Citation:
quelle est la source de l'usage de sauter des seli'hot (et kinot) ?
pour info teshouva de Rav Elyashiv ztl (source sefer vayishma' moshe vol 5 page 113) :
מאוד לא ניחא ליה להרב אלו שאומרים סליחות במהירות ומקצרים יותר מדאי , ופעם התבטא : אם מקצרים בסליחות בגלל ביטול תורה , שיקצרו גם בתפילה משום ביטול תורה , ואם בתפילה אין מקצרים , כמו כן לא יקצרו בסליחות .
si vous avez des sources de poskim je suis preneur
Vous me demandez une source alors que selon vous
Rav Elyashiv en personne n’en avait pas. Vous me prenez pour
Rav Ovadia Yossef?
Bon, il faut d’abord comprendre et remarquer que
Rav Elyashiv parle de «
mekatsrim YOTER MIDAY », ce qui veut déjà dire l’inverse que ce que l’on pourrait imaginer, il pense donc que l’on PEUT écourter les Sli’hot, mais ne pas TROP les écourter.
Mais
Rav Elyashiv se distinguait sur ce point et ne sautait rien du tout dans les Sli’hot
(ce qui est très rare, peut-être que les Yekkes font ainsi, mais dans toutes les Kehilot, Pologne, Lituanie, Russie, etc, on saute des Sli’hot) et en veille de Rosh Hashana, ça lui prenait 2h15 ! Voyez
Ashrei Haïsh (O’’H III, §13,11).
(Il faut comprendre que Rav Elyashiv (et autres) parlent des sli’hot ASHKENAZES, pas les sli’hot sfarades qui se répètent à l’identique tous les jours.)
Ceci étant dit, je vous répondrais qu’au lieu de chercher une source indiquant qu’il est licite de sauter des passages dans les Sli’hot, il faudrait d’abord trouver une source qui l’interdirait !
Il n’y a pas de Takanat ‘Hakhamim imposant de réciter ces mots, ce n’est pas la Amida, les Sli’hot sont des textes bien plus tardifs et c’est un MINHAG de les réciter.
[C’est comme les Yotsrot des 4 parshiot, qui ont souvent été abandonnés de nos jours sous impulsion du
Gaon de Vilna qui interdisait de les réciter en plein Yotser (en raison du Hefsek), certains les récitent après, mais dans de nombreuses communautés, ces Yotsrot ont été abandonnés.]
Quand j’étais à la Yeshiva, on sautait systématiquement des passages des Sli’hot, et encore plus en veille de Rosh Hashana où les Sli’hot sont extraordinairement longues.
Chaque année, un petit papier était affiché à l’entrée du Beit Hamidrash, indiquant les «
Sli’hot récitées à la Yeshiva ». Il s’agit des Sli’hot : 23 à 27, 29, 34, 35, 38, 39, 40 et 42
(c'étaient les mêmes chaque année). Toutes les autres étaient sautées.
Les Sli’hot sont une compilation de plusieurs Piyoutim (poèmes) rédigés au Moyen-Âge, rien n’impose halakhiquement de tous les réciter, et rien n’indique non plus que le recueil ait été conçu pour cela ; il y a plusieurs poèmes dans le recueil afin que l’on puisse réciter ceux qui nous inspirent (le but n’étant pas de faire du chiffre, on n’est pas « payé » au mot, mais à l’émotion).
Personne ne s’imagine qu’il y ait une obligation de réciter toutes les Zmirot de shabbat, propres à chaque repas, eh bien pour les Sli’hot non plus, il n’y a pas d’obligation de lire toutes les sli’hot de veille de Rosh Hashana.
Je dirais même qu’au contraire : ‘Hazaka qu’aux minianim où l’on les lit toutes, la grande majorité se fait souvent sans Kavana. Du coup, la règle du
Shoul’han Aroukh (o’’h I, 4) s’applique : טוב מעט תחנונים בכונה מהרבות בלא כונה
Ce contre quoi
Rav Elyashiv s’insurge, c’est contre ceux qui écourtent "de trop" les Sli’hot, il reconnait qu’il n’y a pas d’interdit halakhique stricto sensu, mais il faut faire les choses convenablement, sans quoi, dit-il, on pourrait aussi sauter plusieurs passages dans la prière
(les passages qui ne sont pas obligatoires et qu’on dit quand même).
Certes, lui-même tenait à tout réciter, mais il n’a pas indiqué cela en tant que Halakha ni imposé à tous les Minyanim de réciter la totalité des Sli’hot de veille de Rosh Hashana.
Et quand bien même l’eut-il fait, il n’a pas été suivi, l’écrasante majorité des Poskim s’accorde pour penser qu’il est parfaitement licite de sauter des passages
(pas n’importe comment ni n’importe lesquels) dans les Sli’hot, que ce soit en veille de Rosh Hashana ou même pendant Yom Kipour.
Lors des prières des Yamim Noraïm aussi, quelle synagogue lit tout le Ma’hzor ? (je parle du Nossa’h Ashkenaze, qui est très long, pas le Ma’hzor Sfarade.) Tout le monde sait qu’on saute plusieurs pages entières à plusieurs reprises. C’est la même idée.
Idem pour ce qui concerne les textes récités à Hoshaana Raba (toujours Nossa’h Ashkenaze), qui sont tardifs, ils n’ont pas été instaurés par Anshei Knesset Hagdola, c’est au Moyen-Âge que notre Minhag s’est formé tel que nous le connaissons, et même jusqu’à assez récemment on trouvait des divergences entre les Kehilot, certains sidourim (dont le Tfilat Kol Pé) indiquent encore qu’à Cracovie on ne dit pas tel texte (Titnénou), mais cette mention à tendance à disparaitre dans les nouveaux Sidourim.
Il y a encore d’autres ajouts dans la Tfila, qui ont été imprimés au départ dans les Sidourim afin de proposer un Sidour complet où chacun pourrait retrouver l’ajout que sa communauté a adopté, mais les mentions spéciales («
dans telle communauté, on ajoute ceci ») tendent à disparaitre de plus en plus car déjà avant qu’elles ne soient supprimées des Sidourim, de nombreux fidèles s’étaient mis en tête qu’il y avait une obligation de tout réciter.
De nos jours, celui qui n’est pas au courant du Minhag de ses ancêtres, se croit en devoir d’adopter tous les ajouts qui ne sont pas partagés par toutes les communautés, comme dire le psaume 30 Mizmor Shir ‘Hanoukat Habayit (avant Baroukh Sheamar), ou le psaume 130 (Shir Hamaalot) avant Barekhou (durant Asseret Yemei Tshouva), ou encore le psaume 27 Ledavid Hashem Ori Veyishi en fin de Tfila (depuis Rosh ‘Hodesh Eloul jusqu’à Hoshana Raba), et d’autres encore.
Il y a encore des Sidourim où l’on lit «
certains ajoutent ce passage » (par exemple pour le psaume 130 avant Barekhou), mais on voit de plus en plus dans les nouveaux Sidourim que ça a été remplacé par «
on ajoute ce passage »...
De manière générale le
Gaon de Vilna était opposé à beaucoup d’ajouts dans la Tfila
(Maassei Rav §66), il indiquait de ne pas dire Mizmor Shir ‘Hanoukat Habayit le matin avant Baroukh Sheamar
(Maassei Rav §26), ni Ledavid Hashem Ori Veyishi
(Maassei Rav §53), ni même aucun Mizmor avant la Tkiat Shofar à Rosh Hashana
(Maassei Rav §206).
Il n’est suivi que par une minorité de juifs sur ces points, mais l’usage de sauter certaines Sli’hot est présent chez une grande majorité.