Citation:
Y a-t-il une dimension de 'consolation' en disant quaddish ou est-ce que c'est 100% pour le défunt ?
En effet, les proches sont concerné par dire le kaddish, si c'est 100% pour le défunt pourquoi ne pas remettre au Dayan/rabin de la ville/de la synagogue l'ensemble des kadishim.
et si c'est uniquement pour nous -ce qui m'étonnerait- cela amènerait beaucoup d'autre questions
par ailleurs si il y a une faible partie de la raison au kaddish qui soit en lien avec la consolation pourquoi tant de règle si stricte (miniane, a des moments particulier)
La situation des personnes ne pouvant dire kaddish a cause des restrictions sanitaire m'a amené a cette question. Je me demandais qui en souffrait le plus.. le mort (son âme/nechama) ou le proche.
Le kaddish est pour le défunt, pour consoler les endeuillés il y a les Shiva, les Shloshim etc.
Cela ne peut pas exclure qu’il y ait un aspect consolation en cela que l’endeuillé sait qu’il fait du bien au défunt, mais le but du Kaddish est pour le défunt.
Ceci étant dit, il faut en comprendre le mécanisme, car comment « faire du bien » à un défunt ?
Serait-ce de la magie ? une Segoula ? en récitant des formules et des incantations en araméen cela propulserait l’âme du défunt plus haut et à un meilleur rang ?
ça parait un peu enfantin ...et ça l’est !
Il est très important de comprendre ce qui va suivre, car après l’avoir lu, votre Kaddish ne sera plus le même et l’impact qu’il aura sur vos défunts proches sera beaucoup -beaucoup- plus puissant.
On ne peut plus faire de Mitsvot une fois détaché de notre corps, un mort ne fait plus « partie du jeu » et son décompte de Mitsvot/Aveirot devrait logiquement être définitivement à l’arrêt, puisqu’il n’a plus de libre arbitre.
Cette question se pose sur le Kaddish comme sur toute Mitsva faite « léilouy Nishmat untel ».
Le mécanisme est le suivant :
Si un fils fait une Mitsva
[= ou récite un Kadish dans lequel on glorifie D.ieu publiquement (Yehé Shemé Raba…) pour encourager tous les fidèles présents à étudier sa Torah (Al Israel Veal Rabanan…Veal kol Man Deaskin Beorayta…)] Léilouy Nishmat son père
(ou un individu Léilouy Nishmat son ami etc.), c’est parce que son père a fait quelque chose DURANT sa vie, qui a laissé une marque, une empreinte, sur le fils.
Si le fils lui est reconnaissant, s’il se sent redevable, c’est que le père, de son vivant, a fait quelque chose qui pousse le fils à faire une mitsva léilouy nishmato.
Cet acte du père date peut-être parfois d’il y a 50 ans, un mercredi en août, et il l’a oublié et son fils aussi, mais cela a contribué à cette volonté du fils qui s’exprime 50 ans plus tard par un Kaddish ou une Mitsva.
Donc il s’avère que cette Mitsva, bien qu’entièrement accomplie par le fils, participe à l’élévation de l’âme du père en cela qu’il a une part dans cette Mistva
(qui n’aurait pas eu lieu sans lui).
(et s’il s’agit d’une mitsva que le fils (/ou autre) aurait de toute façon accomplie sans la dédier Léilouy Nishmat qui que ce soit, voir ce que j’ai écrit ici :
https://www.techouvot.com/leilouy_nichmat-vt18452.html?highlight )
Le fils a ainsi permis au père « d’accomplir » post-mortem (par Shalia’h) une Mitsva.
Voir
Mishpetei Ouziel (I, O’’H, §2, 2) [sur lequel j’ajoute ici un élément qui explique ce qui manque dans sa réponse].
Voilà comment on peut « progresser » spirituellement après s’être défait de son enveloppe corporelle, en laissant sur terre des élèves, des enfants, des amis, qui seront empreints de respect et d’affection pour la personne qui les aura aidés, nourris, etc.
Si ces « disciples » se comportent bien sur terre grâce à son enseignement, grâce à leur rencontre, le défunt a donc automatiquement une part dans tout ce qu’il a « permis/entraîné ».
Dès lors, il faut bien comprendre que le Kaddish n’est PAS une prière à D.ieu demandant d’élever l’âme du défunt, ni une récitation mystique, ni une formule magique, ni une incantation kabbalistique.
Le Kaddish est un texte récité en araméen dans une volonté qu’il soit compris du peuple
(de nos jours où beaucoup ne comprennent ni l’hébreu ni l’araméen, il est donc capital d’en lire au moins une fois la traduction pour savoir ce que l’on y dit), un texte dans lequel on glorifie D.ieu et on prie pour tous ceux qui consacrent de leur journée à l’étude de la Torah.
Cf.
Beit Le’hem Yehouda (sur YD §376) et Zéra Emet (II, §148).
Pourquoi prie-t-on subitement pour ceux qui étudient la Torah ?
Car le plus grand mérite que l’on puisse « créditer » à son défunt père est d’étudier la Torah, cette « Mitsva-mère » seule garante de la transmission du judaïsme et seule à permettre un accomplissement optimal de toutes les 612 autres Mitsvot.
Seulement, comme il existe des Amei Haarets (des personnes illettrées) qui voudraient tant faire quelque chose pour leur père et ne savent pas étudier la Torah, les Sages ont préféré instituer le Kaddish, accessible à tous (même sans savoir lire), dans lequel MÊME celui qui ne sait pas lire
(en aucune langue, c’était plus fréquent avant qu’aujourd’hui) va prier pour ceux qui étudient et en cela participer un tant soit peu au Limoud Hatorah selon ses moyens.
C’est ainsi que l’endeuillé va accomplir son Kidoush Shem Shamayim
(Yehé Shmé Raba) et s’il comprend bien ce qu’il dit -enfin surtout : s’il en prend bien conscience, il apporte assurément ce mérite à son père « grâce » auquel il a participé un peu au Limoud Hatorah et au Kidoush Hashem en encourageant son auditoire à étudier la Torah
(puisqu’il prie pour tous ceux qui étudient) et à sanctifier le nom de D.ieu
(faire du Kidoush hashem puisqu’on dit dans le Kaddish que c’est notre volonté et notre but même à travers l’étude de la Torah).
A partir de là, vous comprendrez :
1) Le kaddish est pour le défunt.
2) Mais il l’est en élevant le niveau spirituel de l’endeuillé, c’est ça qui profite au défunt
(qui est d'une certaine manière son "élève").
3) la récitation du Kaddish aura moins de valeur que celle de l'endeuillé, qui de par sa position "crédite" plus le défunt
(puisqu'il lui est redevable et est une sorte de disciple et est motivé dans l'accomplissement cette mitsva par l'existence ou la disparition de son parent).
4) Un kaddish récité sans comprendre ou sans prendre conscience de ce qu’on y dit, n’a que peu de valeur face à un « vrai Kaddish ». cf.
Mishpetei Ouziel (I, O’’H, §2, 3).
5) L’étude de la Torah vaut beaucoup plus que la récitation
(même) d’un « vrai Kaddish », idem pour la Tsedaka et le soutien financier des étudiants en Torah.
6) Il y a des règles, comme le Minian grâce auquel la proclamation de l’endeuillé à un sens puisqu’elle se fait devant un « public ». Celui qui déclame un kaddish tout seul chez lui dans sa cuisine, n’encouragera personne à étudier la Torah ni à faire du Kidoush Hashem.
7) Ceux qui n’ont pas pu faire Kaddish en raison de la situation sanitaire
(pendant le confinement ou même après parfois) doivent comprendre (-et se réjouir de comprendre) qu’en étudiant sérieusement la Torah, ils feront pour leur défunt
beaucoup plus qu’en récitant un Kaddish (-même un Kaddish véritable, en comprenant et en vivant ce que l’on y dit, un Kaddish plein de conviction vaut encore moins que du vrai Limoud. A plus forte raison pour un kaddish récité sans aucune conviction).
Je vous renvoie aussi à ce que j’ai écrit durant le confinement à ce sujet, ici :
https://www.techouvot.com/precedente-vt8028572.html?postdays=0&postorder=asc&start=0
Dont voici un extrait :
celui qui a de la peine car il ne pourra pas réciter Kaddish doit savoir une chose fondamentale, qui n'est pas assez répétée toute l'année selon moi (et j'ai même le sentiment que les rabbins ne font pas assez d'efforts pour diffuser cette information de manière générale) et c'est donc l'occasion de la répéter:
Une véritable étude de Torah dédiée au Niftar vaut BEAUCOUP plus que le Kaddish.
Le Kaddish est la solution "Shava Lekhol Nefesh" (accessible à tous) que les 'Hakhamim ont trouvé pour l'élévation de l'âme du Niftar, car le Am Haarets ne pouvait pas étudier
(NB: le Am Haarets à l'époque du Talmud était illettré et totalement inculte, ce qui n'existe presque plus de nos jours: chacun sait lire au moins en français).
C'est pour ça que le Kaddish est en araméen, la langue comprise par tous à l'époque
(et non en hébreu comme la majorité de nos prières, car il fallait que le Am Haarets comprenne ce qu'il dit).
Mais il n'en demeure pas moins que l'importance du Limoud hatorah est nettement plus élevée.
Au point qu'un grand Rav ait écrit dans son testament, la demande expresse à ses enfants, de NE PAS dire le Kaddish pour lui les jours où ils n'auront pas pu étudier un Daf de Gmara!!!
On pourrait se dire qu'au contraire, ça serait toujours un kaddish de gagné, c'est vrai, mais je pense que le rav a voulu par-là donner de la valeur à tous les kaddishim que ses enfants réciteront pour lui, en leur faisant bien comprendre qu'un Kaddish seul est incomparable à un kaddish "accompagné" par l'étude d'une page de Gmara.
Quitte à "perdre" quelques Kaddishim, il préférait que ses enfants étudient Léilouy Nishmato.
Vous remarquerez aussi que dans le Kaddish (al israel) on ne prie pas pour "le repos de l'âme du Niftar", ni "pour les morts", ni "pour nos ancêtres", mais on prie pour
"tous ceux qui étudient la Torah dans cet endroit et dans chaque endroit", c'est bien parce que ce qui élève la neshama du Niftar est AVANT tout le Limoud hatorah, ainsi, même le Am Haarets qui était absolument incapable d'étudier, participait un petit peu à l'étude en priant pour ceux qui étudient la Torah
(méditez bien cette information, elle est gigantesque), et c'est ça que l'on fait dans le Kaddish!
c'est prier pour ceux qui étudient!
C'est ça le Kidoush Shem Shamayim que nous souhaitons dans la phrase "Yehei Shmei Raba" car c'est l'étude de la Gmara qui constitue l'ESSENTIEL de la Avodat Hashem dans la vie d'un juif et c'est ça qui apporte l'élévation de l'âme au Niftar, car son fils aura participé (très légèrement) au limoud Hatorah s'il a récité son Kaddish avec ferveur et kavana au point que grâce à lui des étudiants de torah se porteront bien et pourront étudier un peu plus et il y aura un peu plus de Kidoush Hashem dans le monde. VOILA la puissance du Kaddish.
(et oui, quand les rabbins nous disent qu'aider financièrement l'étude de la Torah est un très grand mérite pour nos ancêtres, ils ne baratinent pas par intérêt.)
Bref, en temps normal, le top du top que l'on peut faire pour un Niftar, c'est un Kaddish accompagné de l'étude quotidienne de la Gmara, mais en comprenant que le moteur puissant est la partie étude.
Et en ce moment, pour ceux qui n'ont pas la possibilité de dire kaddish, le mieux à faire est d'étudier plein de Torah Léilouy nishmat le Niftar.
-------------Fin de citation -------------
Plus tard, en page 2 (ici :
https://www.techouvot.com/suivante-vt8028572.html?postdays=0&postorder=asc&start=15 )
on m’a demandé qui était ce rav qui se souciait plus de l’étude que du kaddish, voyez ma réponse à laquelle je vais bez’’h encore ajouter ce soir des éléments liés à notre sujet sur l’importance du Kaddish, cela complétera mon présent message.
(par manque de temps, je ne me relis pas, sorry)