Voici le contenu d'un article où j’avais expliqué cette histoire :
Pendant les sept années d’abondance, Yossef confisqua les céréales de toute l’Égypte, puis il les vendit pendant les sept années de famine. Il transforma ainsi complètement le rapport de la société égyptienne vis-à-vis de son souverain, ainsi que la place de l’Égypte dans le monde. Et de fait, Pharaon devint le propriétaire exclusif de tout le pays et de ses richesses. Pendant la première année de famine, Yossef collecta toute la fortune de l’Égypte et de Canaan pour Pharaon : « Yossef recueillit tout l'argent qui se trouvait dans le pays d'Égypte et dans le pays de Canaan, en échange du blé qu'on achetait ; et il fit entrer cet argent dans la maison de Pharaon » (Beréchith 47, 14). Ensuite, les sujets payaient le blé en lui vendant tous leurs troupeaux : « Quand l'argent du pays d'Égypte et du pays de Canaan fut épuisé, tous les Égyptiens vinrent à Yossef, en disant : donne-nous du pain ! Pourquoi devrions-nous mourir en ta présence ? Car l'argent manque. Yossef dit : donnez vos troupeaux, et je vous donnerai du pain contre vos troupeaux, si l'argent manque. Ils amenèrent leurs troupeaux à Yossef, et Yossef leur donna du pain contre les chevaux, contre les troupeaux de brebis et de bœufs, et contre les ânes » (Beréchith 47, 15-16). La deuxième année, les Égyptiens cédèrent leurs terres qui devinrent la propriété de Pharaon : « Lorsque cette année fut écoulée, ils vinrent à Yossef l'année suivante, et lui dirent : nous ne cacherons point à notre maître que l'argent est épuisé, et que les troupeaux de bétail ont été amenés à notre maître ; il ne reste devant notre maître que nos corps et nos terres. Pourquoi devrions-nous mourir sous tes yeux, nous et nos terres ? Achète-nous avec nos terres contre du pain, et nous appartiendrons à notre maître, nous et nos terres. Donne-nous de quoi semer, afin que nous vivions, que nous ne mourrions pas, et que nos terres ne soient pas incultes. Yossef acheta toutes les terres de l'Égypte pour Pharaon, car les Égyptiens vendirent tous leurs champs, la famine les pressant. Le pays devint alors la propriété de Pharaon » (Beréchith 47, 18-20). Puis ils se vendirent eux-mêmes, et devinrent les esclaves de Pharaon : « Ils dirent : tu nous sauves la vie ! Que nous trouvions grâce aux yeux de notre maître, et nous serons esclaves de Pharaon », (Beréchith 47, 25). Quel était le but véritable que visait Yossef en confiant ainsi la propriété de toute l’Égypte entre les mains de Pharaon ? Tout d’abord, sachant que les siens habiteraient dans un pays étranger et qu’ils seraient asservis et malmenés, Yossef avait cherché à atténuer leur indignité ; il avait alors rendu tous les Égyptiens esclaves de Pharaon. C’est aussi pour cette raison qu’il déplaça toute la population égyptienne : « Il fit passer le peuple dans les villes, d'un bout à l'autre des frontières de l'Égypte » (Beréchith 47, 22, et Rachi). Ensuite, cette immense richesse et ce pouvoir sans bornes dont avait hérité Pharaon lui permirent de développer les sciences, en sollicitant les plus grands sages du monde, de donner ainsi naissance à une civilisation unique en son genre et de bâtir des édifices grandioses dont nous sommes encore témoins aujourd’hui. Yossef avait ainsi préparé un événement qui allait bouleverser l’Histoire : la sortie du peuple juif du pays d’Égypte. Elle serait précédée d’un conflit dramatique entre d’une part, un monde païen ayant foi en ses dieux et dans les forces humaines, représenté par le dictateur Pharaon et, d’autre part, le D.ieu Vrai et Unique, Créateur de l’univers, qui envoya Son serviteur afin de libérer Son peuple. Plus ce choc de civilisation se déroulerait dans un pays développé cumulant l’intelligence, les richesses et le pouvoir, plus Son image s’en trouverait rehaussée. D.ieu voulut aussi que les serviteurs de l’homme le plus puissant du monde se prosternent eux-mêmes devant Son propre serviteur, Moché, comme il le dit lui-même : « Alors tous tes serviteurs que voici descendront vers moi et se prosterneront devant moi, en disant : sors, toi et tout le peuple qui s'attache à tes pas ! Après cela, je sortirai » (Chemoth 11, 8). Ou encore : « L’homme Moché était passionnément admiré dans le pays d'Égypte, des serviteurs de Pharaon et du peuple » (Chemoth 11, 3). Dès lors, personne ne pourra plus prétendre que les hommes qui faisaient face à Moché étaient des analphabètes, inaptes à la science, alors que d’autres, plus intelligents, auraient pu faire triompher leurs idées.