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minianim pendant ce second confinement

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Nat2618
Messages: 5
bonjour,
je voulais avoir votre avis sur l'organisation de minyanimes pendant le confinement
faut il prier dans ces offices organisees ou est il preferable de rester prier a la maison en cette periode de confinement?
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6640
Citation:
je voulais avoir votre avis sur l'organisation de minyanimes pendant le confinement
faut il prier dans ces offices organisees ou est il preferable de rester prier a la maison en cette periode de confinement?

A ma connaissance, il est interdit par la loi de se regrouper à la synagogue pour prier.

Il ne faut pas y voir une « Gzeira », un décret contre la Torah, cet interdit n’a rien d’opposé à la Torah, il est purement sanitaire, comme celui que Rabbi Akiva Eiger avait décidé et imposé lors d’une épidémie de choléra au XIXème siècle.

Concernant notre situation, que les autorités aient ou non raison du point de vue médical ne change pas grand-chose et qui peut affirmer détenir la vérité sur la nécessité ou non d’un confinement ?

Lors du premier confinement, j’avais relayé l’avis de plusieurs Poskim de renommée mondiale, interdisant de manière stricte de tenter d’enfreindre les règles sanitaires et organiser des minianim en synagogue sous couvert de sentiment religieux.

Toutefois, ce second confinement est quelque peu différent en cela qu’il est moins strict ; on peut aller au travail (pour certains) et à l’école. Dès lors, d’aucuns se disent qu’on devrait aussi autoriser la synagogue.

La vérité est que ce raisonnement n’est pas infaillible, car la synagogue sera toujours une réunion de plus à l’emploi du temps, avec différentes personnes et donc de nouvelles pistes de contagion.
Le fait que le travail et l’école soient autorisés n’est pas sans danger non plus, il est certain que ça ne permettra pas de freiner/d’atténuer aussi « rapidement » l’épidémie que lors du premier confinement qui était plus drastique, mais le gouvernement l’autorise pour ne pas risquer une crise financière qui tuerait finalement aussi beaucoup de monde. C’est donc une sorte de compromis entre deux dangers : perdre la santé et perdre la parnassa (terme à comprendre convenablement, comme expliqué ici : https://www.techouvot.com/viewtopic.php?p=53369#53369 , il ne s’agit pas d’amoindrir sa richesse, mais de risquer la pauvreté).

Dans cette optique, continuer les offices synagogaux ne devrait pas être justifié, car l’importance de la prière en minian ne peut se mesurer au risque de perdre sa santé ou son gagne-pain. Si chacun commence à « tirer la couverture de son côté » et se focaliser sur ses propres besoins, sans accepter de faire le moindre sacrifice pour participer à l’effort national, on ne s’en sortira pas.

Je sais que pour certains, le confinement ne sert à rien, ni le masque d’ailleurs. Il y en a qui considèrent aussi que ce virus n’est pas si grave que ça. Soit. Je n’entre pas dans ce débat.
Je ne suis pas là pour arbitrer entre les différents niveaux d’anarchisme.
Je tente seulement de présenter un regard personnel (que j’espère halakhique) dans l’hypothèse où la démarche du gouvernement serait sensée ou au moins partiellement bénéfique à la société, au "bien collectif".

S’il y a des personnes, mues par un anarchisme religieux, qui de toute façon transgressent les règles de confinement par principe et sortent dans la rue sans masque ni attestation pour aller faire un pied de nez aux forces de l’ordre, elles peuvent tout aussi bien faire un minian, la seule question sera le ‘Hiloul Hashem, mais je ne pense pas qu’elles y soient sensibles.

Pour ceux qui essaient tant bien que mal de se conformer aux règles sanitaires, il faut comprendre que la prière à la synagogue est interdite par la loi, pas pour embêter les juifs, mais pour endiguer la propagation du virus.

Encore une fois, il ne m’appartient pas de décider de l’efficience du confinement, ce que je dis c’est que nous sommes citoyens français et devons nous comporter en tant que tels.
Il faut savoir faire preuve de discipline et conjuguer nos efforts avec ceux de tous les français. Le fait d’être juifs ne nous exempte pas de respecter la loi civile, bien au contraire ! Se sentir au-dessus de la loi est une mauvaise Mida qui trouve racine dans l’orgueil et le manque de respect envers autrui.

Il y a actuellement des gens qui ne peuvent pas ouvrir leur boutique et qui sont en train de couler financièrement pour « participer » à l’effort national, quelle insolence à leur égard de se regrouper dans les synagogues ! Quel ‘Hiloul Hashem de se penser ainsi au-dessus des lois !

On ne peut pas décemment réclamer être traités comme tous les français, si en parallèle on ne s’astreint pas aux astreintes des français.

Quand on vit dans un pays et qu’on profite de ses avantages, il faut savoir respecter sa loi, qu’elle nous plaise ou non. (-Tant qu’elle est juste. Si elle devenait objectivement injuste, criminelle, discriminatoire, etc., c’est autre chose.)

Si quelqu’un trouve que cet interdit de synagogue est absurde, il peut organiser une manifestation, faire savoir son mécontentement, réclamer que l’on corrige la loi, montrer les incohérences de cet interdit, etc. Mais pas l’enfreindre.

Ceci étant dit, le fait que ce confinement soit plus souple que le précédent, permet de facto plus de possibilités pour faire la Tfila en minian ; Il est interdit de faire des minianim dans les synagogues, mais pas dans les lieux où des gens sont de toute façon regroupés pour une raison autorisée.
Par exemple : ceux qui ont l’habitude d’organiser un minian avec leurs collègues sur leur lieu de travail et qui seront de toute façon regroupés pour le travail, il serait absurde de s’interdire la tfila collective. Il faudra juste veiller à respecter les distances etc. Idem dans une école…

Il devrait aussi être possible d’organiser un minian en extérieur, en gardant les distances. Par exemple dans une cour s’il n’y a que des juifs (car s’il y a des non-juifs, il y a lieu de craindre qu’ils fassent des problèmes, même si dans l’absolu il n’y a pas de véritable infraction à la loi, mais il n’est pas souhaitable de se disputer avec ses voisins).

Il parait aussi qu’on peut sortir les enfants dans les jardins publics à proximité -durant une heure. Si dix papas s’y retrouvent, rien ne leur interdit un petit Min’ha collectif dans un coin pendant que les enfants jouent.
(Bien entendu, sans monopoliser le jardin, sans déranger les autres, sans faire tous les efforts pour se faire remarquer et prier(/crier) à haute voix. Il y a tellement d’histoires autour des prières de rue des musulmans, pas la peine de nous coller cette étiquette.
Je ne dis pas que la laïcité imposerait -comme certains le pensent- de devoir se cacher et que personne ne puisse deviner notre appartenance au judaïsme, mais de là à se manifester en criant nos prières dans l’espace public, il y a une marge. Il faut savoir respecter les gens et se montrer discret.
Même parler à voix haute dans la rue est irrespectueux, s’il s’agit de prière, c’est un ‘hiloul hashem encore plus grand. Si vous êtes en Israël, pas de souci, vous pouvez faire la prière à voix haute dans de nombreuses rues, mais en France, non.)


Dans notre cas, il faut distinguer entre l’esprit et la lettre de la loi;
Il faut respecter l’esprit de la loi, et « veiller à s’arranger » avec la lettre de la loi.



De manière plus générale, je m’interroge sur ce qui pousse véritablement les gens à vouloir faire la prière à la synagogue (en ce moment) en bravant l’interdit.

S’il y a (peut-être) parmi eux des Tsadikim qui sont Makpidim sur chaque détail halakhique et chaque Hanhaga Tova (et qu’ils tiennent Davka à prier dans une synagogue), je crains qu’ils ne soient que très minoritaires.

S’il y a 10 personnes répondant à ce critère et qui souhaitent se regrouper pour faire minian, je les comprends. Mais si c’est pour faire un minian pour ensuite parler pendant la ‘hazara, c’est insensé.

Ceux qui veulent se renforcer en Tfila ont raison, mais il conviendrait déjà de ne pas ignorer/mépriser les bases de la tfila : en respecter les horaires (du Shema et des tfilot), essayer de penser à la traduction/au sens de ce qu’on dit en priant, ne jamais parler durant la ‘hazara, le Kaddish, la Kriat hatorah, le Yotser…

Ce travail de Kavana (penser à ce qu’on dit) est réalisable même Beya’hid et si ce break lié au confinement peut en être le déclencheur, c’est une bénédiction. Idem s’il fait prendre de bonnes décisions à ceux qui se permettent de parler pendant la ’hazara ou le kaddish etc. (en languissant tellement la Tfila Beminian qu’ils décideraient de mieux la respecter).

Il conviendra aussi de rentabiliser le temps au profit du limoud, compenser l’absence de synagogue par plus d’étude quotidienne.

Ceux qui s’organisent en petit comité, dans un lieu privé, assez espacé, en respectant les distances et toutes les règles sanitaires, peuvent aussi le faire. Ça ne s’appelle pas transgresser la loi, au pire ça s’appelle « s’arranger avec la lettre de la loi », mais ce n’est pas enfreindre l’esprit de la loi. [Les autorités l'admettraient officiellement si cela n'ouvrait pas la porte à plus de laxisme.]

Bien sûr, SI et seulement SI les conditions et mesures sanitaires sont drastiquement appliquées.

En tout état de cause, je ne recommanderais pas ces Minianim aux personnes âgées, ou faibles.
Surtout ceux qui ne sortent quasiment pas de chez eux et qui ne vont ni au travail ni nulle part, tant ils craignent pour leur santé.
C’est plutôt pour les jeunes qui ont une bonne santé.

Il y a tout de même des personnes âgées qui souffrent terriblement de l’absence de minianim et qui risquent encore plus de dépérir en restant prier chez elles. Dans ce cas, il vaut mieux aller dans un minian privé, mais à condition d'y respecter les mesures barrières.

Dans tous les cas, pour les Tfilot du Shabbat, il faudra s’assurer au préalable de notre capacité à produire/confectionner une attestation shabbatique qui s’insère dans la ceinture par exemple (ou qui est écrite sur la chemise si l’on préfère, mais difficile d’y insérer la CNI).

Porter son attestation et sa CNI dans la poche pour aller prier Betsibour serait une aberration et un grave Hiloul Shabbat.

Encore une information (qui peut avoir son importance dans notre situation): selon plusieurs Poskim, commencer la Amida de Sha’harit à l’heure du lever du soleil (Hanets Ha’hama) serait encore plus important/souhaitable que de prier en Minian (-et ce, toute l’année).
OAPerez
Messages: 348
Chalom Rav Wattenberg.

Pourtant, j'ai appris qu'il y a des organisations de Minianim qui sont justifiées par les organisateurs par le fait que, dans les églises, le public est autorisé à y entrer pour se recueillir de manière individuelle, mais sans organiser de regroupement religieux. Et donc, ces organisateurs de Minianim se sont dit que si on se « recueille chacun de son côté », un ici, plus un autre deux mètres plus loin, etc. jusqu'à avoir dix personnes qui se recueillent, ça devrait être légitime ...


Merci d'avance pour votre retour.
Kol Touv.
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6640
Citation:
Pourtant, j'ai appris qu'il y a des organisations de Minianim qui sont justifiées par les organisateurs par le fait que, dans les églises, le public est autorisé à y entrer pour se recueillir de manière individuelle, mais sans organiser de regroupement religieux. Et donc, ces organisateurs de Minianim se sont dit que si on se « recueille chacun de son côté », un ici, plus un autre deux mètres plus loin, etc. jusqu'à avoir dix personnes qui se recueillent, ça devrait être légitime ...

Merci d'avance pour votre retour.


Citation:
Merci d'avance pour votre retour.

Mon retour sur quelle question? Si la loi autorise de se recueillir de manière individuelle, ça ne veut pas dire pour un office à plusieurs.
Que dire de plus?
Un minian n'est qu'une association de plusieurs individus isolés.
L'idée est que s'il y a office religieux, les gens vont venir en même temps dans le lieu de culte, et aussi prier à gorge déployée, ce qui augmente le risque de contamination.
Autoriser les personnes isolées est la limite, si ces personnes isolées se constituent en un office religieux, ce ne sont plus des personnes isolées.

Mais je ne crois pas qu'il y ait utilité à tergiverser sur ces choses, ceux qui transgressent les directives en sont bien conscients et de toute manière ils ne pourront bientôt plus le faire, car la fin du confinement approche tous les jours un peu plus bez"h.
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