Citation:
Quelqu'un qui doit manger, par pikoua'h nefesh, durant Yom Kipour peut-il officier en tant que shlia'h tsibour ce jour ?
Peut-il monter à la Tora ce jour ?
Vous n’indiquez pas s’il se contente de manger « moins que le Shiour » ou non.
Si par nécessité médicale impérieuse, il mange « moins que le shiour », il peut monter à la Torah et être le Shalia’h Tsibour. Cf.
Shout Kinian Torah (I, §119), Mar’heshet (I, §14, 4).
Par contre, si son état de santé lui impose de manger le Shiour, concernant la montée à la Torah, il pourra monter à la lecture matinale, étant donné qu’elle n’est assurément pas liée au jeûne, mais à la journée, au titre de Yom Tov
(Shout R. Akiva Eiger §24).
Bien que certains préfèrent qu’on ne le fasse pas monter aux ‘Hamishi/shishi/maftir, où l’on mentionne le jeûne. Cf.
Sdei ‘Hemed (YK, §2, 7) et Shout Lev ‘Haim (§132).
Quant à la lecture de Min’ha, c’est moins évident, car il se pourrait que la Takana de lecture soit liée au jour de jeûne, ce qui exclurait la Aliya d’un malade qui ne jeûne pas.
D’aucuns préconisent d’éviter
(Shout R. Akiva Eiger §24), mais d’autres se montrent plus permissifs
(Shout Min’hat Elazar II, §74).
De cette question dépendra donc aussi la pertinence d’une Kriat Hatorah à Min’ha de YK dans un Minian de malades qui doivent manger (par exemple un Minian à l’hôpital).
Toujours est-il que cette différence de vue n’aura pas d’incidence halakhique lorsque YK tombe un Shabbat, car dans ce cas, la Kriat Hatorah
(quand bien même d’un texte différent) est préconisée au titre du Shabbat, tous s’accorderont donc à autoriser celui qui ne jeûne pas (pour raison médicale) à monter à Min’ha
(Sdei ‘Hemed -YK, §2, 7).
Bien entendu, je précise que tout ceci ne concerne que celui qui ne peut pas jeûner en raison d’un danger, mais celui qui ne respecte pas le jeûne volontairement est assimilé à un Kofer et ne peut ni faire le Shalia’h Tsibour, ni monter à la Torah, que ce soit à Min’ha ou à Sha’harit.
Tout aussi bizarre que cela puisse paraitre, il y a eu dans un passé pas si lointain, en Europe, des synagogues où l’on pouvait entendre à Yom Kippour un ‘Hazan qui ne jeûnait pas du tout, alors que la communauté jeûnait, mais avait une préférence pour la voix de tel ou tel ‘Hazan prestigieux, bien que totalement détaché de la pratique religieuse.
C’est un comble, mais c’est ainsi.
On m’avait raconté une anecdote étrange à propos du
Brisker Rov à ce sujet, mais je n’ai jamais pu la vérifier pleinement.
Je précise encore que le
‘Hatam Sofer (Shout O’’H §157) est connu pour sa position au sujet de la Aliya Latorah un jour de Taanit pour celui qui mange ; il considère que le problème ne se pose que lors d’un jeûne que la communauté s’est imposé, mais en ce qui concerne un Taanit Tsibour fixe, la Takana elle-même impose une Kriat hatorah et celui qui mange peut, lui aussi, monter à la Torah ce jour-là.
C’est aussi ce qu’écrivent le
Min’hat Elazar (II, §74), Rav Shlomo Kluger dans Shout Shnot ‘Haim (§342) et le Aroukh Hashoul’han (O’’H §566, 11).
Le
‘Hatam Sofer parle du jeûne du 9 Av mais, a priori, rien ne justifierait d’établir une distinction avec les autres Taaniot fixes.
Voir :
Shout Kinian Torah (VII, §43)
Shout Mishné Halakhot (III, §58)
Shout Zikhron Yehouda (§199)
Voir aussi
Igrot Moshé (o’’h IV, §113)
[Cependant, voir
Levoushei Mordekhai (III, o’’h §26) et Shout Le’hem Shlomo (o’’h §105)]
D’après son opinion, il n’y aurait pas de souci à faire monter notre malade même à Min’ha, mais ce n’est pas le Psak retenu.
A l’opposé, le
Mishna Broura (§566, sk.20 et 21) ne voit pas d’un bon œil qu’un tel malade monte à la Torah, même lors d’un simple Taanit Tsibour (fixe), et ce, même dans le cas d’une Aliya le matin alors que le Taanit tombe un lundi ou un jeudi où il y a de toute façon une Kriat hatorah.
Il le tolère Bediavad, s’il a été appelé par le Gabay, mais lekhate’hila, non.
A plus forte raison s’il s’agit de Min’ha ou le matin si c’est un jour sans Kria (dimanche, mardi, mercredi, vendredi).
Il faudra alors sortir pour éviter d’être appelé, ou, si l’on est appelé, expliquer au gabay que l’on ne jeûne pas
(-sauf si cela risque d’entraîner un ‘hilloul Hashem, par exemple dans le cas d’un Talmid ‘Hakham qui ne jeûne pas. Dans ce cas, il pourra monter sans « se dénoncer »).
Toujours est-il que concernant le 9 Av ou Yom Kippour, au moins pour Sha’harit, il semble autorisé de faire monter le malade qui ne peut pas jeûner
(Shout Tshouvot Vehanhagot II, §261).
PS: je ne me relis pas, désolé pour les fautes.