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Bracha pour les mitsvot

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aralé
Messages: 147
Kvod Harav,

Il semble qu'on ne fait pas de bracha pour les mitsvot ben adam lehavero.
Y a-t-il des exceptions ?

Pourquoi ? Il doit y avoir une raison forte.

Et pourquoi des exceptions, s'il y en a ?

Merci d'avance.
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6700
Citation:
Il semble qu'on ne fait pas de bracha pour les mitsvot ben adam lehavero.
Y a-t-il des exceptions ?
Pourquoi ? Il doit y avoir une raison forte.
Et pourquoi des exceptions, s'il y en a ?


Les Rishonim et les A’haronim s’interrogent sur l’absence de Brakha sur certaines Mistvot.
Le Biour Hagra (o’’h §8) indique plusieurs règles à ce propos.

L’une d’elle est qu’une Mitsva qui ne dépend entièrement de celui qui l’accomplit, se fait sans Brakha.
Voir aussi Rashba (Shout Harashba I,§18).

Par exemple donner de la Tsedaka, si le pauvre la refuse, je n’ai pas accompli la mitsva donc ma brakha (qui doit se faire avant l’accomplissement, « over leassiata ») serait vaine.
Voià qui explique l’absence de Brakha dans de nombreuses Mistvot Bein Adam La’haveiro (comme : prêter de l’argent au pauvre, Kiboud Av Vaem, Haanakat Eved…).

[On retrouve une idée voisine dans Tosfot (Brakhot 11b) pour expliquer l’absence de Brakha sur la Mitsva de dormir dans la souka, car on ne peut pas être certain de s’endormir.]

Pour les Mitsvot qui dépendent de la bonne volonté d’autrui, c’est très « technique » comme argument, on pourrait imaginer faire une Brakha qu’à partir du moment où l’on sait/voit que l’autre accepte.
Ou encore se résoudre à faire la Brakha après. On fait bien une Birkat Iroussin alors que ça dépend d’autrui...

Une autre explication donnée à l’absence de Brakha sur la Tsedaka, est celle de Rav Eybeschütz (Toumim §97) cité par Rav Kluger dans son Shout Haélef Lekha Shlomo (o’’h §2) : car cette situation est comme une Klala (=difficile de faire une Brakha sur une situation triste où une personne est réduite à demander l’aumône).

Il y a cependant eu des rabbins qui faisaient la Brakha sur la Tsedaka ( !), cf. le commentaire du ‘Harédim sur le Yeroushalmi Brakhot (VI,1) qui rapporte que Rabénou Eliahou [de Londres, ou selon d’autres, le Reshit ‘Hokhma] faisait la Brakha lorsqu’il donnait de la Tsedaka ou prêtait de l’argent à un pauvre, et autres Mitsvot. Cf. Brakhot Shenishtakou (p.82).

Voir aussi Shout Har Tsvi (E’’H 1, §87). Et Min’hat Asher (Dvarim p.353).

Il y a une autre explication, moins technique et plus générale :
Rav Sliman Sassoon (Nathan ‘Hokhma Lishlomo p.123) explique que faire une Brakha sur un Bein Adam La’haveiro, par exemple lors d’un Bikour ‘Holim, entrainerait que le malade se dirait que son visiteur n’est pas venu car il l’aime et se soucie de lui, mais il l’a visité de la même manière qu’il agite son Loulav à soukot, « pour faire la Mitsva ».

Dit comme ça, c’est assez peu convaincant. En effet, on pourrait imaginer faire une Brakha lorsqu’on peut la faire discrètement.
Il devait probablement vouloir dire que s’il y avait une Brakha, même si la consigne indiquait de la réciter uniquement de manière discrète, et donc le malade ne l’entendrait jamais, et à plus forte raison s’il s’agit de donner une pièce à un pauvre dans la rue (où l’on pourra agir discrètement pour la Brakha), mais il (le pauvre/le malade) sait bien qu’il y a une brakha et pensera encore que son visiteur/bienfaiteur le considère comme un Etrog.

Mais j’irais un peu plus loin : Le but ultime des Mitsvot est de nous rapprocher de D.ieu en opérant un Tikoun Hanefesh et un Tikoun Hamidot.
Les Mitsvot Bein Adam La’haveiro sont supposées (essentiellement) nous amener à un Tikoun Hamidot, nous parfaire au niveau des Midot.
Par conséquent, lorsqu’on accomplit une Mitsva de cette catégorie, il est primordial d’œuvrer dans le sens de ce Tikoun ; en donnant de la Tsedaka à un pauvre on travaillera sur la compassion, la miséricorde, l’amour du prochain, Nossé Beol, etc.
Or, si l’on doit faire une Brakha sur cette Mitsva, on aura vite fait de l’assimiler à un « acte religieux » (comme un Bein Adam Lamakom) et on ne s’inspirera pas assez de l’aspect « humain » qu’on attend de nous dans cette Mitsva.
Il est difficile d’accomplir les deux parfaitement (et la brakha et la kavana adaptée aux Mitsvot Bein Adam La’haveiro).
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