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Quelles sont les œuvres que nous connaissons du penseur et historien de l'âge d'or espagnol Abraham Ibn Dahoud ?
Ses livres sont-ils intellectuellement accessibles ?
Ce penseur et historien espagnol du XIIème siècle (né en 1110 et mort en 1180 ou selon d’autres en 1144 !) était aussi un grand philosophe et un grand talmudiste.
Il est connu dans la tradition juive sous l’acronyme Raavad (Rabbi Avraham Ben David) et plus précisément sous l’appellation
Raavad Harishon, soit Raavad 1er , pour le distinguer d’autres illustres rabbins contemporains appelés eux aussi Raavad.
Les trois plus connus sont : notre protagoniste, puis
Raavad II, soit R. Avraham (ben Its’hak) Av Beit Din, de Narbonne (1085-1158) et
Raavad III, soit R. Avraham ben David de Posquières (1110-1198), l’auteur des gloses et notes critiques sur le Mishné Torah du Rambam.
[Il est à noter que Raavad II était plus vieux que Raavad 1er, son titre qui pourrait malgré tout s’expliquer si l’on admet la date de décès avancée à 1144 et non celle qui indique 1180, car la numérotation se baserait sur la date de décès.]
Celui dont vous parlez (Raavad 1er) est l’auteur d’un livre d’histoire,
Seder Hakabala, et d’un livre de philosophie/théologie
Haémouna Harama.
Il était le petit-fils du talmudiste
Rabbi Its’hak Elbilia.
L’accessibilité de ces deux ouvrages n’est pas la même.
Son livre historique est accessible à tout lecteur d’hébreu d’époque des Rishonim, tandis que comprendre Haémouna Harama, requiert un minimum d’habitude et d’expérience dans les ouvrages de philosophie médiévale.
Il a été écrit en arabe et existe en traduction hébraïque.
Il y a aussi une traduction en allemand (Frankfort 1852).
Je crois que le
Seder Hakabala (appelé aussi Sefer Hakabala) a été traduit en anglais (il y a bien longtemps), mais je ne saurais m’engager sur la précision de ce travail.
Le problème majeur avec le
Seder Hakabala c’est la difficulté des datations qui, renseignées en lettres hébraïques, elles ont été mal copiées au fil des siècles et présentent -si ce n’est des incohérences flagrantes, parfois des contradictions apparentes.
Je sais qu’il en existe une édition critique (de Guershon David Cohen) avec notes et comparaison des manuscrits, mais je ne l’ai jamais vue et ce n’est pas défaut d’avoir cherché à l’acquérir.
Vers la fin du Seder Hakabala, il mentionne un autre ouvrage qu’il a rédigé pour contrer celui d’un commentaire de la Torah d’un caraïte notoire. Mais je ne crois pas que ce livre ait survécu.
Il aurait rédigé encore d’autres livres sur les sciences et notamment l’astronomie, comme l’indique
Rabbi Its’hak Ben Yossef Haïsraéli dans son
Yessod Olam (Maamar IV, §18).
Ce
Raavad Harishon n’est pas mort naturellement, mais « Al Kidoush Hashem », condamné par le roi d’Espagne (de Castille vraisemblablement) à la pendaison pour son refus d’abjurer.