A
OAPerez 1 :
Je réponds à présent à votre premier message :
Citation:
... à propos de l'étude des Tosfot ('Iyoun/Békiout ...).
J'ai vu une vidéo de Rav Its'hak Yossef concernant un homme qui a fini le Chass et qui est pourtant devenu renégat (Apikoross).
Le Rav en explique les raisons que lui a dites son père, ici (pour écouter directement les raisons, aller vers le temps 06:50) :
https://m.youtube.com/watch?v=TE4NRumHq80
Le Rav a bien signalé l'importance d'étudier Tossfot et de faire des Pilpoulim, et de ne pas se suffire à étudier la Gmara avec Rachi.
Comment donc concilier cela avec ce que vous dites ?
Je n’y vois pas de contradiction du tout.
ROY ne lui a pas dit que si l’on étudie sans Tosfot on devient Apikoros
(imaginez ! c’est le conseil du Maharal -et d’autres encore, comment conseilleraient-ils une telle chose ??), il lui a juste dit que ce Méir
(il ne dévoile que son prénom, je ne connais pas le nom de famille et il n’y a pas de raison de le taire, puisqu’il s’agit d’un véritable Apikoros poresh midarkhei Tsibour qui entre dans la catégorie Shana Vepiresh) n’a jamais approfondi son étude.
Il ne s’agit pas seulement du Tosfot qu’il n’a pas étudié, mais il fuyait toute réflexion sur de potentielles contradictions dans les Divrei ‘Hazal, car son but était simplement de faire rapidement Siyoum
(c’est plus ou moins ce qu’il dit) et son étude ne correspond pas à ce qu’on appelle למיימנים בה et que l’on explique « mettre sa force » (de réflexion) dans son étude.
De plus, je vous indique un autre ‘hilouk gros comme une montagne :
ce dont parle le
Maharal (et tous les autres) n’est pas de boycotter Tosfot, mais de le laisser de côté lorsqu’on DECOUVRE la Gmara car à ce moment c’est nocif, mais il est bien entendu bénéfique d’étudier Tosfot une fois qu’on aurait bien étudié notre Massekhet ou notre Shas, or ce jeune homme connaissait tout le Shas Gmara sans s’intéresser aux Tosfotim.
Aussi, j’indiquerais au
Rav Yossef un autre point : ce jeune homme étudiait la Torah comme une science, sans aucune Yirat Shamayim.
Il n’est pas devenu Apikoros lorsqu’il a appris ce que
Rav Ezra Attia avait écrit à son sujet (l’interdit aux Ba’hourim de lui parler), il l’était bien avant !
Pensez ! nous sommes chez les Sfaradim au milieu du XXème siècle, à la Yeshivat Porat Yossef et ce garçon MANGE à Yom Kippour ?!
Vous n’allez pas imaginer qu’il ignorait l’interdit de manger ce jour-là ?
Un juif qui mange à Yom Kippour (surtout un juif Sfarade et à cette époque) est nécessairement déjà un Apikoros lekhol Hadéot.
Mais il y a plusieurs points obscurs dans ce récit, le garçon serait arrivé à Porat Yossef à 14 ans connaissant déjà tout le Shas ?
il y serait resté jusqu’à 24 ou 25 ans au moins
(puisque défini comme un vieux ba’hour selon les concepts de l’époque, où cet âge n’était pas considéré avancé), il a donc passé au minimum 10 ans à Porat Yossef, mais on ne nous dit pas à partir de quand a eu lieu l’épisode des Divrei Kfira.
Peut-être qu’il ne s’est déclaré que peu avant son dernier YK à la yeshiva qui aurait été son premier YK transgressé ?
Je trouve très intéressante la démarche de
rabbi Ezra Attia (que le Rav Its’hak Yossef appelle toujours Attié, son frère aussi Rav David Yossef s’obstine comme lui à l’appeler Attié, je ne sais pas pourquoi et je ne pense pas que le véritable nom était Attié mais bien Attia.
Peut-être que le Rav Attia lui-même avait une prononciation étrange qui donnait Attié lorsqu’il prononçait son nom?
Ou alors l’erreur leur vient de leur père (ROY)?
Mais bon, Rav David Yossef s’obstine aussi à prononcer mon nom Wottenberg avec un O… c’est peut-être une sorte de lecture Ashkenaze à ses yeux ? je ne sais pas, c’est rigolo.
Je lui ai dit plusieurs fois que c’est avec un A, mais l’info ne passe pas.
Ça ne me dérange pas, je remarque ça uniquement pour l’analogie, on voit une capacité de déformer un peu un nom même s’il est prononcé par tous autrement),
je disais donc que je trouvais très intéressante la démarche de
Rabbi Ezra Attia : il a un élève de sa Yeshiva qui mange à Yom Kippour mais il ne veut pas le renvoyer, ni le réprimander.
Et ce, dans l’espoir qu’il revienne à la Torah grâce à l’étude et la fréquentation de Shomrei Mitsvot.
C’est aussi une attitude que le
Rav Méir Mazouz prône.
Ne pas « casser » un élève, en le renvoyant, car s’il quitte la yeshiva, on est à peu près sûr qu’il abandonnera la pratique (-et c’est ce qui s’est finalement passé).
Chez les Rabbanim Ashkenazes, un élève qui mange Bemézid à Yom Kippour est renvoyé et on n’en parle plus (et il s’écarte en effet définitivement de la Torah).
Lorsqu’il ne représente pas de danger pour les autres élèves, ni au niveau de sa rou’hniout
(=il n’est pas au point de manger à YK et ne va pas entraîner des dégâts spirituels sur les autres élèves en leur parlant), ni au niveau de son comportement
(=son mauvais comportement n’est pas de nature à avoir une influence négative sur son entourage et ses camarades), même les Rabbanim Ashkenazes sont d’accord avec les rabbanim Sfarades, il ne faut pas le renvoyer.
Tant qu’il ne risque pas de refroidir la Yirat Shamayim des autres, on le garde dans l’espoir qu’il se reprenne.
Mais s’il risque de déteindre sur d’autres élèves, on ne prend pas ce risque et on le renvoie.
Vouloir le garder par « miséricorde », par Ra’hmanout, est un piège du Yetser Hara, c’est une ra’hmanout mal placée, au sujet de laquelle il est dit « quiconque se montre miséricordieux lorsqu’il convient d’être cruel, finira par se montrer cruel lorsqu’il conviendrait d’être miséricordieux », car être Mera’hem sur l’élève et ne pas le renvoyer revient déjà, en fait, à une Akhzariout (cruauté) envers les autres élèves potentiellement influençables.
Et il est extraordinaire de constater que cette même personne (qui n’a pas les notions de Ra’hmanout et Akhzariout bien en place dans sa tête) sera ultérieurement amenée à se montrer cruelle envers une autre personne qui ne mérite pas une telle attitude
(j’ai déjà assisté à un cas flagrant et c’est frappant quand on y réfléchit).
Ce qui m’intrigue dans cette histoire, c’est la naïveté de
Rabbi Ezra Attia qui imaginait que son papier allait faire le tour de la yeshiva et que personne n’allait éventer la mèche, que le concerné n’allait pas découvrir le pot-aux-roses.
Et jusqu’à quand ? Combien de temps imaginait-il que ça allait durer ?
Mais bon, il y a peut-être des éléments de l’histoire que nous ignorons.
Un autre élément est à souligner dans ce récit, au passage,
Rav Its’hak Yossef déplore le jeune âge auquel les ba’hourim se marient de nos jours, 20 ans, 21 ans, c’est trop jeune selon lui.
Ça ne laisse pas le temps d’apprendre plein de Torah,
« le marié arrive au kollel encore ignorant ».
C’est intéressant car c’est en opposition frontale et très nette avec la position de
Rav ‘Haim Kanievsky qui insiste pour les mariages de plus en plus jeunes, il conseille aux ba’hourim de viser …17 ans !
Rav Shakh aussi s’opposait aux mariages jeunes, il nous conseillait d’étudier sérieusement jusqu’à 23 ans et de se marier à 23 ans.
[bien entendu, il ne peut pas y avoir un âge fixe pour tous, chacun est différent, mais il s’agit d’un cap à viser, ce qui a une sorte d’intérêt lorsqu’on vit en adéquation avec la halakha.]
Merci pour ce lien et cette anecdote riche d’enseignements.
Et désolé de ne pas avoir le temps de me relire (-sorry pour les fautes).