Citation:
Depuis quelques jours, le port du masque est obligatoire à Paris en pleine rue, et donc meme le chabat.
À ce sujet, j'entends de plus en plus de rabanim influents (rav brandt, le dayan rav daniel toledano du 19e, et peut etre d'autres) dire que le ether de porter un masque le chabat dans le reshout arabim est très halash.
Pire : ils affirment qu'il vaut mieux rester chez soi que de sortir avec, sauf si le tsaar est insupportable.
D'un autre coté, j'ai vu un rosh kollel parisien que je ne citerai pas, expert en shabat, le porter lehathila dans la rue, et ce avant le décret obligatoire de le porter dans la rue, donc il avait l'entière possibilité de sortir sans.
De même torah box a fait tout un article pour dire que cela etait moutar.
Je n'y comprends plus rien.
J'ai meme posé la question à l'un de ces 2 rabanim qui "interdit", pour comprendre la svara mais il semblerait qu'il faille etre vraiment versé dans la sougya pour comprendre les tenants et les aboutissants.
Question: je ne cherche pas à comprendre mais je voudrais avoir juste votre avis, car meme si en soi porter une echarpe ou un cache cou n'est pas si compliqué, c'est quand meme moins simple, donc devons-nous etre mahmir ?
Oui, en effet, c'est assez complexe.
La question est de savoir si un élément qui ne sert ni à faire joli, ni à protéger du chaud ou du froid, peut être considéré autorisé au titre de protection du corps d'un danger de contamination.
J'avais quelque doute, car le mal est "invisible" et ne se ressent pas immédiatement, est-il convenable de comparer ça à une protection du corps du chaud ou du froid?
J'en ai parlé avec
Rav Rottenberg pour qui il est évident qu'il n'y a pas de différence entre une protection du chaud/froid ou d'un virus et que l'on peut donc sortir avec un masque le shabbat (en faisant attention de ne pas le baisser etc.).
Rav Its'hak Yossef : idem.
[Le masque ne fait que protéger d'un mal invisible mais n'est pas un élément guérissant (Merapé), or nous avons des discussions parmi les Rishonim quant à savoir si un élément non guérissant est aussi autorisé...
Le Shoula'han Aroukh (O"H §301, 22 et 28)retient l'opinion Ma'hmira -celle du Tour, qui nécessite que cela soit Merapé, mais le Gaon de Vilna cité par le Mishna Broura (§301, sk.77) se positionne comme les opposants -dont le Rambam, et donc Lekoula.
Le Elia Raba cite plusieurs Poskim se contentant d'une protection, même si ce n'est pas Merapé, cf. Mishna broura (§301, sk.108)]
Concernant le mal "invisible" et qui ne se ressent pas immédiatement (le virus), on pourrait comparer le masque au Kaméa Shel Moum'hé
(shabbat 60a) et autoriser.
Quoi qu'il en soit, maintenant que c'est obligatoire par la loi, cela allège et simplifie la situation pour y voir un Heiter plus simple, car cela confère au masque un statut de Derekh Malboush. Cf.
Rama (O"H §301, 22) qui cite le
Or Zaroua (Shabbat §84) concernant la rouelle jaune imposée au juifs. Cf. aussi
Mishna Broura (§301, sk.83).
Par contre, il reste l'inquiétude dont parle le
Shoul'han Aroukh (O"H §301, 37) concernant les gants.
Le
Mishna Broura (O"H §301, sk.141) se montre plus indulgent que le
Shoul'han Aroukh et autorise à sortir le shabbat avec des gants tant que l'on ne passe pas par un Reshout Harabim Gamour, tout en soulignant qu'il convient au "Baal Nefesh" d'être Ma'hmir.
Ceux qui suivent
Rav Ovadia Yossef devraient en principe se l'interdire, puisqu'il retient systématiquement l'opinion du Shoul'han Aroukh.
Néanmoins, comme dit plus haut, son fils l'autorise.
La question serait de savoir s'il y a lieu de s'inquiéter qu'une personne enlève son masque tout en marchant, comme on peut s'en inquiéter pour des gants.
A priori, je dirais que l'inquiétude est supérieure ou égale, mais pas inférieure.
Il est très fréquent que l'on baisse son masque pour respirer un coup ou parce qu'il nous gène, et dès que le masque n'est plus en place, même s'il reste accroché aux deux oreilles, puisqu'il ne protège plus, rien n'autorise à le porter (en se déplaçant sur 4 Amot).
Toutefois, nous ne pouvons pas vraiment établir un 'Hashash évident et il semble autorisé de porter le masque, mis convenablement sur la bouche et sur le nez, à condition de faire très attention de ne pas le baisser/enlever/déplacer en marchant; si l'on a besoin de se gratter ou de respirer ou autre, on s'arrêtera d'abord et une fois à l'arrêt, on pourra respirer/se gratter etc. puis remettre le masque convenablement et seulement ensuite continuer sa marche.
[NOTE: je dis sur la bouche ET sur le nez, cependant, il y a des Rishonim qui autorisent dès que/même si ce n'est que pour éviter de contaminer autrui (être Mazik), dans ce cas, il semble évident qu'en ayant au moins la bouche obstruée par le masque, on diminue grandement le risque de contamination pour autrui et on pourrait autoriser le port du masque même s'il n'est que sur la bouche et ne couvre pas le nez. Mais comme d'autres Rishonim n'autorisent que si ça protège l'homme lui-même, il faut porter le masque sur la bouche et le nez, car se couvrir seulement la bouche ne protège presque pas, ce qui se respire par la bouche se respire aussi par le nez]
En CONCLUSION:
[Même si je n'ai pas creusé la souguia de manière assez conséquente pour pouvoir affirmer la Halakha, je me base sur les autorités qui indiquent que:]
Oui, vous pouvez porter le masque dans la rue le shabbat en faisant très attention de ne pas le baisser, mais de bien le garder en position sur la bouche ET SUR LE NEZ tant que vous marchez.