’on sait de qui on parle et de quelle envergure de Tsidkout il s’agit.
[Ils disent de nos jours la même chose au sujet des Rabbanim de ‘Houts Laarets qui déconseillent de faire la Aliya… (je ne dis pas que tous les rabbanim de ‘houts laarets seraient des Tsadikim au-delà d’un tel soupçon, je dis que les impies qui en soupçonnent certains Tsadikim véritables, sont des idiots.)]
Tous nos Tsadikim qui se sont trompés à ce sujet lors de la Shoah, étaient de véritables Tsadikim et étaient animés d’intentions nobles et pures. ‘Has Veshalom d’aller imaginer qu’ils n’avaient pas commis d’erreur de jugement et qu’ils se souciaient surtout de garder leurs communautés et leur Kavod. C’est une idée d’Apikorsout.
[Ce qu’il faut comprendre c’est qu’il n’y a que deux options : soit ils se sont trompés, soit ils ne se sont pas trompés.
Ceux qui disent qu’ils ne se sont pas trompés et que les Rabbanim ne peuvent pas se tromper, favorisent l’idée d’Apikorsout qui en découle naturellement.
En disant cela, ils encouragent les moins intelligents et moins Yerei Shamayim à penser que les Rabbanim savaient (beroua’h Hakodesh) ce qui allait se passer, mais disaient malgré tout de ne pas quitter l’Europe car ils se souciaient de leur business…
Ra’hmana Litslan Mehay Daata.
La vérité est qu’un Gadol peut se tromper
(Rabbi Akiva le prouve) et que c’est ce qui est arrivé à quelques rabbanim au début de la guerre, mais ils avaient de bonnes intentions.]
Pour le
Rabbi de Belz, certains disent qu’il savait bien que les nazis entreraient en Hongrie, mais qu’il ne voyait aucun intérêt à décourager ses ‘hassidim qui étaient de toute façon coincés sur place et condamnés d'avance.
Je préfère de loin dire qu’il s’est simplement trompé
(ou que son Roua’h Hakodesh s’est trompé- si certains préfèrent), car je trouverais criminel de mentir ainsi ; si UN seul juif avait pu s’échapper et ne l’a pas fait à cause du discours en question qui se voulait rassurant, ça serait terriblement grave.
Je sais qu’il y a aussi une autre hypothèse selon laquelle les autorités locales lui auraient imposé de diffuser cette idée rassurante
(afin que le peuple ne panique pas) et l’auraient menacé de ne pas le laisser quitter le pays s’il ne s’exécutait pas.
(là aussi il faudrait analyser halakhiquement, mais c’est déjà mieux que le mensonge anesthésiant.)