J’annonce ici le décès d’un grand Possek et grand Tsadik, Rabbi David Feinstein, alias Reb Dovid Feinstein, fils du très célèbre Rav Moshé Feinstein auteur du très fameux Igrot Moshé.
Reb Dovid est Niftar ce vendredi 6 novembre 2020 (19 ‘heshvan 5781) à 91 ans.
Quelques mots à son propos :
Né en été 1929 (à parshat Behaalotekha) à Liouban (près de Minsk en Biélorussie) (petit village de 2000 habitants en tout à l’époque) où son père était rabbin.
Les Feinstein partent pour les Etats-Unis en 1937 et s’installent à NY après avoir hésité un moment entre la Palestine et les Etats-Unis.
C’est une des très grandes décisions de l’Histoire, un choix inspiré qui aura une influence extraordinaire sur le judaïsme américain [mais aussi pour le reste du monde, compte tenu du rayonnement de son ouvrage Igrot Moshé qui n’aurait probablement pas été identique (le responsa comme le rayonnement) s’il avait opté pour la Palestine].
Reb Dovid est resté à N.Y. depuis.
Lorsque son père décède en 1986, c’est lui qui est nommé à la tête de la yeshiva MTJ (מתיבתא תפארת ירושלים).
Il siégeait aussi à la Moetset Gdolei Hatorah des USA et était considéré comme un des plus grands et importants Poskim des USA, si ce n’est le plus important.
Rav Elyashiv avait qualifié R. Dovid Feinstein de plus grand Possek des USA.
Il ne cherchait pas à agrandir sa yeshiva, préférant se concentrer sur le groupe qu’il dirige avec plus d’attention que de se retrouver avec des centaines ou des milliers d’élèves qu’il ne pourrait que moins bien diriger.
Il se caractérisait par son honnêteté intellectuelle et sa franchise.
A part ça, il était le symbole de la Anava et de la simplicité.
Il se comportait simplement et très naturellement, dans des proportions qu’on ne trouve qu’en Amérique, il me semble.
Il y a des gens modestes ailleurs, bien sûr, mais un si grand Gaon en Torah qui se comporte si simplement -et surtout si naturellement, ce n’est pas fréquent.
(Je veux dire qu'il y a des Rabbanim qui vivent de manière très simple et qui ne cherchent pas le Kavod etc.
Mais ils ne vivent pas une vie "naturelle"/normale.
Il y a toujours des gens qui leur tournent autour, on commente leurs moindres gestes etc. Ils ont un ou plusieurs Shamashim qui s'occupent de faire un peu tout à leur place, il y a toute une armée autour d'eux et il est très difficile de les approcher simplement. Même lorsqu'on y arrive, on a une entrevue limitée de 2 à 4 minutes durant lesquelles il va falloir se contenter d'une ou deux phrases pas toujours faciles à interpréter, etc.
Bref, le lien humain est dénaturé, très rare et très infime.
C'est bien sûr le résultat de la trop grande médiatisation, il y a des milliers de personnes qui souhaitent les rencontrer et ce n'est techniquement pas possible sans rendre ces rencontres très symboliques et expéditives.
C'est un phénomène qui est né dans la seconde moitié du XXème siècle -et même vers sa fin, dans le dernier quart du XXème siècle, essentiellement en Israël, où les grands Rabbanim sont très souvent propulsés dans un monde parallèle et deviennent d'une certaine manière inaccessibles, alors que depuis toujours, un Rav si grand soit-il, ne pouvait pas être consulté quotidiennement par des visiteurs du monde entier, ce qui fait qu'il restait toujours beaucoup plus accessible et proche des gens)
Reb Dovid fuyait les honneurs et est resté très discret toute sa vie.
Sa modestie ne l’empêchait pas d’émettre des opinions tranchantes et de tenir tête à d’autres rabbanim sur les points qui lui semblaient importants, mais il se tenait à l’écart de tout ce qui est politique et qui amène souvent à être mêlé à des Ma’hlokot.
Il était bien « dans son coin » avec ses talmidim, mais son opinion était respectée dans tous les Etats-Unis et pour beaucoup, c’était le plus important Possek du continent.
Même dans son Beit Hamidrash, s’il voyait quelqu’un agir différemment de ce qu’il préconisait, il ne disait rien, mais si cette personne tentait de prouver qu’elle avait raison, il lui démontait ses preuves de manière catégorique.
Il comprenait bien les gens et aidait énormément de monde.
Il faisait partie des derniers Gdolim américains encore nés à l’étranger en Russie/Europe.
תנצב"ה